Médecine : EDF et Framatome veulent leur place dans la production du cobalt-60 - Sfen

Médecine : EDF et Framatome veulent leur place dans la production du cobalt-60

Publié le 18 novembre 2025 - Mis à jour le 20 novembre 2025

Lors du World Nuclear Exhibition (WNE), qui s’est déroulé du 4 au 6 novembre 2025, EDF et Framatome ont annoncé le lancement d’une étude de faisabilité pour une production de cobalt-60 – un élément utilisé dans le secteur médical – dans un des réacteurs nucléaires en exploitation.  

Traditionnellement, le cobalt-60 est produit grâce à l’irradiation gamma du cobalt-59 dans les réacteurs de type Candu (réacteurs à eau lourde) principalement au Canada, mais aussi en Argentine, en Chine, ou encore en Corée du Sud. Le nouvel accord signé entre les deux sociétés françaises vise à concurrencer ce marché en produisant cet élément dans un réacteur à eau pressurisée (REP) français. L’opération est sans incidence pour le fonctionnement du réacteur, et n’entrave pas sa fonction principale de génération électrique. « En contribuant à la stérilisation des dispositifs médicaux, nous réaffirmons l’engagement constant de notre parc de centrales au service de l’intérêt général », affirme Cédric Lewandowski, directeur exécutif du groupe EDF, en charge de la production nucléaire et thermique.

Isotope artificiel

Le cobalt-59 est le seul isotope stable de cet élément disponible à l’état naturel sous forme de métal dans l’écorce terrestre. Le cobalt-60 est lui formé artificiellement par activation neutronique. C’est-à-dire que le cobalt-59 absorbe un neutron, grâce au flux neutronique dans un réacteur, pour devenir radioactif.

L’étude conjointe entre EDF et Framatome prévoit donc l’insertion de capsules contenant du cobalt 59 dans un réacteur nucléaire français. L’unité sélectionnée n’a pas été communiquée cependant. Framatome en assurera la fabrication dans ses usines installées en Europe. Un premier chargement de capsules de démonstration est prévu pour 2026, dans le but de valider la faisabilité technique avant 2030.

Des applications médicales

Le cobalt-60 est instable (demi-vie de 5,27 ans) et se transforme en nickel-60 générant un puissant rayonnement gamma au moment de sa désintégration bêta moins. C’est ce rayonnement qui est utilisé en médecine pour la stérilisation des appareils médicaux (gants, seringues, implants, etc.). Le radioisotope trouve également un usage en curiethérapie, une forme de radiothérapie. La source radioactive est placée au contact direct de la tumeur pour l’éliminer efficacement grâce à une dose élevée. Cela en réduisant l’exposition des tissus sains environnants. Cette technique est utilisée notamment pour le traitement des cancers gynécologiques, de la prostate et du sein.

Un secteur en croissance

Cette nouvelle initiative s’inscrit dans la dynamique engagée par Framatome lors de la création de sa branche « Framatome Healthcare » en juillet 2021. « Les chaînes d’approvisionnement diversifiées, fiables et durables sont essentielles pour satisfaire les besoins croissants du secteur de la santé », souligne François Gauché, vice président de Framatome Healthcare.

Le secteur est en pleine ébullition puisque de nombreux partenariats voient le jour depuis quelque temps. Plus tôt en 2021, EDF et Westinghouse ont en effet déjà signé un protocole d’accord pour une production de cobalt-60 dans les réacteurs français. En décembre de la même année, un autre partenariat avait été signé entre Framatome et Exelon Generation, ciblant ici les REP américains. ■

Par François Terminet (Sfen)

Image : Installation de stérilisation au cobalt-60, Source : Framatome