[Elles ont fait le nucléaire] Leona Woods, une femme au cœur du tout premier réacteur - Sfen

[Elles ont fait le nucléaire] Leona Woods, une femme au cœur du tout premier réacteur

Publié le 4 août 2025 - Mis à jour le 11 août 2025

Elles s’appelaient Lise Meitner, Ida Noddack ou Chien-Shiung Wu… Physiciennes, ingénieures, chimistes, elles ont joué des rôles majeurs dans l’histoire de la science nucléaire, souvent moins reconnues que leurs homologues masculins. Cet été, la RGN met en lumière ces femmes essentielles de l’atome. Aujourd’hui, découvrons Leona Woods, qui a participé au démarrage du premier réacteur nucléaire de l’histoire en 1942.

Le 2 décembre 1942, à Chicago, un petit groupe de physiciens, mené par Enrico Fermi, entre dans l’histoire en déclenchant la première réaction en chaîne auto-entretenue. Ce jour-là, dans le secret du Chicago Pile-1, l’humanité accède à une nouvelle source d’énergie. Parmi les éminents scientifiques présents au moment de la criticité, une seule femme : Leona Woods, tout juste 23 ans.

À peine diplômée d’un doctorat en physique moléculaire, elle rejoint l’équipe de Fermi au Metallurgical Laboratory, apportant son expertise sur les compteurs à neutrons. C’est elle qui installe, calibre et surveille les instruments clés qui permettront de mesurer la montée en puissance du tout premier réacteur nucléaire. Un rôle technique de premier plan dans un moment qui a changé le monde.

Une scientifique précoce et discrète

À Hanford, où elle est envoyée après Chicago, elle joue un rôle crucial dans la résolution d’un problème inattendu : l’empoisonnement au xénon, un isotope qui absorbait les neutrons et ralentissait la réaction en chaîne. Malgré ses contributions majeures, Leona Woods est restée une figure relativement peu connue du grand public. Elle n’apparaît pas, par exemple, dans le film Oppenheimer (2023) de Christopher Nolan, qui met pourtant en scène plusieurs personnalités liées à la Pile-1. Elle-même reconnaissait, un peu fataliste, que de nombreuses femmes scientifiques de sa génération avaient vu leur rôle sous-estimé ou ignoré.

Après la guerre, elle continue sa carrière dans les domaines de l’astrophysique, de la physique atmosphérique et de l’histoire du climat. Elle publie sous le nom de Leona Marshall Libby, après son mariage avec le chimiste Willard Libby, futur prix Nobel.

Retrouvez tous les épisodes de notre série [Elles ont fait le nucléaire].

Par Ludovic Dupin, Sfen

Image : Leona Woods en 1942