Déchets nucléaires : quand Internet remplace les réunions
Des militants anti-nucléaires ont saboté les réunions publiques sur le projet CIGEO d’enfouissement profond des déchets nucléaires. Mais le débat a eu lieu, sur Internet notamment. Face à l’opposition virulente de quelques groupes militants, les réunions publiques prévues dans le cadre du débat officiel sur le projet Cigéo (le Centre industriel de stockage de déchets radioactifs préparé par l’ANDRA) ont dû être annulées. Pour surmonter cette obstruction, le débat, qui s’est achevé le 15 décembre, a mis en œuvre, à l’initiative de la CPDP, beaucoup d’autres moyens d’information et de confrontation. Ceux-ci se sont révélés assez performants pour favoriser plus que convenablement l’implication citoyenne. La démocratie y a-t-elle gagné au change ? A voir. En tout cas on peut dire qu’elle n’y a pas perdu !
70 000 visites sur le site internet
La CPDP a joué à fond la carte d’Internet, mettant en place un site interactif censé favoriser les échanges. Le bilan rendu public au 10 décembre fait état de plus de 70 000 visites du site et de plus de 1000 messages déposés, exprimant des avis ou des questions ! Neuf débats entre représentants de l’ANDRA et opposants à Cigéo ont été relayés sur la page d’accueil, générant 7600 connexions. L’objectif était de répondre en temps réel de manière pluraliste et contradictoire aux questions posées par le public. Par ailleurs la CPDP a fortement encouragé la rédaction (par des personnes morales ou des individus) de « Cahiers d’Acteur », exprimant en 4 pages maximum les avis des signataires sur Cigéo. Leur nombre a approché la centaine, ce qui est exceptionnel dans ce genre de débat !
Mis en ligne sur le site et imprimés et diffusés à des milliers d’exemplaires, ces Cahiers d’Acteur expriment des points de vue très diversifiés et donnent une bonne représentation des tendances qui parcourent l’opinion à propos du stockage géologique en couche profonde des déchets radioactifs.
180 000 dossiers « papier »
Pour ceux qui ne disposent pas d’Internet ou ne l’utilisent pas, trois principaux moyens d’information et d’expression ont été disponibles : le « Dossier » accompagné du « Journal du débat » a été tiré à 180 000 exemplaires et diffusé par portage dans les foyers de Meuse, Haute-Marne, et cela à deux reprises ; un partenariat a été conclu avec les grands quotidiens régionaux, L’Est Républicain et Le Journal de la Haute Marne ayant permis d’élargir les possibilités d’information et d’expression du public ; enfin, la permanence de la CPDP est restée ouverte à Bar le Duc tout le temps du Débat, avec accès libre. On peut noter enfin l’organisation d’une « Conférence de citoyens » entre décembre et février 2014. Cet exercice emblématique des nouvelles formes de démocratie participative, mené dans le prolongement du débat, invitera une vingtaine de citoyens à s’informer en commun, à discuter, à donner leur avis sur le projet Cigéo.
On pourra donc regretter, certes, l’absence de réunions publiques considérées en France comme des moments fondateurs du débat démocratique… mais on aurait tort de croire que le débat sur Cigéo n’a pas eu lieu, comme le proclament ceux-là mêmes qui ont tout fait pour empêcher les réunions de se tenir! Au contraire il a été passé outre à ces obstructions et on peut même estimer qu’à travers des modalités innovantes très systématiquement sollicitées, le nombre des citoyens impliqués a probablement été supérieur à celui qu’aurait réuni un débat plus « classique ». Et dans tous les cas, au-delà de ces comparaisons, les parties prenantes à ce débat peuvent s’accorder à reconnaître que tous ceux qui ont voulu s’exprimer sur Cigéo, pour donner un avis ou poser une question, ont pu le faire facilement, dans de bonnes conditions. Et c’est là l’essentiel.
Article publié sur la Chaîne énergie de l’Expansion