Niger : Orano dénonce la vente d’uranium issue de ses anciens sites - Sfen

Niger : Orano dénonce la vente d’uranium issue de ses anciens sites

Publié le 4 décembre 2025
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Nouvel épisode dans le conflit opposant Orano et le Niger. Le pays s’est lancé dans la commercialisation des stocks d’uranium présents sur les sites nationalisés de l’entreprise française. Une démarche qui contrevient aux décisions internationales visant à régler ce litige.

La tension entre Orano et le gouvernement nigérien ne faiblit pas. Le groupe français condamne le transport illégal de stock d’uranium entreposé sur le site de la Somaïr, usine qui appartenait à Orano avant sa nationalisation forcée par la junte arrivée au pouvoir dans le pays en 2023. « Le groupe ayant perdu le contrôle opérationnel de ses mines nigériennes depuis décembre 2024, il ne dispose d’aucune information officielle sur la quantité d’uranium transportée, sa destination finale, ou les conditions de ce transport en termes de sûreté et de sécurité », souligne le groupe français dans un communiqué publié le 27 novembre. Une source anonyme a indiqué à l’agence de presse Reuters qu’environ 1 050 tonnes d’uranium avaient été déplacées hors de Somaïr, sans préciser la destination ni l’acheteur de cette cargaison.

Contre le droit international

Le gouvernement nigérien n’est pas resté sans réponse. Dès le lendemain de la publication du communiqué, le président Abdourahamane Tiani s’est justifié, estimant que le pays exerçait un « droit légitime » avec la vente d’uranium. Pour le gouvernement, la vente d’uranium permet de récupérer la souveraineté du pays sur ses ressources naturelles.

Pour autant, le doit international ne va pas dans le sens de l’exécutif. Le transport contrevient en effet à la décision du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi). Fin septembre, ce tribunal avait officiellement exprimé son opposition à la vente des quelque 1 300 tonnes d’uranium stockées sur le site de la Somaïr, et représentant une valeur marchande d’environ 250 millions d’euros.

Contre-attaque judiciaire

En plus d’aller à l’encontre de cette décision, le gouvernement nigérien a décidé d’attaquer en justice Orano. Le 2 décembre, le ministre de la Justice Alio Daouda a indiqué lors d’un point presse sa volonté de poursuivre l’industriel français après la découverte de « 400 tonneaux contenant des carottes radioactives », ont rapporté plusieurs médias locaux. L’exécutif accuse ainsi Orano de ne pas avoir respecté ses obligations en matière de retraitement et d’élimination de déchets radioactifs.

Lors de la nationalisation de la Somaïr en juin 2025, le gouvernement avait déjà accusé Orano d’avoir un « comportement irresponsable, illégal et déloyal » envers le pays. Le groupe français avait perdu le contrôle opérationnel de l’entreprise six mois plus tôt. En plus de cette entreprise, Orano possède deux autres filiales minières dans le pays : Cominak, fermée depuis 2021 et Imamouren dont le permis d’exploitation a été retiré au groupe en juin 2024. Ce dernier site est considéré comme l’un des gisements d’uranium les plus importants au monde, avec des réserves estimées à environ 200 000 tonnes. ■

Par Simon Philippe (Sfen)

Photo : Mine à ciel ouvert exploitée par la Somaïr, Niger. ©Orano