Le nucléaire en Pologne, une opportunité pour la France et le climat - Sfen

Le nucléaire en Pologne, une opportunité pour la France et le climat

Publié le 11 février 2020 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Lors de la visite présidentielle début février 2020, la coopération industrielle franco-polonaise dans le domaine de l’énergie nucléaire a été abordée. Les deux parties ont souligné leurs intérêts communs dans de nombreux domaines dont l’économie et le climat. La Pologne, fortement dépendante du charbon pour la production de son électricité vise la construction d’une première centrale nucléaire pour 2033 mais le modèle de financement reste à définir.

Concernant « la composante nucléaire dont la Pologne souhaite se doter, la France a un rôle à jouer sur les plans […] technologique, industriel, de coopération stratégique, pour que le nucléaire intègre son mix énergétique. Nous avons commencé les discussions et nous les poursuivrons », a déclaré Emmanuel Macron le 4 février 2020, lors de son discours devant la communauté française de Pologne. Le président a aussi précisé que « l’Europe devait accompagner la Pologne dans sa transition énergétique ».

Un mix électrique charbonné

La Pologne, pays hôte de la COP 24 en novembre 2018, avait alors rappelé sa forte dépendance au charbon tout en soulignant que cette industrie était indissociable de son histoire et qu’elle avait contribué au développement économique et social du pays. L’industrie emploie encore aujourd’hui 100 000 personnes (contre 400 000 en 1990), en particulier en Silésie, au sud-ouest du pays. Le charbon représente plus de 80 % de la production électrique polonaise, la classant au 1er rang européen et au 10ème rang mondial pour la production de charbon et de lignite (2017). Cette dépendance énergétique et économique couplée à l’absence d’une solution de financement au niveau européen complique la transition énergétique du pays.

La création d’un fond de transition européen

Un accord partiel sur la neutralité carbone d’ici à 2050 a été trouvé fin décembre 2019 lors du Conseil européen ; accord dont ne fait pas partie la Pologne. En effet seule Varsovie s’est abstenue, exigeant, tout comme la Hongrie et la République Tchèque, des garanties financières et des moyens d’atteindre cet objectif climatique.

Emmanuel Macron partage la nécessité d’une solution financière européenne. Il a notamment mis en avant la « volonté à la fois bilatérale et européenne sur le plan européen, de soutenir l’idée d’un fond de transition juste, en faisant tout pour que ce fonds puisse au maximum profiter aux régions et aux pays les plus pauvres, qui en ont besoin pour cette transition », en concluant, « c’est absolument clé pour que la Pologne puisse s’engager sur la voie de la neutralité carbone et faire ces changements ».

La France et la Pologne ont d’ailleurs, parmi d’autres pays, soutenu l’intégration de l’énergie nucléaire dans la « taxonomie européenne », un système de classification unifié pour orienter les investissements des marchés financiers dans des activités économiques durables, face à l’Allemagne, (mais aussi l’Autriche et le Luxembourg), qui ironiquement, ferme des capacités nucléaires disponibles et pilotables bas carbone (12 gCO2eq/kWh), ouvre en parallèle des centrales à charbon (820 gCO2eq/kWh), et freine les espoirs portés par la transition énergétique polonaise.

Construire un projet européen, une nécessité

« La France et la Pologne ont plusieurs intérêts communs », a déclaré le porte-parole du gouvernement polonais, Piotr Mueller, « l’un d’eux est la construction d’une centrale nucléaire. Un domaine dans lequel la France, qui produit 70 % de l’électricité avec son parc nucléaire, est un leader ».  « Un savoir-faire industriel qu’il est nécessaire de protéger à l’échelle européenne », a souligné Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des finances en ajoutant « qu’il était tout à fait légitime, de protéger les technologies européennes d’une importance stratégique qui ont été financées avec l’argent public ».


Le Gros Gaïc (SFEN)