Les propositions des électro-intensifs aux candidats à la présidentielle
Les grands secteurs consommateurs d’électricité ont publié leurs propositions liées à l’énergie à l’attention des candidats à la présidentielle. Les demandes d’électrification des process, de production bas carbone et de prix compétitifs poussent à favoriser le maintien d’un fort socle nucléaire.
L’élection présidentielle est l’occasion pour les grands consommateurs d’électricité de soumettre des propositions aux candidats. Deux grands objectifs semblent partagés par tous : la réindustrialisation du pays et la décarbonation des moyens de production. Les différentes industries prévoient une augmentation notable de leur besoin en électricité. L’Union des industries utilisatrices d’énergie (Uniden) prévoyait, en octobre 2021, que l’électrification des process industriels allait engendrer une hausse de la consommation d’électricité massive. Elle sera multipliée par 3,2, de 115 TWh en 2019 à 385 TWh en 2050. L’Énergie nucléaire sera au cœur des solutions pour répondre à ce défi. En août 2021, Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, déclarait alors « Imaginer réussir la transition énergétique sans nucléaire, c’est un mensonge ».
France chimie prévoit un besoin supplémentaire de l’ordre de 10 TWh/an à horizon 2030. Pour France hydrogène, ce sont près de 60 TWh/an qui seront nécessaires dans son scénario ambition 2030+. De son côté, le plan acier vert d’Arcelor Mittal prévoit, avec l’aide de l’État, 1,7 milliard d’euros d’investissement pour verdir l’acier. Il s’agit d’atteindre d’ici 2030 une réduction de près de 40 % des émissions de l’aciériste. Cela représente 10 % des émissions industrielles de gaz à effet de serre en France. Au niveau européen, la consommation annuelle de l’industriel devrait ainsi être multipliée par 2,5, tout en diminuant de près de huit millions de tonnes les émissions de CO2.
- Lier énergie et industrie
Plusieurs industriels envisagent la création d’un « Grand ministère de l’Industrie » incluant énergie et infrastructures de réseau pour piloter l’empreinte carbone de notre économie. Ce souhait est porté par France industrie et se retrouve dans le livre blanc l’industrie papetière (Copacel). L’idée est de faire sortir l’énergie du portefeuille du ministère de l’Écologie et de le réintégrer dans le giron de l’industrie. Pour rappel, il avait été attribué au ministère de l’Écologie, pour la première fois sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
Selon Alexandre Saubot, Président de France industrie, « le fait qu’énergie et industrie soient traitées dans deux ministères différents, avec des agendas dont on a pu constater ces dix dernières années que les objectifs étaient rarement alignés, complique énormément le travail ».
- Favoriser l’électricité bas carbone
Les industries consommatrices d’électricité soutiennent le développement d’électricité bas carbone. La Société française des industries du ciment (Sfic) appelle à développer la production d’électricité à faibles émissions sans préciser sa nature. Selon l’Union des industries et métiers de la métallurgie, l’industrie doit poursuivre ses efforts d’efficacité énergétique et de décarbonation de ses process.
Du côté des producteurs d’hydrogène, le besoin électricité a été clairement identifié et la filière appelle à une “neutralité technologique” afin de produire de l’électricité bas carbone. Elle souhaite pérenniser le socle de production bas carbone Français et témoigne d’un vrai enthousiasme par les rendements de l’électrolyseur à haute température développé par le CEA et la société Genvia.
Enfin les producteurs de papier (Copacel), en phase avec plusieurs candidats à la présidentielle, proposent de relancer « un ambitieux programme électronucléaire », qui permettrait de participer à la production de volumes « significatifs et non intermittents, d’une électricité compétitive ». Pour ces derniers, le socle de production nucléaire est une des conditions permettant l’accès à une électricité bas carbone pour leur industrie.
- Garantir des prix stables et compétitifs
La nécessité d’avoir une vision long terme des prix de l’énergie et de l’électricité est indispensable. Pour ces grands consommateurs d’électricité, le prix de l’électricité peut représenter de 15 à 50 % des coûts globaux de production. Ils soulignent tous au futur président de la République leur besoin d’un accès à une électricité compétitive, en particulier dans ce contexte de crise des prix du gaz. Ainsi, plusieurs demandent aux candidats de porter l’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh) à 150 TWh (Copacel et Sfic), contre 120 TWh aujourd’hui. De leur point de vue, cet outil leur permet de bénéficier, dans le cadre du contrat liant Exeltium à Edf, d’une électricité compétitive à court terme et d’atténuer les conséquences de la crise énergétique.
Néanmoins, ils ont bien conscience que ce dispositif prendra fin en 2025 et proposent des solutions sur moyen et long terme. Ainsi deux solutions émergent chez les industriels. D’une part, des contrats long terme (supérieur à 10 ans) avec garantie par l’état. D’autre part, la création d’un pool d’acheteurs dans une structure comparable au dispositif Exeltium.
Ces dispositifs peuvent également être intéressants pour les producteurs d’électricité. Le modèle « Mankala » développé en Finlande regroupe dans une coopérative des industriels électro-intensifs. Ce système permet aux investisseurs dans un moyen de production électrique de partager le risque et de bénéficier d’une stabilité de prix sur le long terme. Pour en savoir plus sur les différents types de financement, retrouvez la note Sfen sur le financement du nouveau nucléaire.
Vous pouvez consulter les propositions des différents secteurs industriels en suivant les liens suivants :
Copacel – l’industrie papetière