« L’information et la confiance de nos citoyens sont la clef pour l’avenir du nucléaire », Valérie Faudon
Parce qu’elle rassemble les professionnels du nucléaire, parce qu’elle forme une communauté chaleureuse, ouverte sur la société civile, parce que vous y rencontrerez ou retrouverez les experts et les décideurs du nucléaire, venez découvrir en détail l’organisation et les actions menées par la SFEN. Pour cela, Frédéric Pairot et Guillaume Chaud ont interviewé Valérie Faudon, Déléguée Générale de la SFEN.
SFEN Jeune Génération : pouvez vous nous présenter votre parcours professionnel ?
Valérie Faudon : Cela peut surprendre mais je ne travaille dans le nucléaire que depuis trois ans. Dans ma vie d’avant, l’ensemble de ma carrière s’est faite dans le secteur de l’informatique et des télécoms (HP, Alcatel). J’ai choisi de rejoindre AREVA en décembre 2009 car travailler dans le secteur de l’énergie m’apparaissait comme un beau challenge pour notre génération : l’énergie est essentielle pour le développement économique, et elle est aussi au cœur de la question du réchauffement climatique.
J’ai pris les fonctions de directeur marketing d’AREVA ce qui fut une très belle mission. Le fait que les activités marketing de l’ensemble du groupe soit regroupées nous a permis de valoriser le modèle intégrée d’AREVA auprès des clients.. C’est ainsi que nous avons lancé avec l’ensemble des équipes du Groupe le programme « Safety Alliance » qui rassemble toutes les améliorations de sûretés post Fukushima proposées par AREVA. Puis, après un long passage de plus de 10 ans dans le marketing en B2B (business to business), j’avais envie de revenir vers le monde scientifique, et vers la communication grand-public. J’ai rejoint la SFEN en tant que déléguée générale en janvier 2013. Je me suis sentie très honorée de rejoindre une communauté prestigieuse de scientifiques et d’ingénieurs. Je me suis aussi sentie attirée par la perspective de travailler sur la communication sur le nucléaire, qui se situe à l’interface entre le monde de la technique et le monde des sciences sociales. L’information et la confiance de nos citoyens sont la clef pour l’avenir du nucléaire. Et pourtant, notre industrie, ainsi que les enjeux énergétiques en général, restent méconnus, et sujets à de nombreuses idées reçues.
Pouvez-vous nous décrire les actions de la SFEN ?
VF : Les actions de la SFEN s’organisent autour de trois axes majeurs :
– l’excellence technique : la première mission de la SFEN est le progrès des sciences et des techniques du nucléaire. La SFEN a acquis une très grande reconnaissance en ce domaine. Elle est d’ailleurs la plus grande société savante française.
– l’information du public : la SFEN a pour mission de présenter à tous une information factuelle sur le nucléaire. Elle est déjà très présente dans les médias notamment grâce aux interventions de Francis Sorin et sur internet avec le site internet qui présente plus de 1000 documents.
– coopération internationale : que ce soit au travers de l’organisation de conférences internationales (FR13 avec l’AIEA et le CEA récemment par exemple) ou par des coopérations avec d’autres sociétés savantes étrangères, le réseau qu’a su développer la SFEN permet d’assurer le rayonnement du savoir-faire technique français à l’étranger.
Pouvez-vous nous présenter l’organisation de la SFEN ?
VF : La SFEN en tant que telle n’est qu’une très petite entité dans la mesure où elle ne s’appuie que sur une dizaine de permanents. Ce qui fait la force de notre société c’est la motivation des quelques 300 bénévoles qui nous permettent d’animer un réseau de près de 3500 adhérents. Pour mener à bien ces actions la SFEN est structurée en sections techniques spécialisées, groupes régionaux et groupes « transverses ».
Les 10 sections techniques sont des lieux de rencontre entre experts français autour de sujets très pointus. Chacune de ces sections organise des rencontres qui sont des lieux d’échanges privilégiés et est en charge de la publication de papiers dans la Revue Générale du Nucléaire (RGN). {{Les groupes régionaux}} regroupent, eux, des hommes et des femmes avec des parcours professionnels plus variés, comme par exemple des enseignants, des médecins Ils permettent des échanges entre des professionnels du nucléaire et l’ensemble des citoyens (universitaires, corps enseignants entre autres). Ils sont l’un des relais de la mission de communication vers le grand public de la SFEN.
La typologie des groupes transverses est très diverse. Ils regroupent nos adhérents autour de sujets particuliers (groupe Asie ou SFANS, Section Française de l’American Nuclear Society par exemple) ou par affinités particulières (Women in Nuclear, les jeunes sociétaires pour les étudiants ou la Jeune Génération pour les jeunes professionnels). Leurs activités sont très diverses. Par exemple le groupe SFANS organise tous les trois ans un voyage en France pour des universitaires américains et propose des aides financières pour permettre à ces étudiants français d’étudier aux Etats-Unis. Le groupe Asie a noué des relations depuis 30 ans avec des partenaires Chinois, cette année sera l’occasion de célébrer cette collaboration.
Qui sont les adhérents de la SFEN ?
