L’Ukraine reprend le contrôle du site de Tchernobyl et confirme l'existence de tranchées - Sfen

L’Ukraine reprend le contrôle du site de Tchernobyl et confirme l’existence de tranchées

Publié le 11 avril 2022

Avec le retrait progressif des forces russes de la zone de Tchernobyl, les équipes ukrainiennes peuvent reprendre la maîtrise des opérations de la centrale accidentée en 1986. Une nouvelle rotation du personnel a donc pu avoir lieu. C’est seulement la deuxième fois depuis le 24 février 2022. Par ailleurs, les forces militaires de Kiev ont constaté que des tranchées ont bien été creusées dans la zone d’exclusion, ce qui pourrait confirmer les informations selon lesquelles des soldats auraient été légèrement contaminés.

Dès le début du conflit en Ukraine le 24 février, les forces russes avaient pris le contrôle de la centrale accidentée de Tchernobyl. Mais peu à peu, les soldats ont été redéployés hors du site. Cela a permis de procéder à une « rotation du personnel de la centrale nucléaire. C’est la première fois « depuis trois semaines et seulement la deuxième depuis la fin février », a déclaré le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi.

« Au cours du conflit armé, le directeur général Grossi a souvent souligné la nécessité pour les travailleurs de la centrale nucléaire de pouvoir accomplir leurs tâches sans pression indue et de pouvoir rentrer chez eux et se reposer, ce dont de nombreux membres du personnel de Tchernobyl ont été privés au cours du dernier mois et demi », écrit l’agence onusienne dans un communiqué.

Restent quelques questions. Premièrement, « les personnes participant à la rotation du personnel de samedi ont dû être transportées vers et depuis le site par bateau sur la rivière Pripyat, comme l’a indiqué publiquement l’opérateur national Energoatom », souligne l’AIEA. Selon cette dernière, « Energoatom a déclaré que le transport fluvial était actuellement le seul moyen pour les habitants de la ville de Slavutych, située en dehors de la zone ». D’autre part, l’AIEA n’a toujours pas accès aux relevés radiologiques des sondes situées aux abords du site.

« S’il est très positif que les autorités ukrainiennes rétablissent progressivement le contrôle réglementaire du site de Tchernobyl, il est clair qu’il reste beaucoup de travail à faire pour que le site retrouve sa normalité », juge Rafael Grossi. Il ajoute : « dès que cela sera possible, je dirigerai une mission de l’AIEA à Tchernobyl pour y effectuer une évaluation radiologique, reprendre la surveillance à distance des garanties de l’installation et de ses matières nucléaires et livrer des équipements, y compris des pièces de rechange et des composants, pour l’exploitation sûre et sécurisée de la centrale nucléaire. Je suis en consultation étroite avec l’Ukraine pour fixer une date et organiser un programme de travail pour cette visite, qui devrait avoir lieu prochainement ».

Des tranchées creusées

Par ailleurs, le retrait des troupes russes aux profit des forces ukrainiennes a permis d’inspecter la zone de Tchernobyl. Une vidéo de drone, diffusée par l’armée, a révélé que des tranchées ont bien été creusées dans la zone de la « Forêt Rouge », aux alentours de la centrale. Celle-ci est encore fortement radioactive. Cette découverte viendrait alimenter une rumeur qui indiquait que des soldats russes auraient été légèrement contaminés. « Il est tout à fait possible qu’ils aient subi des contaminations considérables aux radiations », juge Energoatom. Toutefois, l’autôrité de sûreté Finalandais avait estimé, début avril, que « le terrain autour de la centrale nucléaire de Tchernobyl contient une quantité importante de matières radioactives, mais pas assez pour provoquer des symptômes aigus de maladie des rayons ».

Selon des informations rapportées par France Info, des journalistes de CNN se sont rendus sur place et ont appris que « une augmentation des niveaux de radiation dans les quartiers occupés par les Russes » a été enregistrée. Ils ajoutent que « les Ukrainiens affirment que c’est dû aux sorties effectuées à l’extérieur des zones et aux poussières radioactives collées aux bottes ». ■

par Ludovic Dupin (Sfen)

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