La SFEN a prévu de publier un certain nombre d’articles dans les semaines à venir, relatifs à l’arrêt définitif de la centrale nucléaire de Fessenheim. Ces articles couvriront les aspects industriels, sociaux, économiques et climatiques.
Claude Brender est maire de Fessenheim depuis 2014. Il intègre le conseil municipal en 1989 et devient adjoint en 1995. Les problématiques que va connaître sa commune dans les mois et à venir, il les connait bien.
Comment réagissent les habitants de Fessenheim et des environs face à l’arrêt définitif prochain de la centrale nucléaire ?
Aujourd’hui, rien n’a changé. Depuis la décision prise par l’Etat de fermer la centrale de Fessenheim, par François Hollande en 2012, puis par Emmanuel Macron en 2017, les niveaux de perceptions sont partagés. On peut noter une forme de déni chez certains, du fatalisme chez d’autres. Nous nous sommes battus jusqu’au bout pour éviter la fermeture de la centrale nucléaire. Aujourd’hui, l’enjeu est de continuer de faire vivre la commune après la centrale, qui compte 2 400 habitants.
Avez-vous déjà connaissance des conséquences de la fermeture de la centrale sur les emplois dans la commune et plus généralement sur la vie économique ?
Aujourd’hui, la centrale nucléaire compte près de 900 emplois directs dont 300 sous-traitants(1). Plus de 140 logements EDF sont occupés par des salariés de la centrale. D’autres ont fait construire leur maison dans la commune. Ce sont donc potentiellement plus de 200 personnes qui peuvent quitter la commune demain.
Pour l’instant, nous sommes dans l’incertitude des conséquences sur les emplois induits de notre commune. Il est trop tôt. Mais d’ores et déjà, un des enjeux est de compenser la perte d’habitants par de nouveaux. Nous devons impérativement attirer une nouvelle population qui habitera à Fessenheim mais qui ne travaillera plus pour la centrale nucléaire mais pour d’autres activités… autour d’un bassin d’emplois qui reste à créer. C’est un axe fort sur lequel on travaille depuis des années, anticiper en faisant venir une nouvelle population, comme par exemple au Jardin des poètes qui propose une cinquantaine de parcelles et qui attire de nouveaux habitants. A terme, nous espérons accueillir 150 à 160 personnes qui viendront compenser les premiers départs de personnels de la centrale. Deuxième enjeu et donc deuxième action : maintenir les services, les écoles, le périscolaire, la garderie, etc. Nous ferons tout pour « garder » les médecins la pharmacie, les commerces car ces services sont sources d’attractivité et constituent nos principaux atouts. Fessenheim s’inscrit dans une région rurale, en dehors des grands axes de communication. Ce n’est donc pas un territoire où les industries viennent s’installer naturellement. Nous devrons être inventifs pour créer un nouveau pôle d’activités.
Quels sont les projets possibles pour maintenir des activités ?
Depuis que la fermeture de la centrale a été confirmée, des réflexions et échanges ont été menées pour définir des actions et accompagner le changement, sous la direction du préfet du Haut-Rhin, du ministère de la transition écologique et solidaire, avec la région Grand Est, le département, la communauté de communes, les deux agglomérations de Colmar et de Mulhouse, les chambres d’industrie, des métiers, d’agriculture… Des phases de diagnostic et de projection ont abouti à la signature le 1er février 2019 d’un projet de territoire, qui est une déclaration d’intention.