VF : La SFEN c’est près de 2500 professionnels en activité. Ce sont aussi 300 étudiants et un groupe « jeune génération » extrêmement dynamique qui anime la communauté des nouveaux embauchés de notre industrie, laquelle est en plein renouvellement de génération. Nous avons aussi bien sûr la chance exceptionnelle d’accueillir parmi nos membres des retraités de très grand talent, qui ont participé à la grande aventure du programme nucléaire français. La SFEN est un lieu exceptionnel de brassage de générations, un formidable lieu de vie et d’échanges, et qui contribue à préparer le nucléaire de demain. Elle est gérée par un Conseil d’Administration, actuellement présidé par Luc Oursel.
Au niveau de nos actions, trois populations sont à distinguer : -* les 300 bénévoles des bureaux des Groupes et des Sections de la SFEN : nous devons leur apporter les outils et le support dont ils ont besoin pour réaliser leurs projets -* les membres qui peuvent adhérer à la SFEN pour des raisons très variées. Nous devons mieux comprendre leurs attentes en général et aussi leur donner les moyens de contribuer par leur expertise au débat public dans les rencontres en région et sur internet. -* les personnes qui, sans pour autant être adhérentes, qui se reposent sur la SFEN comme une source d’information de qualité et de confiance sur le nucléaire et l’énergie en général. Nous pensons entre autres à l’ensemble des employés du nucléaire. Ces trois populations ont des attentes très différentes. A nous de leur donner envie de s’impliquer plus dans les différentes activités de la SFEN !
Quels sont les actions de la SFEN dans le cadre du débat nationale sur la transition énergétique ?
VF : Nous avons lancé trois types d’actions : – la remise d’un cahier d’acteur dans le cadre du débat – un dispositif d’information sur internet – des actions au contact du public, avec entre autres des événements labellisés – nous avons rédigé un cahier d’acteur dans le cadre du débat national sur la transition énergétique Ce cahier d’acteur que nous avons préparé avec le soutien des différentes sections et groupes de la SFEN présente nos propositions à l’horizon 2025 et sera remis au gouvernement cette semaine. Notre seconde priorité est faire en sorte que l’information utile au débat soit disponible et visible sur internet. Sur le média internet, on trouve beaucoup d’informations très biaisées, voire carrément fausses. Trop souvent ces fausses informations ont plus de visibilité que les informations factuelles, car beaucoup d’organisations qui s’opposent au nucléaire savent bien utiliser ce media, et en connaissent les règles. Ce n’est en général pas le cas des experts du nucléaire : ce sont des scientifiques, des ingénieurs spécialistes de l’énergie, pas des militants. Ce déséquilibre sur l’information ne permet pas de débattre sereinement. Nous avons la volonté de diffuser de manière efficace une information juste et non partisane sur le nucléaire..
Nous avions déjà le site qui accueille plus de 40000 visiteurs par mois, ainsi que le site et la newsletter de la SFEN Jeune Génération. Nous avons complété notre dispositif internet par de nouveaux outils. Nous avons ainsi créé un blog dédié au débat et un compte twitter pour relayer et diffuser l’information. Sur le blog nous mettons en ligne des interviews, des articles, des comptes rendu de réunion, des avis sur des livres traitant des enjeux de l’énergie. Le compte twitter nous permet de tenir au courant nos « followers » de réagir à certains articles, de livetwitter des conférences (la Convention Nationale du 3 Avril sera livetweetée).. Le but est clairement d’améliorer le référencement de nos plateformes dans Google et ainsi rendre le plus visibles possible les informations que nous estimons nécessaires à ce débat Dernier axe d’actions : la participation aux réunions publiques. Nos experts se rendent disponibles à l’occasion des débats. La SFEN organise aussi directement trois grands événements labellisés « débat sur la transition énergétique » : le 23/03 à Aix, le 03/04 à Paris et le 11/04 à Lyon.
Pouvez vous nos présenter les premières actions menées par la SFEN depuis votre prise de fonction et les prochaines étapes de son développement ?
VF : J’ai pris mes fonctions en plein démarrage du débat et les actions liées au débat sur la transition énergétique, en particulier sur internet, ont été ma priorité. J’ai pu néanmoins, dans le cadre de ma prise de fonction, rencontrer déjà beaucoup de personnes à l’intérieur et à l’extérieur de la SFEN. Cela m’a permis, au cours de ces dernières semaines, de bien évaluer les formidables compétences et atouts regroupés dans notre association, et de rassembler des idées pour de nouveaux projets, de nouvelles actions. Nous avons déjà des premières pistes de travail. Déjà, nous avons pu très rapidement travailler sur l’image de la SFEN. Une nouvelle charte graphique a été lancée fin Janvier. Elle comporte une légère évolution du logo, plus lisible et plus dynamique. Nous adaptons toute notre communication à cette charte. Nous avons lancé la rénovation du site internet, et continueront sur toute l’année 2013.
Nous avons en tête la mise en place d’un module d’agenda commun à tous les groupes et les sections de la SFEN ainsi que le lancement d’une newsletter électronique pour mettre en avant les initiatives et les actualités de tout le réseau SFEN. Et en parallèle de tout ça, un nouveau débat national se profile sur le stockage géologique des déchets à vie longue ce qui nous promet à nouveau des échanges intéressants. Bref les échéances et les occasions pour la SFEN de jouer son rôle de société savante ne manquent pas !