1/10 - France Relance et le nucléaire : un solide partenariat - Sfen

1/10 – France Relance et le nucléaire : un solide partenariat

Publié le 9 novembre 2021 - Mis à jour le 10 décembre 2021

Interview de Jean-François Debost, directeur général de Nuclear Valley

Initié dans un contexte de crise sanitaire majeure pour relancer rapidement l’économie et obtenir des résultats efficaces en matière de décarbonation, de reconquête industrielle et de renforcement des compétences et des qualifications sur le territoire, France Relance est sur les rails.

Quelles sont les étapes de ce plan concernant le volet « nucléaire » ? Où en sommes-nous à fin octobre 2021 ?

Jean-François DebostEnclenché le 18 novembre 2020, le volet nucléaire de France Relance est doté d’une enveloppe de 470 millions d’euros et comporte différents dispositifs d’accompagnement et d’aides qui ont tous été lancés. Chaque dispositif a fait l’objet d’Appels à projets (AAP) dédiés avec différentes dates de relève des dossiers. Parmi les différentes mesures, deux ont particulièrement mobilisé les entreprises et organismes de la filière. D’une part, le soutien de projets de modernisation, de développement ou de (re)localisation des sites industriels au service de la filière électronucléaire, ainsi que des projets de recherche et  développement destinés à renforcer la compétitivité des entreprises et à lever les verrous technologiques à leur performance ; d’autre part, le soutien de projets d’ingénierie de formations professionnelles permettant le développement, le renforcement ou le maintien des compétences de la filière nucléaire française, notamment dans les métiers jugés critiques.

L’opérateur Banque publique d’investissement (Bpifrance), pour ces deux guichets, a ainsi reçu 194 candidatures individuelles ou de consortiums. À ce jour, l’État a retenu 94 projets représentant 366 millions d’euros d’investissement en région, accompagnés de 110,5 millions d’euros d’aides publiques. Nous attendons avec impatience la liste des derniers projets lauréats d’ici fin 2021.

Enfin, ce volet nucléaire vise à favoriser l’innovation en matière de gestion des matières et déchets radioactifs. Dans ce cadre, un appel à projets, doté d’environ 70 millions d’euros et opéré par Bpifrance en lien avec l’Andra, a été publié le 2 juillet 2021. Cet AAP est ouvert jusqu’au 1er mars 2022, avec une relève intermédiaire qui sera réalisée le 2 novembre 2021.

En quoi Nuclear Valley a-t-il été impliqué dans le plan France Relance ?

J.-F. D. : Nous avons été impliqués dès mai 2020 par la Direction générale des entreprises (DGE) et la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) dans la préparation du cahier des charges et du règlement de participation à l’AAP « Résilience secteur stratégique ». Dès la publication de l’AAP en novembre 2020, nous avons organisé, au côté du Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire (GIFEN), différents webinaires de présentation pour mobiliser un maximum d’entreprises. Cet AAP a été le thème central de notre événement « Rendezvous Nuclear-Valley » qui a réuni plus de 700 participants en ligne. Les ministères, tout comme les vice-présidents des Conseils régionaux de Bourgogne – Franche-Comté et Auvergne – Rhône-Alpes et leurs services, ont ainsi animé des conférences et des ateliers sur l’ensemble des dispositifs nationaux et régionaux.

« Enclenché le 18 novembre 2020, le volet nucléaire de France Relance est doté d’une enveloppe de 470 millions d’euros (…). À ce jour, l’État a retenu 94 projets représentant 366 millions d’euros d’investissement en régions, accompagnés de 110,5 millions d’euros d’aides publiques »

De par notre délégation de service public pour la labélisation de projets de Recherche développement innovation (RDI), nous avons accompagné plus de 200 entreprises sur ce plan. Cette labélisation apporte la garantie au financeur public, ici l’État, que le projet soumis pour une demande de subvention est bien innovant et créera de la valeur (emploi, chiffre d’affaires, etc.) sur le territoire. Nous avons ainsi eu en instruction plus de 80 projets et avons émis plus de 50 labels. Cela a représenté un important travail de relecture, de montage de projets voire de recherche de partenaires, pour les chargés de missions de notre pôle, piloté par Guillaume Tremblay, directeur technique de Nuclear Valley. 100 % des projets retenus au volet nucléaire de France Relance ont été vus par le pôle.

D’autant que tout ce travail a dû s’effectuer en pleine crise sanitaire…

J.-F. D. : En effet. Nous nous sommes adaptés en numérisant l’ensemble de nos processus, en mettant à disposition des entreprises candidates un cloud sécurisé souverain pour qu’elles puissent soumettre à l’analyse des experts de notre conseil scientifique, en toute sécurité, l’ensemble des pièces techniques de leur projet. De même, a été mis à disposition un questionnaire d’auto-évaluation, développé en collaboration avec la DGE et DGEC, pour que les entreprises puissent elles-mêmes vérifier la recevabilité de leur projet.

Nous avons été également impliqués sur le dispositif « Renforcement des compétences nucléaires ». En tant que membre fondateur de l’Université des métiers du nucléaire (UMN), nous avons fait partie du jury qui a instruit plus de 50 dossiers de formation. Il reste aujourd’hui un AAP ouvert, celui sur les déchets et la fermeture du cycle. Les experts concernés du conseil scientifique du Pôle ont d’ailleurs été intégrés au conseil technologique de l’Andra, qui émettra un avis sur les dossiers déposés au guichet Bpifrance.En tant qu’organisme parapublic, nous avons donc été au plus proche des entreprises pour qu’un maximum d’entre elles puissent bénéficier de notre aide en vue d’un soutien de l’État pour accélérer leurs projets de R&D et de modernisation. Nous sommes d’ores et déjà prêts à déployer cette organisation au service du plan « France 2030 ».

Comment interagissez-vous avec les autres parties prenantes, comme le GIFEN, Bpifrance, l’État, etc. ?

J.-F. D. : En tant qu’opérateurs de services publics, nous sommes en interaction avec différents pouvoirs publics : les ministères (DGE, DGEC, DGA), des conseils régionaux (Bourgogne – Franche-Comté et Auvergne – Rhône-Alpes), des communautés de communes (Le Grand Chalon, Creusot Montceau, La Plaine de l’Ain). Ces pouvoirs publics sont d’ailleurs présents au conseil d’administration du Pôle Nuclear Valley.

Nous travaillons main dans la main avec la BPI pour partager nos analyses sur les projets soumis à France Relance. S’agissant du GIFEN, nous sommes en étroite collaboration et sommes présents dans différentes commissions. Le pôle est d’ailleurs rapporteur de la commission R&D. Nous avons aussi un accord de coopération avec l’IFARE1, Pôle Emploi, l’UIMM ou l’UMN en tant qu’administrateur, sur les sujets de formations et d’emplois. C’est aussi le cas avec la Sfen sur divers événements.

Enfin, les projets d’innovation que nous instruisons nous conduisent régulièrement à collaborer avec d’autres pôles de compétitivité, différents IRT (SystemX, Jules Verne, etc.) et d’autres associations de type cluster présentes dans différentes régions (Eclid, Neopolia, Normandie Énergie, La Vallée de l’Énergie, Robotics Valley, etc.). Bref, nous sommes au coeur des écosystèmes d’entreprises ou d’organismes sur l’ensemble du territoire.


1. Association issue d’entreprises implantées dans la Vallée du Rhône.

Photo Jean-François Debost – © DR – Propos recueillis par la rédaction, Sfen