« Nous sommes prêts à relever les défis qui nous attendent », Laurent Reber - Sfen

« Nous sommes prêts à relever les défis qui nous attendent », Laurent Reber

Publié le 10 janvier 2015 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Afin de tout comprendre du rôle du Centre National d’Equipement Nucléaire (CNEN) d’EDF, Clément Pilliaire et Sophie Missirian sont allés à la rencontre de son Directeur, Laurent Reber. 

Dans cette interview, il nous parle des projets en cours dont bien sûr celui de Flamanville, et de l’avenir du mix énergétique français pour lequel il est convaincu que le nucléaire a un rôle à jouer.

Propos recueillis en décembre 2014.

SFEN Jeune Génération : pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?

Laurent Reber : après des études d’ingénieur aux Mines de Paris et une agrégation en Mathématiques, j’ai commencé ma carrière à la Direction de l’Équipement d’EDF, dans la partie thermique et hydraulique.  J’ai ensuite rejoint le centre d’ingénierie EDF de Tours, pour piloter les contrats turbines des centrales de Chooz et Civaux. J’ai également travaillé sur l’optimisation des salles de machines de plusieurs centrales.

En 1997, j’ai intégré la formation professionnelle d’EDF comme consultant interne sur un projet de systèmes d’information. De 2000 à 2002, j’ai contribué à la création de la Direction des Achats et du contrôle des achats avant de rejoindre l’audit groupe. En tant que Chef de mission, référent gestion finances, j’ai principalement réalisé des audits pour la Direction Financière : audit de la salle des marchés, d’EDF Energy, d’Enexco… cela m’a permis de découvrir d’autres facettes du Groupe EDF.

En 2004, j’ai intégré le cabinet du président d’EDF, Pierre Gadonneix, pour devenir ensuite Directeur de Cabinet. J’ai ainsi pu participer à des dossiers fondamentaux pour l’entreprise comme la préparation de l’ouverture du capital en 2005 ou la mise en place du Tartam  en 2006.

En 2010, j’ai été nommé Directeur du Centre National d’Équipement Nucléaire (CNEN).

Quel est le rôle du CNEN au sein de la division ingénierie nucléaire d’EDF ?

Notre unité a en charge l’ingénierie des nouveaux réacteurs nucléaires. Elle compte près de 1100 personnes réparties sur les sites de Montrouge, de l’Aménagement de Flamanville (Manche), et aussi en Grande-Bretagne et à Taishan en Chine. Nous avons également cent quarante collaborateurs détachés chez Sofinel. Signe d’une intensification des nouveaux projets, en 10 ans, le nombre de collaborateurs du CNEN a doublé !

Le CNEN pilote actuellement le projet EPR Flamanville 3, de sa conception à sa mise en service.

Pour les projets EPR d’Hinkley Point et de Sizewell en Grande-Bretagne, nous assurons la conception de d’îlot nucléaire (contrôle-commande, études de sûreté nucléaires, …) et l’intégration de l’ensemble des études d’ingénierie. Le CNEN assure aussi l’interface avec les autres unités de la Division Ingénierie Nucléaire travaillant sur les projets de nouveau nucléaire.

Nous apportons également notre soutien au projet Taishan en Chine. Ce  chantier est mené en partenariat avec CGNPC dans le cadre d’une joint-venture TNPJVC (30 %   EDF – 70 % CGNPC) créée en décembre 2009 et le CNEN assure un rôle d’assistance à maîtrise d’ouvrage.

De manière générale, nous nous tenons prêt à répondre à des appels d’offres à l’international et adaptons notre organisation aux différents projets.

Le génie civil de Flamanville 3 est quasiment finalisé, nous sommes actuellement dans la phase de mise sous tension des câbles de précontrainte de l’enceinte. Nous poursuivons actuellement le montage du circuit primaire : la cuve a été introduite dans le bâtiment réacteur en janvier et nous allons prochainement introduire les générateurs de vapeur. En parallèle, les montages électromécaniques se poursuivent. La salle de commande informatisée vient tout juste d’être mise en service. 2014 sera aussi l’année des premiers essais sur certains matériels comme les moteurs diesels et les systèmes de refroidissement et de ventilation.

Quel est votre sentiment concernant le projet de loi sur la transition énergétique ?

Mécaniquement, de par la croissance des besoins, la montée en puissance des énergies renouvelables et la maîtrise de la consommation, la part du nucléaire a vocation à baisser. EDF, leader parmi les énergéticiens européens, doit répondre aux nouveaux enjeux énergétiques et aux orientations qui seront définies dans la loi. C’est pourquoi le savoir-faire d’EDF ne se limite pas au nucléaire mais à l’ensemble des moyens de production électrique, y compris le thermique et le renouvelable (photovoltaïque, éolien, hydrolienne…). Ceci est vrai en France mais aussi à l’étranger et il faut noter qu’un projet comme Hinkley Point n’aurait pu exister sans l’appui du gouvernement britannique et l’adhésion de la population.

En France, je reste convaincu que le nucléaire a une place dans le mix énergétique car l’énergie nucléaire est la seule permettant d’assurer notre indépendance énergétique et notre compétitivité.

Il faudra donc renouveler le parc électronucléaire français ?

Oui, car  même en intégrant une exploitation de nos centrales existantes pendant 60 ans, la question du développement de nouveaux moyens de production se posera à partir de 2020. C’est pourquoi l’expérience que nous sommes en train d’acquérir sur nos projets actuels nous permettra de répondre aux futurs projets dans un souci de sûreté et de compétitivité. Nous sommes prêts à relever les défis qui nous attendent.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune ingénieur qui souhaite rejoindre l’ingénierie nucléaire ?

D’abord de saisir la chance de travailler dans une industrie à haute technicité, sur des projets d’envergure qui structurent durablement le paysage énergétique et industriel d’un territoire. C’est l’opportunité pour chacun de construire l’avenir industriel non seulement d’EDF mais de l’ensemble de la filière nucléaire française dans un paysage énergétique mondial en pleine croissance et de contribuer à assurer la sécurité d’approvisionnement d’un bien vital, l’électricité.

Le conseil que je lui donnerais, c’est avant tout se créer un socle de compétences fondamentales et aussi de faire preuve d’ouverture d’esprit, de curiosité et d’une envie d’apprendre tout au long de sa carrière. Il pourra ainsi peu à peu se construire et garder une vision globale des problématiques complexes qu’il sera amené à gérer.

L’innovation est également capitale pour trouver des solutions qui respectent à la fois nos exigences de sûreté et de sécurité, mais aussi qui préservent nos intérêts industriels et notre compétitivité.

Pour des jeunes motivés, nous proposons des parcours riches et passionnants.

Enfin quelques mots sur votre rôle de président de la SFEN 92 ?

C’est un honneur pour moi de présider la section des Hauts-de-Seine de la SFEN. Je compte sur l’engagement de tous les membres de la SFEN 92 et de la SFEN Jeune Génération pour rapprocher nos deux sections, créer des ponts entre ces différentes entités et ainsi nous permettre de mieux faire connaître notre filière et contribuer à la rendre plus attractive.

Publié par Sophie Missirian