L’AIE prévoit une croissance du nucléaire pour faire face à la crise énergétique.
Selon le dernier rapport sur l’énergie mondiale, l’Agence internationale de l’énergie prévoit au moins un doublement de la puissance nucléaire installée dans le monde. Toutefois la part du nucléaire devrait baisser en raison de la hausse massive de la demande d’électricité.
Dans l’édition 2022 du World Energy Outlook (WEO), l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit que la production d’énergie nucléaire aura plus que doublé d’ici à 2050, et qu’au moins 30 pays augmenteront leur utilisation de l’énergie nucléaire, dans le scénario « émissions nettes nulles d’ici à 2050 ». L’AIE a déclaré que la crise énergétique mondiale peut constituer un tournant historique vers un avenir plus propre et plus sûr.
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— Fatih Birol (@fbirol) October 27, 2022
« La crise énergétique actuelle provoque un choc d’une ampleur et d’une complexité sans précédent », a-t-elle déclaré. « Les marchés et les politiques énergétiques ont changé à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, non seulement pour l’instant, mais aussi pour les décennies à venir », a déclaré le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol. « Même avec les paramètres politiques d’aujourd’hui, le monde de l’énergie change radicalement sous nos yeux. Les réponses des gouvernements du monde entier promettent d’en faire un tournant historique et définitif vers un système énergétique plus propre, plus abordable et plus sûr ».
Le scénario « Émissions nettes nulles d’ici à 2050 » (NZE) du WEO définit ce qu’il faut faire pour aller au-delà des engagements annoncés, vers une trajectoire qui permettrait d’atteindre des émissions nettes nulles à l’échelle mondiale d’ici à 2050. Outre ce scénario, le WEO 2022 en explore deux autres : le scénario des politiques déclarées (STEPS) et le scénario des promesses annoncées (APS).
Croissance de la capacité nucléaire
Dans le scénario STEPS, la production nucléaire mondiale passe de 2776 TWh en 2021 à 3351 TWh en 2030 et à 4260 TWh en 2050. Toutefois, le nucléaire conserve sa part actuelle d’environ 10 % dans la production totale d’électricité. Ce scénario nécessite l’achèvement de 120 GW de nouvelles capacités nucléaires d’ici à 2030, ainsi que l’ajout de 300 GW supplémentaires de nouveaux réacteurs entre 2030 et 2050 dans plus de 30 pays.
Dans le scénario APS, environ 18 GW de nouvelle capacité nucléaire sont ajoutés par an sur la période considérée, soit plus d’un quart supplémentaire que dans le scénario STEPS. Le niveau plus élevé de la demande d’électricité dans ce scénario signifie que la part du nucléaire dans le mix d’approvisionnement en électricité reste d’environ 10 %. Dans le scénario APS, la production nucléaire passe à 3547 TWh en 2030 et à 5103 TWh en 2050.
Dans le scénario NZE, la prolongation de la durée de vie dans les années 2020 contribue à limiter les émissions mondiales, et une moyenne de 24 GW de capacité ajoutée chaque année entre 2022 et 2050 fait plus que doubler la capacité d’énergie nucléaire d’ici 2050. La production nucléaire passe ainsi à 3 896 TWh en 2030 et à 5 810 TWh en 2050. Toutefois, la part du nucléaire dans le mix électrique baisse à 8 % en 2050 en raison de la très forte croissance de la demande d’électricité dans le scénario NZE.
L’AIE note que si les investissements dans les énergies propres dépassent les 2 000 milliards de dollars d’ici à 2030 dans le scénario STEPS, ils devraient être supérieurs à 4 000 milliards de dollars à la même date dans le scénario NZE. « Des efforts internationaux majeurs sont encore nécessaires de toute urgence pour réduire l’écart inquiétant entre les niveaux d’investissement dans les énergies propres des économies avancées et ceux des économies émergentes et en développement », ajoute-t-elle.
« Le maintien du rôle de l’énergie nucléaire dans le secteur de l’électricité dépend des décisions prises pour prolonger la durée de vie des réacteurs existants et du succès des programmes de construction de nouveaux réacteurs », a déclaré l’AIE. Toutefois, elle a noté que les investissements dans l’énergie nucléaire « reviennent en grâce » dans certains pays. « Des annonces ont été faites concernant la prolongation de la durée de vie des réacteurs existants, souvent dans le cadre de la réponse à la crise actuelle… On s’intéresse de plus en plus au potentiel des petits réacteurs modulaires pour contribuer à la réduction des émissions et à la fiabilité des systèmes électriques ».
Réduction des émissions de CO2
Dans son scénario STEPS, l’AIE prévoit que les émissions mondiales de CO2 atteindront un pic de 37 milliards de tonnes par an en 2025 avant de diminuer progressivement pour atteindre 32 milliards de tonnes en 2050. Selon l’AIE, ce scénario serait associé à une augmentation d’environ 2,5°C des températures moyennes mondiales d’ici 2100, ce qui est « loin d’être suffisant pour éviter les conséquences graves du changement climatique ». La réalisation complète de tous les engagements en matière de climat permettrait au monde de se rapprocher d’un terrain plus sûr, mais il existe toujours un écart important entre les engagements actuels et une stabilisation de la hausse des températures mondiales autour de 1,5°C.
Dans le scénario APS, les émissions atteignent un pic au milieu des années 2020 et tombent à 12 milliards de tonnes en 2050, ce qui se traduit par une augmentation de la température médiane mondiale de 1,7 °C en 2100. En NZE, les émissions de CO2 tombent à 23 milliards de tonnes en 2030 et à zéro en 2050, une trajectoire compatible avec la limitation de l’augmentation de la température à moins de 1,5°C en 2100. ■