Framatome lance la concertation sur sa future forge géante pour les EPR2 - Sfen

Framatome lance la concertation sur sa future forge géante pour les EPR2

Publié le 2 juin 2025 - Mis à jour le 3 juin 2025

Face à la relance du nucléaire français, Framatome lance une concertation publique sur son projet Forge+, un atelier de forge géant au Creusot. Objectif : relocaliser la production de composants critiques et doubler sa capacité pour les futurs réacteurs EPR2.

Depuis le 27 mai, Framatome a lancé la concertation préalable sur le projet Forge+, un nouvel atelier de forge situé dans la zone industrielle du Creusot. Cette concertation, encadrée par la Commission nationale du débat public (CNDP), se déroulera jusqu’au 27 juillet prochain via de nombreuses rencontres locales et une plateforme web dédiée. Un dossier de concertation détaillé a été mis à disposition du public.

Face à la demande croissante en électricité bas carbone et au renouvellement programmé du parc nucléaire français, le projet Forge+ constitue une réponse industrielle structurante. Il vise à doubler la capacité de production de composants forgés de Framatome, en particulier ceux du circuit primaire des réacteurs EPR et EPR2. Ces composants, soumis à des conditions extrêmes (températures supérieures à 300 °C et pressions de 150 bars), sont aujourd’hui partiellement sous-traités à Japan Steel Works (JSW), seul acteur mondial capable de produire les plus grandes pièces.

Grâce à Forge+, ces productions pourront être relocalisées en France, assurant ainsi un meilleur contrôle de la chaîne d’approvisionnement pour les futurs réacteurs. À pleine capacité, Framatome pourra produire chaque année 100 % des composants nécessaires à deux réacteurs EPR2, un rythme en phase avec les objectifs de l’État et d’EDF à l’horizon 2035.

Cette montée en puissance se fera en deux étapes : une première phase permettra de produire l’équivalent de 1,5 réacteur par an, puis une seconde phase, rendue possible par l’installation d’équipements d’usinage supplémentaires, portera cette capacité à deux réacteurs par an. Le projet s’inscrit dans une trajectoire nationale ambitieuse, impulsée par le discours de Belfort du Président de la République en février 2022, qui annonçait six EPR2 fermes et huit supplémentaires à l’étude — soit jusqu’à 14 nouveaux réacteurs d’ici 2050.

Un chantier majeur à horizon 2026–2030

Sous réserve de la validation officielle de la commande de 8 EPR2 supplémentaires, les travaux préparatoires pourraient démarrer fin 2026. La mise en service progressive des équipements industriels est envisagée à partir de 2030, pour atteindre la capacité nominale complète dans un délai de cinq ans. Ce calendrier inclut l’appel d’offres pour les équipements (presses, fours, usinage), le dépôt des autorisations environnementales et la construction du raccordement électrique souterrain assuré par RTE.

La forge sera un atelier autonome, d’une superficie comprise entre 30 000 et 40 000 m², intégré dans un site industriel de 10,5 hectares. Elle comprendra :

  • six fours atteignant jusqu’à 1300 °C, capables de traiter des pièces de 450 tonnes,

  • une bâche de trempe d’environ 1 400 m³,

  • six ponts roulants pour la manutention des lingots et pièces forgées,

  • des équipements d’usinage de haute précision.

Sur le plan local, le projet renforce le rôle de Framatome comme premier employeur privé de Saône-et-Loire, avec environ 100 salariés simultanément présents sur le site Forge+ et un nombre total de nouveaux emplois estimé entre 190 et 240. Le coût total du projet est évalué à 579 millions d’euros, intégralement financé par Framatome et EDF. Il comprend également la création, par RTE, d’une liaison électrique souterraine de 225 000 volts sur 10 km, nécessaire à l’alimentation de la nouvelle forge.

Lors de la première réunion publique organisée au Creusot, en présence de représentants de l’État, d’EDF, de Framatome, de la Sfen et de négaWatt, plus de 70 participants ont pris part aux échanges, portant notamment sur les enjeux environnementaux et les retombées locales en matière d’emploi. ■

Par Ludovic Dupin (Sfen)
Image : Framatome