Le CEA au top des organismes mondiaux de l’innovation
La Silicon Valley avec sa multitude de start-up fait couler beaucoup d’encre. Mais à en croire le classement Reuters, les chercheurs les mieux à même de « changer le monde » ne portent pas de « survêt à capuche » comme Marc Zuckerberg mais la bonne vieille – et intemporelle – « blouse blanche ». Leurs employeurs ne s’appellent ni Apple ni Facebook, mais CEA, CNRS, Inserm et Institut Pasteur.
Le CEA fait la course en tête
Le classement Reuters porte sur « les 25 institutions publiques qui contribuent le plus à faire progresser la science et la technologie dans le monde ».
Pour cette première édition, le CEA se hisse à la première marche du podium et devance l’allemand Fraunhofer et le japonais JST. Avec trois autres organismes présents dans le classement, le CNRS (5e), l’Inserm (10e) et l’Institut Pasteur (17e), la France est la deuxième nation, juste derrière les Etats-Unis et leurs organismes.
Ce palmarès repose sur dix critères dont le nombre total de publications recensées, le pourcentage de publications incluant un co-auteur au moins affilié à une entité privée, le volume de brevets enregistrés auprès du WIPO[1], le pourcentage de dépôt de brevets couvrant à la fois les Etats-Unis, l’Europe et le Japon, ou le taux de citation de brevet. Ces différents éléments ont été analysés sur les huit dernières années.
Brevets : une stratégie payante
Pour être source de création ultérieure de valeur, les résultats obtenus par les organismes doivent être appropriés sous la forme de brevets avant d’être éventuellement divulgués ou publiés. A défaut, ils tomberaient dans le domaine public. Ils peuvent, cependant, également faire l’objet d’un savoir-faire.
A l’heure de la mondialisation, toute structure de recherche peut devenir partenaire d’un industriel, quelle que soit sa localisation géographique. Il est donc essentiel de se rendre visible au niveau international notamment au travers d’indicateurs compréhensibles et reconnus au niveau international. A cet égard, les brevets constituent un indicateur incontournable attestant de la capacité d’un organisme à développer une recherche innovante, sécurisée et transférable à des industriels.
« Pour un industriel, les données concernant les brevets sont considérées comme de bons indicateurs de la performance d’un organisme de recherche. Déposer des brevets de qualité en nombre est donc un moyen d’accroître notre reconnaissance par les entreprises au travers d’indicateurs compréhensibles et reconnus au niveau international » analyse Jean-Charles Guibert, directeur de la valorisation au CEA.
Retrouver le CEA en tête du classement Reuters n’est pas une surprise. L’organisme doit sa position au nombre important de demandes de brevets déposées et à la proportion de brevets délivrés par rapport au volume déposé. Entre 2008 et 2013, 2 252 demandes de brevets (WIPO), principalement dans les secteurs de l’énergie (nucléaire et renouvelables), des semi-conducteurs, de la chimie et des produits de consommation finaux ont été déposées. 81,2 % ont abouti.
De la recherche à l’industrie
Organisme de recherche d’envergure internationale, le CEA compte 16 000 professionnels et 10 centres de recherche en France. Créé par le Général De Gaulle pour développer les applications militaires, civiles et médicales du nucléaire, le CEA a progressivement élargi son spectre de recherche aux nouvelles technologies (microélectronique, robotique, informatique complexe, big data), aux énergies renouvelables (solaire photovoltaïque, stockage de l’énergie, réseaux intelligents…) et aux biotechnologies (décrypter le génome humain). « Désormais, le CEA intervient dans tous les secteurs de l’innovation technologique susceptibles de créer de la valeur économique pour les entreprises » résume Jean-Charles Guibert.
Le CEA a noué des relations avec plus de 50 universités et écoles à travers le monde, et collabore avec plus de 500 partenaires industriels.
Le Léti, son laboratoire basé à Grenoble spécialisé dans la recherche appliquée en microélectronique et la nanotechnologie, est partenaire d’entreprises comme STMicroelectronics, IBM et Renault. « Nous exploitons nos portefeuilles de brevets à travers nos actions de transferts technologiques vers le monde industriel. Pour ce faire, nous proposons prioritairement des contrats de collaboration à nos partenaires dans lesquels notre capital de propriété intellectuelle est engagé. Nos brevets peuvent parfois être licenciés en échange de redevances. Ils peuvent aussi jouer un rôle essentiel dans la création d’entreprises innovantes » précise Jean-Charles Guibert. Depuis 2000, la recherche du CEA a conduit à la création de 124 entreprises.
Cette vitalité traduit plus que jamais la marque de fabrique du CEA : « de la recherche à l’industrie ».
Crédit photo : CEA – S. Le Couster