Tchernobyl : quatre questions sur l’accident de drone
Depuis le début du conflit en Ukraine, la centrale accidentée de Tchernobyl s’est retrouvée à plusieurs reprises dans les zones de combat. Ce fut le cas une nouvelle fois le 14 février dernier, alors qu’un drone a heurté l’arche de protection autour du site, provoquant un incendie. Selon l’AIEA, aucune hausse radiologique n’a été enregistré.
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Que s’est-il passé sur le site de Tchernobyl ?
Dans la nuit du 13 au 14 février 2025, un drone a percuté l’arche de confinement du réacteur accidenté n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine. L’impact a causé une perforation de la paroi et déclenché un incendie au niveau du point d’impact, qui a été maîtrisé dans la matinée du 14 février.
L’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) a confirmé que ses équipes sur place ont entendu une explosion à 01h50 heure locale. L’agence a ajouté : « À ce stade, il n’y a aucune indication d’une brèche dans le confinement interne du NSC. Les niveaux de radiation à l’intérieur et à l’extérieur restent normaux et stables. »
Selon l’Autorité de Sûreté Nucléaire et Radiologique française (ASNR), qui assure une veille régulière des niveaux de radioactivité en Ukraine, « les images relayées par les médias ne montrent pas de dégâts d’ampleur à l’intérieur de l’arche« . Les données de surveillance européennes et ukrainiennes n’indiquent aucune augmentation de la radioactivité dans l’environnement.
Russia, in its current state, needs war to maintain its grip on power, and it proves its intent to keep fighting by bombarding Ukraine every single day.
This week alone, Russia has launched nearly 1,220 aerial bombs, over 850 attack drones, and more than 40 missiles of various… pic.twitter.com/JD9blYrIGm
— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) February 16, 2025
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Y a-t-il eu un risque radiologique ?
Malgré l’impact sur l’arche de confinement, aucune fuite radioactive n’a été détectée. L’AIEA a immédiatement confirmé que « les niveaux de radiation restent normaux et stables à l’intérieur et à l’extérieur du site« . L’ASNR a également indiqué que son analyse des données de la nuit du 13 au 14 février 2025 ne révèle « aucune élévation de la radioactivité à proximité immédiate de la centrale de Tchernobyl« . L’agence française rappelle que sa surveillance s’appuie notamment sur les balises automatiques du site ukrainien SaveEcoBot et sur les données du réseau européen EURDEP.
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Pourquoi cette arche est-elle si importante ?
L’arche, achevé en 2019, a été conçue pour enfermer les restes du réacteur 4 et protéger l’environnement des matériaux hautement radioactifs encore présents. Il remplace l’ancien sarcophage, construit en urgence après la catastrophe de 1986 mais qui présentait des signes de dégradation. Avec ses 36 000 tonnes, ses 257 mètres de large, 108 mètres de haut et sa durée de vie prévue de 100 ans, elle permet de contenir les émissions radioactives et d’assurer, à terme, le démantèlement du cœur fondu du réacteur. Selon l’AIEA, « cet abri est essentiel pour l’élimination progressive du danger nucléaire sur le site« .
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Qui est responsable de l’attaque ?
L’Ukraine accuse la Russie d’avoir mené cette attaque au drone, tandis que Moscou rejette ces accusations et affirme que Kiev en est responsable. L’AIEA, qui maintient une position neutre, refuse d’attribuer la responsabilité à l’un ou l’autre camp. Son directeur général, Rafael Mariano Grossi, a déclaré : « Nous ne sommes pas des commentateurs ou des analystes politiques. Nous sommes une agence internationale d’inspection. Pour accuser une partie, nous devons avoir des preuves indiscutables, telles que des restes de munitions ou toute autre arme identifiable. Et dans ce cas, c’est tout simplement impossible. » ■