Le nucléaire et les nouvelles cultures d’innovation - Sfen

Le nucléaire et les nouvelles cultures d’innovation

Publié le 29 mars 2016 - Mis à jour le 28 septembre 2021

A l’heure de l’open innovation, des développements agiles, des fablabs et autres hackathons, comment la filière nucléaire s’approprie-t-elle ces nouvelles cultures pour favoriser l’innovation ? Zoom sur trois exemples de l’essor d’une nouvelle culture.  

 

La (nouvelle) culture d’innovation d’EDF

Depuis toujours, EDF s’intéresse aux nouvelles formes d’innovation et les intègre progressivement à sa culture. Le concours EDF Pulse, dont la troisième édition se tient en ce moment, reflète cette capacité à s’approprier les tendances.

EDF fait appel aux développements agiles pour développer des logiciels comme l’i-BR (bâtiment réacteur numérique), utilisé pour préparer virtuellement les opérations de maintenance dans les bâtiments réacteur des centrales nucléaires. « Lors de son élaboration, les développeurs, soucieux que le logiciel corresponde aux besoins de l’utilisateur final, sont partis plusieurs jours sur les centrales nucléaires pour faire des itérations avec des professionnels de la maintenance » indique Stéphane Ploix, animateur d’une cellule innovation chez EDF.

Autre exemple, cette fois au laboratoire I2R du centre des Renardières (Seine-et-Marne), l’électricien a travaillé sur un nouveau design de machine de rechargement du combustible pour l’optimiser, diminuer les temps de manœuvre et réduire les risques de dysfonctionnement. EDF a fait travailler ensemble différents profils : des designers industriels, des personnels exploitants pour porter les contraintes industrielles et des professionnels de l’innovation. « Résultat : en deux jours, cinq designs ont été proposés et six mois plus tard un premier prototype est mis en œuvre » s’enthousiasme Stéphane Ploix.

EDF mise également sur l’open innovation ou essaimage : « En partant d’un brevet d’EDF Lab on est amené à créer une startup. Pendant quelques temps, les deux continuent de travailler ensemble dans une démarche de co-développement où on partage une partie de la feuille de route des produits qui correspondent aux besoins d’EDF. Cette feuille de route est ensuite élargie par la startup qui souhaite aller sur d’autres marchés ».

 

AREVA, l’innovation avec les PME 

AREVA mise sur l’innovation collaborative avec les PME et startups françaises pour développer les solutions dont le secteur a besoin. L’industriel a donc engagé une initiative permettant « d’associer l’agilité et la flexibilité des PME à l’expertise et l’expérience d’AREVA, une manière de contribuer aux sauts technologique et de compétitivité dont la filière a besoin » estime Nathalie Collignon, responsable du programme Innovation d’AREVA.

Concrètement, cette démarche d’open innovation se traduit par la création d’un « guichet unique » : un site internet sur lequel sont regroupées toutes les informations dont une PME – qu’elle ait ou non déjà travaillé dans le nucléaire – a besoin.

« Plusieurs fois par an, AREVA lance des challenges d’innovation. Les PME sont invitées à déposer un dossier qui est ensuite évalué. Les solutions qui retiennent le plus l’attention sont ensuite analysées par un comité et certaines débouchent sur un partenariat avec AREVA » précise Nathalie Collignon.

Pour éviter les conflits liés à la propriété industrielle, le groupe propose aux PME d’exploiter les résultats de codéveloppement dans d’autres domaines que ceux dans lesquels évolue AREVA. 

 

Le campus Minatec du CEA

Imaginé à la fin des années 90 par le CEA, Minatec est un campus d’innovation dédié aux micro et nanotechnologies, au cœur de l’agglomération grenobloise. Il est actuellement le premier centre européen consacré aux nanotechnologies, et le troisième au niveau mondial.

Sur un site de 20 hectares, 3 000 chercheurs, 1 200 étudiants et 600 industriels et spécialistes du transfert technologique sont réunis. « Un environnement exceptionnel » juge Jean-Charles Guibert chargé de l’animation, de la promotion et de la communication du site.

Ce campus réunit à quelques minutes à pied plusieurs bâtiments : une école d’ingénieur, des laboratoires académiques avec des personnels CNRS, des universitaires, des professionnels du CEA, le Leti du CEA et des espaces pour les startups. « Enseignement supérieur, recherche fondamentale et appliquée, innovation industrielle, infrastructures de R&D technologique, investisseurs : le campus MINATEC rassemble en un seul lieu les moyens à la hauteur des enjeux et des défis du secteur » résume Jean-Charles Guibert.

 

Crazy concept : favoriser l’effervescence

Responsable de la Chaire « Théorie et Méthodes de la Conception Innovante » de Mines ParisTech, Benoît Weil suggère que l’industrie nucléaire s’interroge sur ce que pourraient être les « crazy concepts » et s’emploie à mener une réflexion sur ces idées abracadabrantesques. « Les crazy concept ne donnent pas des innovations mais ils permettent de travailler sur l’exploration de l’inconnu et les voies en rupture qui n’ont pas vocation – peut-être même jamais – à s’incarner dans des innovations mais sont l’occasion de produire des connaissances nouvelles qui peuvent apporter des voies nouvelles et des connaissances utiles sur des concepts susceptibles de trouver une forme de concrétisation ».

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Crédit photo : EDF

Publié par Isabelle Jouette (SFEN)