Nous sommes à un moment où l’humanité doit choisir ses sources d’énergie - Sfen

Nous sommes à un moment où l’humanité doit choisir ses sources d’énergie

Publié le 30 avril 2015 - Mis à jour le 28 septembre 2021
paoli

Journaliste par évidence, Stéphane Paoli a longtemps été le chef d’orchestre des Matinales de France Inter. Depuis 2010, il y anime 3D, le journal du dimanche midi. Son plateau, toujours éclectique, porte une parole pluridisciplinaire, libre et nuancée. Du nucléaire, il dit que « c’est un fait. Une réalité, une découverte importante qui, de fait, a changé notre vie. »

Dans son bureau de la Maison Ronde, Stéphane Paoli est entouré de livres. Ceux qu’il a écrits, ceux qu’il lit, ceux que les maisons d’édition lui envoient et qu’il offre à une association humanitaire quand il les a lus. Journaliste par passion, il est « naturellement ouvert à tout ce qui occupe l’espace de la Cité ». Ce qui l’intéresse, c’est « comprendre comment un événement, quel qu’il soit, est en interaction avec le reste ».

Étudiant en droit, il devient journaliste après avoir passé des nuits à « couper des dépêches à l’ORTF » pour payer sa première voiture. Une de ces nuits, celle du 21 juillet 1969, Neil Armstrong pose le pied sur la lune. Vivant l’événement au cœur de l’actualité, le jeune Stéphane décide de ne plus la quitter.


le nucléaire a aussi sauvé des vies


Quand on lui parle de nucléaire, « la première image qui s’impose toujours, c’est évidemment la bombe atomique. C’est une image rémanente. Elle est en nous ». Dans l’imaginaire, le cancer c’est « le crabe » et le nucléaire, « le champignon », deux images associées qui, pour l’homme de radio, « interrogent nos angoisses ». De fait, il remarque qu’il n’est pas facile d’en parler en dehors d’une approche « quasi théologique ». Et se référant à l’Institut Curie, il rappelle que « le nucléaire a aussi sauvé des vies ».

Pour autant, l’atome ne lui inspire « rien de particulier, sauf à l’inscrire dans un espace extrêmement large qui va de la santé à la défense ». Et donc, « le nucléaire est un fait. C’est une réalité, une découverte importante. »

Stéphane Paoli estime que « la vraie question, complexe, que nous pose le nucléaire aujourd’hui et pour laquelle [il] ne [connaît] pas de réponse satisfaisante, c’est la question des déchets ». Toujours à la recherche de « la bonne distance », l’homme des Matinales juge qu’il s’agit là de « la transmission de quelque chose dont la durée de vie est très largement supérieure à la nôtre. Et qui donc interroge les générations futures ». Il trouve que ce qui est publié sur le sujet manque de visibilité et de précision. En tant que journaliste, il ne sait pas répondre à cette question qui pourtant « interroge notre responsabilité : -qu’allons-nous laisser à ceux qui nous suivent ? »


C’est un vrai problème de société qui nous concerne tous.


À l’heure de la COP21 et des perspectives climatiques plus qu’inquiétantes, Stéphane Paoli estime que « nous sommes à un moment où l’humanité doit choisir ses sources d’énergie ». De son point de vue, et sans vouloir donner de leçon à quiconque, il n’a « pas l’impression que les questions soient vraiment posées, avec la visibilité qu’elles demandent. C’est un vrai problème de société qui nous concerne tous. »

Sans concession, le vieux loup de l’info trouve que « les responsables politiques et les médias n’abordent pas suffisamment frontalement cette question de l’énergie ». Pourtant, il rappelle « qu’il y a urgence. La temporalité des choix est engagée. Il faut qu’on aille vite. Et ce sont des questions extrêmement importantes, parce que l’action environnementale est une question existentielle. L’avenir de l’humanité est engagé. »

Il sait que « le nucléaire est un aspect du problème, un acteur important qui pose toutes sortes de questions ». Mais il estime que « ces questions doivent être abordées en dehors de tout dogmatisme, de toute théologie, de toute idée préconçue, dans une perspective de mise à plat réelle. » Journaliste curieux à la recherche d’explications, il affirme : « posons toutes les questions pour de bon, avec des gens compétents qui savent de quoi ils parlent et ensuite, voyons ce qu’on peut faire. »

Comment le nucléaire peut-il se combiner avec d’autres choses ? Existe-t-il une possibilité d’utiliser le nucléaire en en minimisant les effets négatifs ou dangereux ? Il aimerait trouver les réponses à ces questions, car il admet que « s’agissant du nucléaire, [il est] absolument un béotien ». Passant régulièrement à proximité de centrales nucléaires, il les voit, les connaît. Mais reconnaît qu’il « ne les [a] jamais visitées. C’est sûrement passionnant ! » Rendez-vous est pris !  

 
BIO EXPRESS 
 
Né à Rabat (Maroc) au milieu du XXe siècle, Stéphane Paoli débute sa carrière de journaliste à l’ORTF en 1969. Il rejoint Europe 1 en 1974 et y reste 20 ans avant de rejoindre France Inter où il anime le 7/9 jusqu’à ce qu’un accident cérébral le décide à « ne plus se lever le matin à 4 heures ». Il prend alors en charge, toujours sur France Inter, plusieurs émissions politiques avant d’animer depuis 2010, 3D le journal du dimanche midi. Honnête homme, il a publié avec Alain Rey, linguiste et directeur en chef du Robert « Causa. Échanger, partager, reconnaître. », recueil épistolaire. En vue de la COP21, il est parrain de Place to B.
 

Par la Rédaction

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