Pas d’obstacle de la Commission européenne pour soutenir le nucléaire - Sfen

Pas d’obstacle de la Commission européenne pour soutenir le nucléaire

Publié le 27 octobre 2020 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Le 26 octobre 2020, lors d’un tchat avec Fatih Birol, directeur de l’Agence internationale de l’énergie, Frans Timmermans, vice-président du pacte vert au sein de la Commission européenne, s’est exprimé sur le nucléaire en Europe. Il a précisé que la Commission européenne « ne fera pas obstacle aux pays qui choisissent de construire de nouvelles centrales nucléaires ».

Cette déclaration, de celui qui dirige les travaux de la Commission sur le pacte vert européen et sa première loi européenne sur le climat pour inscrire l’objectif de neutralité climatique 2050 dans le droit de l’UE, renvoie à la question d’aides des Etats européens qui ont l’intention, comme la Pologne, la République tchèque ou la Hongrie de recourir à l’énergie nucléaire pour atteindre leurs objectifs climatiques.  Pour rappel, l’Union européenne a tracé un objectif clair et très ambitieux pour l’ensemble des pays de l’UE, d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, et une réduction d’au moins 50 % d’ici 2030.

Dans ce cadre, toutes les énergies bas carbone seront nécessaires. A ce sujet, Frans Timmermans a rappelé « l’énorme avantage de l’énergie nucléaire [qui] est bien sûr sans émissions. […] et à une question de Fatih Birol, il a répondu : « si vous parvenez à la conclusion que c’est votre meilleure option, la Commission ne se mettra certainement pas en travers de votre chemin ».

Bien que l’énergie éolienne et solaire se développe rapidement, les énergies renouvelables ne représentent aujourd’hui que 15 % de la production totale d’électricité de l’UE, a fait remarquer Fatih Birol, affirmant que l’énergie nucléaire est « une autre technologie à zéro émission » qui représente actuellement « environ 27 % » de la production d’électricité en Europe.

L’énergie nucléaire revient ainsi sur le devant de la scène après la déclaration du gouvernement polonais le 8 septembre dernier, de se doter de 6 à 9 GW de capacité nucléaire pour réduire la part du charbon. Au total l’Etat compte investir 33 milliards d’euros pour une première centrale, opérationnelle d’ici 2033, parallèlement à la montée en puissance d’énergies renouvelables.

Un investissement de long terme certes puisqu’une centrale nucléaire est construite a minima pour 60 ans aujourd’hui. Des pays comme les Etats-Unis ou la Russie procèdent à des autorisations pour conduire certaines centrales jusqu’à 80 ans de fonctionnement. Un investissement conséquent où la Pologne rappelle qu’il est « impossible de nos jours de construire une centrale nucléaire sans le soutien de l’État ».

Concernant la République tchèque, elle a déclaré, elle aussi, qu’elle « ne voyait pas d’autre choix que de recourir au nucléaire pour atteindre les objectifs climatiques de l’UE ». Et de rappeler que « soutenir des objectifs climatiques plus élevés nécessite que l’UE autorise une demande d’aide d’État pour la construction de nouveaux réacteurs », notamment, pour ce qui concerne ce pays, à Dukovany, au sud du pays.

La Hongrie, quant à elle, abrite une centrale nucléaire, située à Paks, et s’apprête à accueillir deux nouvelles tranches de type VVER-1200 construites et financées par la Russie. Ces nouvelles unités seront opérationnelles d’ici 2026-2027. Comme le déclarait le ministre hongrois de l’innovation, László Palkovics, en juin 2019, « sans énergie atomique, pas de neutralité carbone ».

Au cœur de la Commission européenne, Frans Timmermans, s’il reconnait les avantages de l’énergie nucléaire sur le plan climatique, il en évoque ses inconvénients, qui selon lui, concernent le coût d’investissement d’une centrale nucléaire « nécessitant de prendre en compte tout le cycle de vie de l’investissement, des coûts de construction au traitement des déchets ».

C’est tout l’enjeu de l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie, une nécessité stratégique pour l’Union européenne visant à orienter les investissements des marchés financiers vers des activités dites « durables », et où chaque Etat puisse investir dans de nouveaux réacteurs nucléaires pour garantir leurs objectifs de baisse d’émissions de CO2 tout en assurant la sécurité d’approvisionnement de leurs pays.


Cécile Crampon (Sfen) – Crédit photo © Shutterstock

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