Fukushima : où en est la situation énergétique du Japon et le programme électronucléaire va-t-il être relancé ? - Sfen

Fukushima : où en est la situation énergétique du Japon et le programme électronucléaire va-t-il être relancé ?

Publié le 10 mars 2014 - Mis à jour le 28 septembre 2021

Dans son « Basic Energy Plan » rendu public le 25 février 2014, le gouvernement japonais désigne le nucléaire comme une « énergie de base » du pays. Il affirme également son objectif de développer les énergies renouvelables, ce qui permettra au pays de réduire sa dépendance au nucléaire dans le domaine de la production d’électricité. Il faut noter que les élections générales de décembre 2012 ont vu l’arrivée à la tête du gouvernement de M. Abe, dont la politique clairement proclamée était – et est toujours – un retour progressif de l’énergie nucléaire au Japon, alors que ses deux prédécesseurs, MM. Kan et Noda, en annonçaient l’abandon définitif.

On peut aussi remarquer le peu de succès aux élections municipales de Tokyo, en février 2014, des deux candidats ouvertement antinucléaires et l’élection d’un gouverneur pro-nucléaire. Tout indique que l’on s’achemine aujourd’hui vers le redémarrage d’un programme électronucléaire à l’heure actuelle totalement arrêté.  

Redémarrage probable de quelques réacteurs en 2

Au cours de l’année 2012, les tranches 3 et 4 de la centrale de Ohi (réacteurs à eau sous pression exploités par la société Kansai) ont eu l’autorisation temporaire de redémarrer, jusqu’à épuisement de leur combustible. Ils doivent maintenant suivre la procédure commune. Tous les autres dossiers ont été gelés en attente de la mise en place d’une nouvelle autorité de sûreté. Actuellement, 16 réacteurs sont en attente d’une décision de la NRA qui pourrait intervenir, pour les premiers, à l’été 2014. Le gouvernement a par ailleurs autorisé la reprise de la construction de trois centrales dont le niveau d’avancement était de 90, 40 et 10%. Que peut-on anticiper à court terme ? Sans doute l’autorisation du redémarrage d’une bonne dizaine de réacteurs, dans les sites où l’opposition locale ou celle du gouverneur n’est pas trop forte. Pour le moyen terme, beaucoup dépendra des conditions de retour des populations évacuées, même si l’opinion japonaise est surtout préoccupée aujourd’hui par la situation économique du pays.  

…pour débloquer un programme à l’arrêt

Rappelons que juste après l’accident, les 14 réacteurs implantés sur 4 sites dans la zone dévastée par le tsunami ont été arrêtés. Les réacteurs de Fukushima Daiichi ne redémarreront jamais. Le gouvernement a exigé l’arrêt de 3 réacteurs supplémentaires à Hamaoka dans les semaines qui ont suivi l’accident et demandé des renforcements prioritaires face au risque de tsunami. Puis, un par un, les réacteurs indemnes se sont arrêtés quand ils ont épuisé leur combustible et leur redémarrage est soumis à un long processus : présentation par l’opérateur d’un dossier justifiant les renforcements effectués en réponse aux nouvelles exigences réglementaires publiées en juillet 2013, analyse et acceptation du dossier par l’autorité de sûreté japonaise, la NRA, autorisation des communes et du gouverneur de la préfecture concernée (sachant que le gouvernement actuel a fait savoir qu’il ne s’opposerait pas à de telles décisions de remise en service).  

Lourdes conséquences pour l’économie japonaise

Passer de 30% d’électricité d’origine nucléaire à 0% a eu des conséquences très lourdes pour l’économie japonaise : augmentation significative des importations de gaz et de charbon, passage « en base » de turbines au fuel qui n’étaient utilisées que quelques heures par an pour assurer la pointe de consommation, etc. Sur l’année 2013, le coût des importations de combustibles fossiles a augmenté de 36 milliards de dollars, et le Japon a dû abandonner ses objectifs de réduction des émissions de CO2, décision douloureuse pour le promoteur du Protocole de Kyoto en 1997 ! Le gouvernement a dû aussi sauver la société TEPCO de la faillite par une quasi-nationalisation, et tous les autres électriciens sont dans une situation financière difficile. Enfin, le prix de l’électricité a augmenté pour les entreprises et les particuliers (de l’ordre de 15 % à 20 %).  

 

  Télécharger le dossier complet de la SFEN Fukushima : état des lieux et perspectives en 2014     

Par Bertrand Barré