EDF « confiant » sur le bon fonctionnement du fond et du couvercle de cuve de l’EPR - Sfen

EDF « confiant » sur le bon fonctionnement du fond et du couvercle de cuve de l’EPR

Publié le 4 juillet 2017 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Interview de Laurent Thieffry, Directeur du projet Flamanville 3 chez EDF. 

Comment réagissez-vous à cette décision de l’ASN, notamment le fait qu’elle impose des demandes complémentaires ? Etes-vous surpris par ces demandes ?

Laurent Thieffry – L’Autorité de sûreté nucléaire a jugé que le programme de justification que nous avons mis en œuvre était satisfaisant en ce qu’il apportait la démonstration du caractère sûr de la cuve de Flamanville. Nous étions confiants compte tenu de la complétude du programme réalisé qui s’appuie sur plus de 1 600 essais et mesures.

S’agissant des demandes complémentaires, elles s’inscrivent dans une approche réglementaire qui consiste à démontrer, dans la durée, par des contrôles réguliers, l’aptitude au fonctionnement de la cuve, dans toutes les situations. Ce n’est pas une surprise pour nous, cela était déjà mentionné dans la lettre de suite de l’ASN de décembre 2015 et nous avions anticipé ces demandes, notamment pour l’adaptation du dispositif de suivi en service du fond de cuve.

Au vu du programme d’essais réalisé, nous sommes confiants sur ce bon fonctionnement dans la durée. Il s’agit d’un programme d’essais sans précédent. Il y a eu plus d’essais réalisés sur le fond et le couvercle de cuve de Flamanville 3 que pour l’ensemble du code RCCM.

Que signifie l’exploitation de la cuve sous aspect dérogatoire ?

LT – La sûreté repose sur un ensemble de dispositions réglementaires et de normes de conception qui permettent de garantir qu’un matériel dispose bien des qualités requises pour fonctionner en toute sûreté.


Le programme s’appuie sur plus de 1 600 essais et mesures.


Dans le cadre de la mise en œuvre de ces dispositions réglementaires et de ces normes il est prévu des hypothèses pour lesquelles des dérogations peuvent être prévues, à la condition que l’opérateur EDF prenne des mesures complémentaires permettant de démontrer et de garantir dans la durée le niveau de sûreté.

A cet égard, les mesures de suivi en service de la cuve permettront de confirmer qu’elle dispose bien des garanties de sûreté attendues. Cette exploitation dérogatoire se réfère à la réglementation et non pas à des propriétés mécaniques, cela ne signifie pas que nous exploitons le réacteur avec un moindre niveau de sûreté.

Pourquoi changer le couvercle en 2024 ?

LT – Nous n’avons pas de doute concernant la sûreté et la robustesse du couvercle, encore une fois les résultats du programme d’essais sans précédent que nous venons de mener le prouvent.

Cependant, lASN demande à l’exploitant le remplacement du couvercle en 2024. Elle fonde sa position sur l’absence de procédé de suivi en service disponible et qualifié à la date d’aujourd’hui. L’échéance de 2024 est celle qui correspond au temps de fabrication d’un nouveau couvercle et de ses accessoires et qui garantit le remplacement du couvercle avant le requis du premier contrôle de suivi en service. Pour autant EDF va, en parallèle, créer les conditions optimales pour développer et qualifier d’ici cette échéance un procédé de suivi en service du couvercle qui satisfasse au niveau requis et, en cas de succès, revenir vers l’ASN avec une nouvelle demande quant au devenir du couvercle. 


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Changer le couvercle implique un arrêt de combien de temps ? Avez-vous déjà réalisé ce type d’opération par le passé ?

LT – Ce type d’opération dure de 4 à 9 mois selon le scénario de remplacement retenu (pré-équipement avant l’entrée dans le bâtiment réacteur ou pas, travaille en 2×8 ou 3×8).

Des opérations de changement de couvercle de cuve ont effectivement déjà eu lieu pour l’ensemble du parc nucléaire hors palier N4 (1400 MW), soit 54 réacteurs.

Néanmoins elles ne sont pas comparables à celle de l’EPR. En effet, il s’agit ici d’un couvercle de technologie différente et très instrumenté.

 

Photo : Opérations de montage sur le couvercle de cuve fin 2016 – Crédit : Morin Alexis / EDF


Par la rédaction