Comment gérer l’intermittence ?
En parallèle, ces deux scénarios prévoient un développement accéléré des leviers de flexibilité (notamment Vehicle-to-Grid, développement des interconnexions et pilotage de la demande) permettant de limiter fortement les coûts de système liés à la gestion de la variabilité de la production renouvelables. Ces hypothèses restent très volontaristes et les incertitudes nombreuses : par exemple un déploiement rapide du véhicule électrique peut poser des contraintes d’adaptation pour le réseau Enedis qui restent peu étudiées.
Concrètement, aujourd'hui, la flexibilité vient des installations existantes. Les scénarios de la commission européenne – avec un maintien plus important du nucléaire – offre une source de flexibilité supplémentaire, bas carbone et disponible aujourd’hui, grâce au suivi de charge.
Quels horizons temporels regarder ?
Les scénarios de l’IDRRI et de l’EUC se projettent à court terme et couvrent la période 2015-2030. Ce choix s’avère structurant. Si toutes les études s’accordent sur une consommation relativement stable à cet horizon, au-delà de 2030, les scénarios « EUCO30 » prévoient un développement de l’électricité pour atteindre le facteur 4 et l’objectif de neutralité carbone à 2050. Pour ces scénarios européens, l’électricité bas carbone est appelée à se développer dans les autres secteurs du mix énergétique (transport, chaleur). Dans ce contexte, un rebond de la production électrique post-2030 qui atteindrait en France près de 700 TWh en 2050.
En intégrant cette vision de long terme, la commission européenne et la SFEN montrent qu’il est nécessaire de maintenir un socle nucléaire pour compléter les renouvelables sur la période 2030-2050, en France mais aussi dans 12 autres pays européens. Le décalage de l’objectif de réduction de la part du nucléaire et l’arrivée de nouveaux réacteurs EPR à partir de 2030 jouent alors un rôle majeur, à la fois pour permettre une décarbonation à moindre coût de l’ensemble du mix énergétique et construire une coexistence durable entre nucléaire et renouvelables.
Trois dimensions structurent le contexte PPE avec de nombreuses incertitudes : le coût des technologies, le déploiement de nouveaux leviers de flexibilité, et le choix de l’horizon temporel. Le nucléaire – pilotable et flexible – contribue fortement à la robustesse des scénarios... pour autant que cette hypothèse soit envisagée.
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