Sans nucléaire, l’air serait-il plus respirable ? - Sfen

Sans nucléaire, l’air serait-il plus respirable ?

Publié le 10 mai 2015 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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De Delhi à Pékin en passant par Londres et Paris, partout dans le monde, les pics de pollutions se multiplient. Comme le montre la récente étude de l’OCDE et de l’OMS, les conséquences sur la santé et l’économie sont lourdes. Triste bilan d’un monde « tout fossiles »… Et le nucléaire dans tout ça ? L’atome est-il une énergie utile pour dissiper le smog ? Ou pas ? 

 

600 000 décès prématurés

Centrales électriques thermiques à flamme : transport, chauffage, en Europe et dans le monde, les énergies fossiles dominent le paysage énergétique. Leur combustion émet du CO2 mais aussi d’autres polluants : dioxydes d’azote, de soufre, particules fines, monoxyde de carbone, benzène… Un cocktail détonnant qui, lorsqu’il est inhalé, peut avoir de lourdes conséquences sur la santé.  

Selon l’OMS et l’OCDE, en 2012 en Europe, la pollution atmosphérique serait à l’origine de 482 000 décès prématurés dus à des maladies cardiaques et respiratoires, à des maladies coronariennes et à des accidents vasculaires cérébraux, ainsi qu’à des cancers du poumon. Si la tendance s’améliore lentement, plus de 90 % des européens restent exposés à des niveaux annuels de particules fines supérieurs aux recommandations de l’OMS.

La pollution dans les habitations tue, elle aussi : 117 200 personnes. Cette pollution se trouve essentiellement dans les pays en développement où la cuisson des aliments et le chauffage du logement se font à l’aide de combustibles solides (bois, résidus agricoles, déjections animales, charbon et charbon de bois).

Au total, la pollution de l’air extérieur et intérieur a entraîné 600 000 décès prématurés. Si le nombre de décès diminue, le coût économique croît.

 

En 2010, la pollution coûte 1 400 milliards d’euros

Pour la première fois, une étude évalue le coût économique de l’impact sanitaire de la pollution de l’air dans les 53 pays de l’Europe.

Pour l’OMS et l’OCDE, auteurs de cette étude, ce problème de santé publique pèse sur l’économie de cette partie du monde. En 2010, les décès prématurés et les maladies provoqués par la pollution de l’air ont représenté une enveloppe de 1 400 milliards d’euros.

Les dépenses sont encore plus significatives lorsqu’elles sont ramenées à la richesse nationale (le PIB). En France, ce montant s’élève à 2,3 % du PIB, au Royaume-Uni à 3,7 %, et en Allemagne à 4,5 %. Pour une dizaine de pays (Ukraine, Serbie, Moldavie, Géorgie, Bulgarie notamment), il dépasse même 20 %.

Seuls les pays du Nord de l’Europe (Suède, Norvège, Islande et Finlande) sortent du lot : l’impact sanitaire de la pollution y représente moins de 1 % du PIB.

 

Le nucléaire, une énergie qui pollue l’atmosphère ?

Face à ce tableau inquiétant, quelle est la place du nucléaire ?

En comparaison avec ses cousines les centrales thermiques à flamme, une centrale nucléaire ne rejette ni ne produit de polluants tels que le dioxyde de soufre, d’azote, et de particules fines. De facto, à son échelle, le nucléaire contribue à ne pas aggraver une situation déjà critique.

C’est même « une bouffée d’air » pour des pays, comme la France, où les pics de pollution sont de plus en plus fréquents. Et un contributeur essentiel des pays « exemplaires » comme la Suède et la Finlande. 

Alors que la réduction de la pollution de l’air est devenue « une priorité politique » de l’Europe [dixit Christian Friis Bach, Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe], le nucléaire pourrait faire valoir ses atouts.

 

1,8 millions de décès évités avec l’atome

Combien de décès l’énergie nucléaire a-t-elle permis d’éviter ?

Loin du décompte macabre, deux scientifiques américains (Pushker Kharecha, chercheur à la Nasa, et James Hansen, climatologue, Directeur du Goddard Institute de la Nasa) ont répondu à cette question dans la revue Environmental Science and Technology (2013). Ils évaluent à 1,8 million le nombre de décès évités dans le monde grâce au nucléaire entre 1971 et 2009. Un chiffre obtenu en comparant le bilan sanitaire du nucléaire à celui des énergies fossiles.

Les auteurs de l’étude vont même plus loin et estiment que si d’ici 2050 le charbon remplaçait le nucléaire, le monde compterait entre 4 et 7 millions de décès supplémentaires.