Énergies renouvelables et nucléaire : trouver le bon équilibre - Sfen

Énergies renouvelables et nucléaire : trouver le bon équilibre

Publié le 4 mars 2013 - Mis à jour le 28 septembre 2021
  • Climat

Publié dans ENERPRESSE, 28 février 2013, rubrique « L’endroit du Débat ». Interview de Francis  SORINPropos recueillis par Françoise Marie

Qu’attendez-vous de ce débat ?

Francis  SORIN : Qu’il mette en lumière les vrais enjeux et qu’il dissipe quelques mirages ! Pour la France, la priorité est de restreindre le recours aux combustibles fossiles, chers, polluants et facteur de dépendance. Il y a deux moyens pour cela : faire baisser la demande énergétique par une consommation plus sobre et faire monter l’apport des énergies non carbonées, soit les énergies renouvelables et nucléaire. Cette stratégie, il faut la mener avec le souci de conforter la compétitivité des entreprises et de préserver le pouvoir d’achat des ménages. Une énergie à des coûts raisonnables, une électricité qui reste bon marché, voilà aussi un des enjeux de la transition.

Et le « facteur 4 », pour réduire les rejets de CO2 ?

FS : Il faut y tendre bien sûr. Mais permettez-moi de rappeler que  grâce à  un  système électrique fondé sur une combinaison de nucléaire et d’hydraulique la France émet très peu de CO2. Nous sommes un des pays industrialisés les moins pollueurs, deux fois moins que l’Allemagne ou le Danemark en tonnes par  habitant ! Alors oui, il nous faut continuer de réduire nos rejets de CO2 mais ce n’est pas là l’enjeu primordial de la transition énergétique  pour notre pays. L’enjeu est plutôt pour nos voisins fortement pollueurs !

Ne craignez-vous pas un impact négatif de ce débat sur le nucléaire ?

FS : Il est vrai que certains scénarios annoncent une baisse massive de la demande et une accélération exponentielle des renouvelables, cela conduisant à abandonner le nucléaire ! C’est là une vision militante bien éloignée des réalités sociétales.  Attention aux mirages ! Il serait risqué  de fonder une politique sur de telles prospectives.  Je préfère imaginer un impact positif  du débat parce que le nucléaire a un bon « dossier ».

C’est un secteur  formidablement dynamique de l’économie française. Dans tous les domaines il tire le pays vers le haut : pouvoir d’achat, grâce à une électricité bon marché, compétitivité, industrialisation, emplois, exportations se chiffrant en milliards d’euros chaque année… En ces temps de crise il serait irresponsable de « détricoter » un outil aussi profitable. Parallèlement, les énergies renouvelables doivent se développer et un des principaux enjeux d’une transition réussie est de trouver le bon équilibre entre renouvelables et nucléaire.

C’est autour d’eux que doit s’organiser le mix électrique de demain. Quel sera le niveau de la demande d’électricité ? Quelle sera la pénétration des ENR ? Nul ne peut prédire l’évolution de ces paramètres fondamentaux. Alors les hypothèses forgées doivent être  prudentes et dans tous les cas, face à aux incertitudes, il faut continuer de s’appuyer sur le nucléaire et le maintenir comme le pilier essentiel de notre approvisionnement en électricité.

Par Françoise Marie

  • Climat