L’industrie nucléaire se réinvente pour relever les défis de 2030

Au salon World Nuclear Exhibition, la SFEN a publié son papier de position sur les innovations organisationnelle, technologique et économique à mettre en œuvre pour permettre à la filière nucléaire française de se réinventer et de relever les défis de 2030. Le document a été remis le 28 juin à Emmanuel Macron, Ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique.

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L’industrie nucléaire, troisième filière industrielle de France [1], est à un moment charnière de son histoire. Financièrement fragilisée, elle est confrontée à un marché européen de l’électricité en crise qui n’encourage pas les investissements de long terme. A ces problèmes exogènes s’ajoutent des difficultés internes : les industriels, qui n’avaient plus construit depuis 15 ans, souffrent de retards sur les grands chantiers et doivent être recapitalisés pour faire face à leurs besoins en investissement.

Les fondamentaux et les perspectives du marché nucléaire mondial restent positifs. Pour répondre au doublement de la demande en électricité et à la lutte contre le dérèglement climatique, l’OCDE [2] prévoit un doublement de la capacité nucléaire mondiale d’ici 2050. Plus de 70 réacteurs sont déjà en chantier dans le monde, en particulier en Asie. En Europe et aux Etats-Unis, de nombreux réacteurs sont rénovés pour être exploités jusqu’à 60 ans, voire au-delà.

L’innovation est la clé de voûte du développement de l’énergie nucléaire depuis son origine. Dans un marché en croissance, soumis à une concurrence de plus en plus forte, la filière française doit aujourd’hui se réinventer et innover sur tous les champs : organisationnel, en mettant en œuvre de nouveaux modes de collaboration entre les entreprises ; technologique, en proposant une gamme de produits et services en accord avec les attentes du marché ; et économique, en proposant de nouveaux mécanismes de marché.

I. Pourquoi innover ? Les défis de la filière nucléaire pour 2030

L’énergie nucléaire doit garantir une électricité bas-carbone compétitive. La rénovation du parc pour une exploitation au-delà de 40 ans est l’option la plus compétitive pour les années à venir. La compétitivité des réacteurs de troisième génération doit être renforcée. A l’export, la France devra conforter sa place dans le peloton de tête des leaders du nucléaire mondial, sur le marché des constructions de nouveaux réacteurs et sur le marché des services aux installations existantes. Pour se différencier, elle devra soutenir un rythme d’innovation continu et répondre aux attentes du marché. Enfin, l’industrie nucléaire devra répondre aux nouvelles attentes sociétales et environnementales de la société civile.

II. Innovations organisationnelle, sociale, environnementale et technologique : la filière nucléaire se met en ordre de marche

Les grands acteurs de la filière nucléaire se réorganisent pour être plus efficaces. L’open innovation permet de mobiliser l’ensemble des entreprises et au-delà. La France développe des partenariats stratégiques internationaux pour maintenir son avance technologique. L’industrie nucléaire innove pour répondre aux attentes environnementales et sociétales. Elle développe les technologies nucléaires, réacteurs et usines du cycle, qui lui garantissent une avance technologique. La transformation digitale de l’industrie nucléaire permettra de réaliser des gains de compétitivité et dessinera de nouveaux modes de travail.

III. De nouvelles politiques publiques pour le nucléaire de 2030

(1) Imaginer le modèle économique du nucléaire 2030 en donnant une visibilité aux investisseurs sur les temps longs, en réformant le marché du carbone et en prenant en compte la pollution atmosphérique évitée. (2) Repenser la réglementation pour libérer l’esprit d’innovation en réalisant un choc de simplification et en accompagnant les 2 500 entreprises à l’export. (3) Préparer demain en investissant dans la recherche.