Le point sur la situation du nucléaire en Chine - Sfen

Le point sur la situation du nucléaire en Chine

Publié le 6 novembre 2015 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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C’est un accord historique, il a déjà été abondamment commenté dans la presse mais nous nous devons de saluer le succès des négociations relatives à Hinkley Point, Sizewell, et Bradwell. Ses deux composantes, investissement de 24,5 milliards d’euros avec une participation chinoise de 33,5 % et accord industriel avec en perspective un développement commun pour adapter le Hualong aux contraintes de l’autorité de sûreté britannique, constituent les briques d’un partenariat sans précédent dans le monde nucléaire. C’est une nouvelle dimension de la coopération avec CGN, partenaire historique d’EDF et D’AREVA depuis trente ans, jalonnée par Daya Bay, Ling’ Ao, Taishan… Et CNNC ? Les deux compagnies, « alliées concurrentes » annoncent la création d’une co-entreprise pour aller ensemble à l’international avec le Hualong en produit phare, un seul mais lequel ? Rappelons que le Hualong de CNNC est différent de celui de CGN même si le vocabulaire officiel est « un seul Hualong », plusieurs modèles. En attendant le « Hualong UK » serait basé sur le concept de référence du Hualong de CGN. La pression du gouvernement pour que CGN et CNNC s’entendent est forte, tout comme leur résistance à le faire, mais on est en Chine, et le temps jouera son rôle, comme d’habitude…

Il est vrai que la taille du marché permet la cohabitation de deux ou trois opérateurs concurrents. Le 13ème Plan quinquennal prévoirait ainsi de monter le rythme de construction des tranches, de 4 à 5 par an aujourd’hui, à 6 à 8. Curieusement il s’agit là d’informations japonaises reprises par la presse chinoise. Ce rythme de développement parait important par rapport au rythme de ces dernières années qui est plutôt de 4 à 5 par an. Il posera en tout cas un problème de site et l’objectif ne pourra pas être atteint sans ouverture de site en bordure de rivière, toujours très peuplée en Chine, pays au réseau hydrique insuffisant. Contrairement à ce que l’on pense parfois en occident, l’acceptation du public est de plus en plus un vrai souci ici et c’est probablement là le facteur critique de l’accélération du programme. A noter pour la méditation également que cet objectif est présenté comme dimensionné pour dépasser les Etats-Unis et le Japon. Pourquoi ne pas tout simplement satisfaire aux immenses besoins chinois ?

Le problème de la recherche de site est également sur le chemin critique du projet de construction de l’usine de retraitement commercial avec AREVA : Le processus de sélection du site d’accueil de la future usine de retraitement-recyclage de 800 tonnes pourrait prendre jusqu’à trois ans. Aujourd’hui, six provinces ont été présélectionnées : Shandong, Jiangsu, Zhejiang, Fujian, Guangdong et Gansu. Les cinq premières abritent des sites en bord de mer alors que la dernière est située à l’intérieur des terres. D’après nos informations, les autorités locales de deux de ces sites auraient déjà retiré leur candidature. En attendant AREVA et CNNC respectent leur feuille de route et le deuxième round de négociation commerciale vient de s’achever.

Enfin, n’oublions pas l’AP1000, dont les vannes explosives, qui à l’instar des pompes à rotor noyé, avaient posé des problèmes de conformité, ont été expédiées le mois dernier sur le chantier de Sanmen. Difficile de se faire une idée précise de la situation réelle…

Par Dominique Ochem, Ambassade de France à Pékin