L'édito de Ludovic Dupin, directeur de l’information de la Sfen et rédacteur en chef ■ RGN #2 - Sfen

L’édito de Ludovic Dupin, directeur de l’information de la Sfen et rédacteur en chef ■ RGN #2

Publié le 17 juillet 2023 - Mis à jour le 10 octobre 2023

Le programme nucléaire aussi discret qu’indispensable

Quand on parle de « programme nucléaire », la plupart des gens pensent d’abord au programme EPR 2, c’est-à-dire à la construction de 6 à 14 réacteurs d’ici 2050. D’autres pourraient évoquer le projet de SMR Nuward. Les plus initiés auront peut-être en tête l’appel à projets de France 2030 pour faire émerger des projets de réacteurs de quatrième génération dits Advanced Modular Reactor (AMR). Mais il est un quatrième programme qui passe un peu sous les radars médiatiques, celui de l’exploitation à long terme des réacteurs, dit LTO (Long Term Operation).

Exploiter dans la durée un réacteur nucléaire de manière sûre est le moyen le plus rapide et le plus économique d’assurer la souveraineté énergétique d’un pays tout en décarbonant son économie, comme le répète à l’envi l’Agence internationale de l’énergie (AIEA). Ce programme complète les trois autres en répondant aux enjeux  énergétiques à court terme. EDF a ainsi engagé depuis 2014 le programme Grand Carénage qui vise à faire passer aux réacteurs l’horizon des 40 ans d’exploitation et à  appliquer les mesures post-Fukushima. L’enjeu n’est rien de moins que d’amener le niveau de sûreté de réacteurs conçus et construits dans les années 1980 quasiment au  niveau le plus élevé existant, celui de l’EPR. Cette exigence, inédite dans le monde, est un vrai exploit technologique.

Tandis que les souverainetés énergétiques, tant française qu’européenne, sont en question, le président de la République a annoncé sa volonté de prolonger autant que possible tous les réacteurs français, sous réserve de l’autorisation de l’ASN qui assure être prête à envisager sans a priori l’objectif de 60 ans et plus. Avec cet horizon de temps, il ne s’agira plus tant d’augmenter la sûreté des réacteurs que de faire face à de nouveaux défis sur lesquels les ingénieries de la filière sont déjà à l’oeuvre. Défis au rang desquels on trouve l’adaptation au changement climatique, la préservation des équipements non remplaçables (comme la cuve) ou l’augmentation de la fréquence des modulations de puissance en raison de la part croissante des énergies renouvelables intermittentes sur le réseau électrique.