Le nucléaire pour éviter la coupure de courant en Europe
Il y a quelques mois, Fatih Birol, chef économiste de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) avait prévenu que, pour remplacer les centrales existantes et remplir les objectifs de réduction des émissions de CO2, l’Europe devait investir 2 200 milliards de dollars (environ 1 700 milliards d’euros) d’ici 2035. L’agence pointait du doigt le manque d’investissement et craignait les coupures de courant, le « black-out ». Cette analyse vient d’être corroborée par l’Observatoire européen des marchés de l’énergie qui invite les autorités à investir dès maintenant dans la rénovation ou la création de nouvelles capacités de production d’électricité.
Premier pays exportateur d’électricité d’Europe, grâce à son parc nucléaire, la France est un atout pour l’UE. Cependant, des investissements devront être réalisés pour continuer d’exploiter les centrales nucléaires jusqu’à 50, voire 60 ans.
Les origines de la crise et ses conséquences
Apparition de prix négatifs sur les prix de gros, mise sous cocon des centrales à gaz, absence d’un signal tarifaire efficace pour le carbone : les marchés de l’électricité européens sont en crise profonde. Cette situation a deux conséquences.
La première, les marchés ne permettent pas de rentabiliser les investissements engagés pour la construction ou le renouvellement de moyens de production très capitalistiques comme le nucléaire ou les renouvelables.
Et la seconde, le manque d’investissements ne permettra pas de soutenir l’activité économique lorsque celle-ci redémarrera. Il convient donc d’anticiper aujourd’hui pour ne pas être démuni demain.
L’Europe a besoin du nucléaire français pour assurer une partie de la demande en électricité…
L’énergie nucléaire fournit 30 % de l’électricité de l’UE et permet de réduire d’autant la dépendance aux énergies fossiles, polluantes et importées.
Disposant du parc nucléaire le plus important de l’UE, la France assure une partie de la sécurité d’approvisionnement des 28.
Avec un solde exportateur positif de 47,2 TWh, la France se place comme le pays le plus exportateur d’Europe selon RTE. A l’exception de l’Allemagne, le solde est positif pour les exportations d’électricité à destination de l’Espagne, l’Italie, et vers la Belgique et le Royaume-Uni où les échanges sont en hausse.
…pour cela, les centrales nucléaires doivent être exploitées dans la durée
Pour aborder l’avenir avec sérénité, il convient de s’appuyer sur les atouts de l’énergie nucléaire en exploitant les centrales nucléaires au-delà de 40 ans, sous réserve de l’avis favorable de l’Autorité de sûreté nucléaire.
Techniquement, il s’agit de remplacer différents équipements et mettre les installations à niveau pour qu’elles répondent aux exigences les plus récentes en matière de sûreté et d’environnement. Plusieurs pays ont déjà fait ce choix, parmi lesquels les Etats-Unis, la Suisse, la Belgique, les Pays-Bas ou encore la République tchèque.
Comme le montre la Cour des comptes dans son dernier rapport, les investissements ne feraient en rien sa force au nucléaire qui resterait de loin l’énergie la plus compétitive.
Rénover les centrales pour les exploiter plus longtemps est indispensable pour permettre à l’Europe de sécuriser une partie de son approvisionnement en électricité.