Exploiter les centrales dans la durée : quel impact sur le volume des déchets ? - Sfen

Exploiter les centrales dans la durée : quel impact sur le volume des déchets ?

Publié le 30 juin 2015 - Mis à jour le 28 septembre 2021
micheletallec

L’Andra a publié l’édition 2015 de l’inventaire national des matières et déchets radioactifs. L’agence a réalisé un exercice de prospective, évaluant l’évolution des volumes de déchets selon deux scénarios : la prolongation et l’arrêt de la production d’électricité nucléaire. Passage en revue des principaux enseignements avec Michèle Tallec, chef du service inventaire et planification de l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs).

 


90 % des déchets produits sont de faible ou de moyenne activité à vie courte.


Quels sont les points à retenir de l’édition 2015 ?

Le premier constat, c’est qu’il n’y a pas de surprise ! Que ce soit en termes de stock à fin 2013 ou de prévisions à terminaison des installations à fin 2020/2030, les chiffres correspondent aux projections.

Deuxième point, l’inventaire confirme que l’Andra a une solution industrielle exploitée et opérationnelle pour 90 % des déchets produits chaque année. Autrement dit, 90 % des déchets produits sont de faible ou de moyenne activité à vie courte.

Troisième point, la plus grande partie des déchets qui vont être produits d’ici la fin de l’exploitation des installations sont des déchets de démantèlement : plus de la moitié des déchets produits d’ici 2030 sont des déchets de très faible activité (TFA).

Les déchets vont-ils « tripler » ?

Les prévisions évaluent 4,3 millions de m3 de déchets à terminaison des installations. Il s’agit donc d’un horizon lointain : on intègre même les déchets du démantèlement de l’EPR de Flamanville ! Un démantèlement qui n’est pas prévu avant la fin des années 2000… Les déchets vont donc tripler. Mais, la part la plus importante de ces déchets viendra du démantèlement. Pour l’essentiel, il s’agit de déchets TFA et dans une moindre mesure de déchets de faible et de moyenne activité à vie courte. Si l’on regarde les déchets de haute activité ou de moyenne activité à vie longue, ils vont augmenter de manière plus faible.

Que doit-on retenir de l’inventaire prospectif ?

Il y a quelques années, l’Andra a souhaité faire des évaluations des déchets sur la base des scénarios prospectifs. Le comité de pilotage, qui associe toutes les parties prenantes, l’État, les autorités de sûreté, les producteurs de déchets et la société civile, a souhaité que l’Andra se limite à deux scénarios de politique énergétique. Le premier est la poursuite de la production électronucléaire avec un plafonnement à 63,2 GWe. Dans le second scénario, les installations ne sont pas renouvelées quand elles arrivent au terme de leur exploitation. Pour le premier scénario, on suppose une durée de fonctionnement de 50 ans en moyenne, contre 40 ans en moyenne dans le second.

Premier enseignement : la production de déchets de très faible activité et de moyenne activité à vie courte n’est pas très dépendante des scénarios. (NDLR : celle des déchets de faible activité à vie longue est indépendante de ces scénarios puisqu’il s’agit essentiellement de déchets de graphite des réacteurs de 1re génération).

Deuxième enseignement : les con-séquences porteront surtout sur les déchets de haute activité et de moyenne activité à vie longue. L’impact portera davantage sur la nature des déchets à stocker que sur leur volume. Car ne pas renouveler le parc nucléaire implique qu’il faudra arrêter de retraiter le combustible usé pour le stocker, ce qui n’est pas le cas dans le scénario de poursuite du nucléaire. Cela a donc des conséquences sur le projet Cigéo, notamment en termes de conception industrielle du centre de stockage. 

 

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Par Michèle Tallec, Chef du service Inventaire et planification de l’Andra