L’édito de Philippe Stohr, président de la Sfen, directeur des Énergies pour le CEA

La Sfen, un rôle clef dans les débats (RGN 4, 2021)

La période est cruciale pour le sec­teur de l’énergie. Le GIEC alerte avec constance depuis plusieurs années sur l’urgence climatique, et un grand nombre de pays s’accordent désormais sur un agenda net zéro carbone pour 2050. C’est le cas de la France, par le biais de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) et de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui dit avec force : c’est bien une convergence entre nu­cléaire et énergies renouvelables qui est à construire. Comme le répète régulièrement son directeur exécutif Fatih Birol, « nous n’avons pas le luxe de nous priver de l’une ou l’autre des énergies propres ».

En France, une décision doit être prise prochainement quant à l’avenir de notre mix énergétique : EDF propose au gouvernement de construire trois paires d’EPR, et ce sujet sera sans nul doute débattu dans le cadre de la future campagne présidentielle.

La Sfen – et la RGN – ont un rôle à jouer pour éclai­rer les réflexions et les débats. En s’appuyant sur sa nouvelle raison d’être, qui consiste à « permettre aux esprits curieux de partager et de se faire de nouvelles idées sur l’éner­gie nucléaire », la Sfen doit aborder ce mo­ment important avec ambition et en esprit libre. Car il est bien dans son rôle de société savante de décrypter les enjeux et de don­ner des clefs de lecture, en s’affranchissant des idées reçues. Elle doit continuer de vul­gariser, sans se départir de sa rigueur et de son excellence scientifique, pour susciter un bouillonnement d’idées et aider chacun à se faire sa propre opinion.

Pour réussir cela, nous devons maintenir la plus grande rigueur scientifique, gage de notre crédibilité dans la société ; être précis dans nos analyses et nos commentaires, pour ne pas donner prise à la critique par l’expres­sion d’opinions insuffisamment étayées, mais aussi ouvrir notre réflexion aux probléma­tiques énergétiques de l’énergie bas carbone au sens large, et pas uniquement nucléaire.

Il est aussi important pour la Sfen de re­positionner les débats, en allant au-delà des problématiques de sûreté et de gestion des déchets en abordant la convergence nucléaire – ENR, les thèmes de l’industrie 4.0, les nou­veaux usages du nucléaire, comme la pro­duction d’hydrogène ou l’innovation dans les systèmes nucléaires.

Dans la période-clef pour le secteur de l’énergie que nous vivons actuellement, à nous de partager notre vision du nucléaire du futur au sein du mix énergétique bas carbone et de « faire avancer le nucléaire ».