L’inquiétante dégradation de la qualité de l’air
L’atmosphère polluée des villes fait chaque année 3,5 millions de morts dans le monde. Cette statistique est une des principales conclusions du rapport de l’OCDE rendu public en mai au Forum international des Transports à Leipzig. Un rapport qui vient confirmer que la pollution de l’atmosphère due à la production d’énergie est en passe de devenir un des problèmes sanitaires les plus graves affectant la population de la planète. L’estimation de l’OCDE est en cohérence avec les évaluations établies précédemment par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) indiquant que chaque année la pollution atmosphérique fait plus de 7 millions de morts dans le monde, villes et campagnes confondues.
Coûts humains, coûts économiques
Ces chiffres inquiétants connaissent malheureusement une nette tendance à la hausse, l’OCDE calculant par exemple que le taux de mortalité dû à la pollution de l’air des villes a augmenté entre 2005 et 2010 de 4% dans le monde, de 5% en Chine, de 12% en Inde.
En plus des coûts humains liés à ces détriments touchant à la santé même des individus, le rapport de l’OCDE vient rappeler que ces décès et maladies ont aussi un coût économique. Celui-ci est très lourd : 3 500 milliards de dollars par an du fait des décès prématurés et problèmes de santé dûs à l’air urbain. La facture est évaluée à 1 700 milliards pour les 34 pays de l’OCDE, à 1 400 milliards pour la Chine, à 500 milliards pour l’Inde.
Provoquée essentiellement par l’utilisation des énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz) et par la combustion de la biomasse, la pollution atmosphérique est formée de composés gazeux (monoxyde de carbone dioxyde de soufre, oxyde d’azote, ammoniac…) et de particules en suspension. Les principaux détriments sanitaires provoqués par ces polluants sont les affections respiratoires, les cancers du poumon et les maladies cardiovasculaires. Cette situation est d’autant plus grave que l’humanité va devoir produire de plus en plus d’énergie pour répondre à la croissance démographique et à l’amélioration du niveau de vie dans les pays défavorisés. Dans certains cas et dans certaines circonstances des systèmes de dépollution peuvent être mis en place pour « piéger » tel ou tel produit nocif. Mais de telles parades, d’usage très limité (et qui coûtent cher) ne peuvent être généralisées et sont loin d’être à la hauteur du problème. La seule solution vraiment adaptée est bien entendu de freiner le recours aux énergies fossiles et de développer les énergies non polluantes. Dans cette perspective, les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire apparaissent de toute évidence comme des facteurs particulièrement efficaces de dépollution atmosphérique.
Garder l’atmosphère propre
Concernant l’énergie nucléaire il est établi que son utilisation en remplacement des combustibles fossiles permet d’éviter les rejets à l’atmosphère de quantités considérables de produits polluants. L’exemple français le démontre clairement. Au plan mondial une récente étude (dont nous faisions état ici même, parue dans la revue Environmental Science and Technology en juin 2013) évalue à 1,8 million le nombre de décès évités dans le monde grâce au nucléaire entre les années 1971 et 2009 – par comparaison avec les effets d’une pollution qui serait émise, à quantité égale d’électricité produite, par des centrales électrogènes aux combustibles fossiles. Sur la même période, les auteurs de l’étude calculent le nombre de décès évités en France à 290 000, soit environ 7 500 par an.
Dans ce domaine sanitaire, tout autant que les énergies renouvelables, l’énergie nucléaire s’affirme donc comme un atout pour garder l’atmosphère propre et réduire les impacts de la pollution de l’air sur la santé des personnes. Le recours à cette énergie apparait d’autant plus justifié qu’étant une énergie bas-carbone elle permet également de lutter contre l’aggravation de l’effet de serre, vecteur du dérèglement climatique. A un moment où les climatologues indiquent que la concentration du CO2 dans l’atmosphère vient d’atteindre le niveau alarmant de 400 ppm (parties par million) annonçant un réchauffement climatique d’une intensité préoccupante, il apparaît pertinent de préserver et de développer la place du nucléaire dans le mix énergétique mondial.