Un produit financier ouvre au grand public des projets d’exploration d’uranium
Le Sprott Junior Uranium Miners ETF ouvre aux investisseurs l’accès aux petites sociétés exploratrices d’uranium, un secteur en pleine effervescence. Prometteur mais volatil, ce placement parie sur la montée des prix du minerai, tout en exposant à des risques élevés liés aux aléas du marché et aux défis réglementaires.
Le Sprott Junior Uranium Miners ETF est un fonds d’investissement permettant de placer son argent dans un indice de référence d’une trentaine de petites sociétés cotées actives dans l’exploration et le développement de mines d’uranium. Un produit de niche comportant toutefois des risques assez importants. Par exemple, le canadien GoviEx a perdu la moitié de son portefeuille d’actifs en se voyant retirer le permis d’exploitation de sa mine de Madaouela. Un exemple parmi d’autres des aléas qui touchent la myriade de petites sociétés minières dans laquelle investit le Sprott Junior Uranium Miners ETF.
Elles parient sur le maintien d’un prix élevé de l’uranium et sont prêtes à tenter leur chance en marge des activités des leaders du secteur. L’ETF offre à ses clients la possibilité d’investir dans un indice comprenant un ensemble de sociétés avec une capitalisation boursière inférieure à 3 milliards de dollars – à titre de comparaison, le géant canadien Cameco pèse lui plus de 20 milliards de dollars. Ces « junior miners » ne produisent souvent pas d’uranium, mais sont engagés dans des projets d’exploration et de développement à des niveaux d’avancement divers. Les valeurs de l’indice sont sélectionnées par le gestionnaire d’actifs spécialisé Sprott Asset Management, qui a créé plusieurs fonds à succès sur le thème du nucléaire ces dernières années.
Des stratégies diverses mais un monopole anglo-saxon
Ces « junior miners » sont à plus de 90 % originaires d’Australie, du Canada ou des États-Unis. On trouve des sociétés avec des mines quasi opérationnelles dans des bassins établis, comme la Namibie (Paladin Energy) ou le Canada (NexGen Energy). D’autres misent sur des co-investissements minoritaires, comme Denison Mines, partenaire d’Orano pour l’usine de traitement de McLean Lake. Les plus aventureuses visent des géographies hors des sentiers battus, comme le Botswana (Lotus Resources) ou la Zambie (GoviEx).
Nombre de ses sociétés sont récentes, et à l’activité fluctuante en fonction des sursauts des cours de l’uranium. Certaines reprennent même des actifs mis en sommeil par d’anciens exploitants au début des années 2010. Elles parient toutes sur les perspectives à long terme du nucléaire dans la transition énergétique, qui devraient booster la demande pour le minerai. Elles n’auront parfois jamais les moyens d’exploiter elles-mêmes les projets, mais comptent attirer l’attention d’un concurrent ou d’un grand groupe.
Un produit d’investissement aux sursauts imprévisibles
La valeur de l’ETF suit globalement les grandes tendances affectant le prix de l’uranium sur les marchés financiers. Il a ainsi atteint son plus haut niveau en février 2024, quand le minerai tutoyait lui aussi les sommets. Reste que la nature même des « junior miners » peut provoquer des mouvements amplifiés ou inattendus, si par exemple une valeur est frappée par une mauvaise nouvelle sur son projet phare. On peut noter toutefois que les mésaventures de GoviEx au Niger n’ont guère pesé, car le poids de la société dans l’indice est marginal.
Disposant d’environ 230 millions de dollars d’actifs, le Sprott Junior Uranium Miners ETF reste plus confidentiel que d’autres fonds indiciels dédiés au nucléaire, comme le Global X Uranium ETF (4 milliards de dollars d’actifs). Il ouvre néanmoins une fenêtre sur l’avenir de la production d’uranium, vu par de petites sociétés prêtes à prendre des risques ; et avec elles des investisseurs curieux en quête de rendement. ■