Montrer la vie quotidienne à côté de ces « monstres » construits par l’Homme
Auteur d’un portfolio « Des centrales et des hommes » qui lui a valu d’être « Coup de cœur de l’Association Nationale des Iconographes » au Festival Visa pour l’image de Perpignan 2015, Dimitri Roulleau-Gallais est un jeune photographe qui préfère les images aux mots. Tout comme il préfère voir ses collines ardéchoises au réveil, plutôt que « les cheminées des centrales ».
L’entretien avec Dimitri se fait au téléphone, entre la cave viticole où il travaille, sa maison et les chemins de l’Ardèche où il vit désormais. Il est, un peu, étonné d’être interviewé par la RGN. Mais se prête volontiers à l’exercice. Du nucléaire, il connaît surtout « les cheminées » qu’il a commencé à photographier il y a plus d’un an.
Le nucléaire lui évoque en premier lieu l’énergie : « Bien sûr, il y a la bombe, Fukushima, c’est souvent lié à la catastrophe… Mais il n’y a pas que ça ! » Pour autant « les éoliennes, ça ne me plait pas beaucoup non plus » tempère-t-il. Mais « si le réchauffement climatique et le danger que représentent ces centrales sont des sujets qui m’intéressent, je ne prends pas position » tient-il à souligner. Lucide, Dimitri Roulleau-Gallais constate que « l’homme ne peut plus se passer d’énergie. Et ça ne va pas s’arranger ». Dans ces conditions, le nucléaire peut trouver toute sa justification, même si « c’est comme toutes les industries, il y a des rejets… ».
Au départ, Dimitri voulait être journaliste. Mais il dit ne pas avoir « l’écriture facile… ». Alors après des études d’histoire, il travaille puis reprend une formation de photojournalisme. Même si « ce n’est pas le photojournalisme qui [le] fait vivre ! ». Il porte un regard tout en nuances sur les centrales nucléaires en France. Parce qu’il « cherche toujours une histoire à raconter », le photographe a entamé un travail intitulé « Des centrales et des hommes » pour « photographier ces grandes structures qu’on aperçoit au loin et qu’on finit par oublier » et « montrer la vie quotidienne à côté de ces « monstres » construits par l’homme ».
L’histoire a commencé à Fessenheim (Haut-Rhin) quand il a « vu une manifestation anti-nucléaire. Ça ne poussait pas vraiment à la réflexion ! Les images ne m’ont pas plu. Je ne recherchais pas une image qui choque, mais une image qui interpelle » sourit-il. Après Fessenheim, le photojournaliste est allé à Dampierre-en-Burly (Loiret), où il a joué au chat et à la souris avec les forces de l’ordre à proximité de la centrale : « la législation concernant la photographie des centrales n’est pas claire. C’était un peu compliqué avec les gendarmes ! ». Il a aussi posé son objectif à Bugey (Ain) et à Cruas (Ardèche), photographiant avec beaucoup de délicatesse « ce qui est » : des femmes et des hommes qui vivent et travaillent à proximité d’une centrale nucléaire.
Dimitri a maintenant envie d’aller plus loin et de suivre les fils des lignes très haute tension « pour suivre toute cette énergie ». Mais il est probable que, pas plus que les aéroréfrigérants, il n’aura envie de les voir dès son réveil !