Japon : le parc nucléaire autorisé à dépasser les 60 ans d’exploitation - Sfen

Japon : le parc nucléaire autorisé à dépasser les 60 ans d’exploitation

Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi de décarbonation de l’électricité, les réacteurs nucléaires de l’archipel nippon peuvent maintenant être exploités au-delà de 60 ans sous certaines conditions. La mise en place de la mesure doit permettre à l’atome de représenter 20 % du mix électrique en 2040 contre moins de 10 % aujourd’hui.

L’entrée en vigueur, le 6 juin 2025, de la loi de décarbonation de l’électricité acte la mise en place de nouveaux mécanismes pour le nucléaire japonais. L’idée générale est de permettre et d’accompagner l’exploitation des réacteurs au-delà de 60 ans

En soi, le nouveau système continue à fonctionner sur la base d’une autorisation initiale de 40 ans et d’une unique prolongation de 20 ans. Cependant, les exploitants peuvent maintenant décompter les arrêts pour raisons administratives (changement de lois et de régulation) de ce plafond de 60 ans dans un contexte où de nombreux réacteurs sont à l’arrêt depuis plus d’une décennie. Pour mémoire, le parc nucléaire a été mis à l’arrêt à la suite de l’accident nucléaire de Fukushima Daiichi (2011) et a redémarré progressivement après une importante réforme de la sûreté. Ce n’est qu’en 2015, que deux premières unités sont revenues sur le réseau électrique. Le Japon compte aujourd’hui 13 unités en fonctionnement1.

Autre apport de la nouvelle loi, les exploitants doivent maintenant déposer tous les 10 ans auprès de l’autorité de sûreté nucléaire leur programme industriel de suivi et de gestion du vieillissement des installations de plus de 30 ans. Tous les réacteurs aujourd’hui en exploitation sont d’ores et déjà concernés par cette mesure.

Remonter la part de nucléaire dans la production électrique

Le septième plan de programmation énergétique, approuvé en février 2025, mise sur production électrique diversifiée en 2040 avec 40 à 50 % d’énergies renouvelables (contre 23 % en 2023), 20 % de nucléaire (contre 8,5 %) et 30 à 40 % de centrales thermiques (contre 68 %). Les présentes mesures vont permettre aux exploitants de gagner en visibilité afin de contribuer à la décarbonation du mix électrique nippon. Le seul levier pour influer sur la production nucléaire d’ici à 2040 est bien le redémarrage et l’exploitation à long terme du parc historique. Vingt unités sont toujours à l’arrêt : trois sont en attente de redémarrage à la suite du feu vert de l’autorité de sûreté nucléaire et huit autres voient leur dossier instruit dans l’espoir de reprendre du service.

De nouvelles constructions ne sont pas envisagées aujourd’hui bien que la programmation énergétique en vigueur comporte une mention favorable à la recherche et développement des “prochaines générations de réacteurs”, expression faisant référence, au Japon, aussi bien aux réacteurs à eau légère de troisième génération qu’aux nouvelles technologies, petits réacteurs modulaires (SMR) ou encore à la fusion nucléaire. ■

Par Gaïc Le Gros (Journaliste)

Image : Centrale nucléaire de Sendai, à Kagoshima – ©KAZUKI WAKASUGI / Yomiuri / The Yomiuri Shimbun via AFP