Les CAPN de plus en plus séduisants pour l’industrie
Alors que la fin de l’Arenh approche à grands pas, plusieurs industriels français ont signé des CAPN, alternative proposée aux électro-intensifs par EDF. Longtemps boudés, ces contrats connaissent un nouveau souffle avec l’arrivée de Bernard Fontana à la tête de l’électricien.
Et de quatre. Après le chimiste belge Tessenderlo, le cimentier Vicat et l’opérateur de centres de données Data4, EDF signe un nouveau contrat d’allocation de production nucléaire avec Lafarge, entreprise française spécialisée dans les matériaux de construction. Signé le mercredi 3 septembre, ce contrat « prévoit de couvrir une partie de la consommation électrique de l’ensemble des sites électro-intensifs de Lafarge en France », précisent les partenaires dans un communiqué commun publié le même jour.
« Ce partenariat nous permet d’obtenir de la visibilité et l’accès à une énergie décarbonée, éléments essentiels pour la poursuite de nos investissements destinés à produire à grande échelle des ciments très bas carbone voire neutres », souligne dans le document Xavier Guesnu, directeur général de Lafarge France. Ce contrat court sur une durée de 10 ans.
Les CAPN visent à fournir de l’électricité à des industriels électro-intensifs à un prix compétitif proche du coût de production. D’abord proposé aux industriels grands consommateurs d’électricité – puis potentiellement aux fournisseurs alternatifs -, ce dispositif doit en partie remplacer l’Arenh qui s’achève le 31 décembre 2025. Actuellement, l’entreprise publique d’électricité a signé quatre contrats fermes et onze lettres d’intention avec des industriels. De quoi couvrir au total 16 TWh de demande d’électricité nucléaire.
Bernard Fontana à la manoeuvre
Longtemps restées au point mort, les discussions entre EDF et les secteurs fortement consommateurs d’électricité sur les CAPN ont repris avec l’arrivée de Bernard Fontana à la tête de l’entreprise d’état. Le nouveau PDG « connaît très bien le monde de l’industrie, ce qui a permis une fluidification des échanges, précise EDF à la RGN. Il y a aussi eu des évolutions de certaines conditions et des modalités contractuelles des CAPN. »
Même son de cloche du côté de l’Uniden, dont les adhérents représentent environ 70 % de la consommation énergétique industrielle. « L’arrivée de Bernard Fontana s’est en effet traduite par une reprise des discussions bilatérales entre les industriels électro-intensifs et EDF et par des évolutions qui vont dans le bon sens », souligne à la RGN Nicolas de Warren, président de l’Uniden.
Pour autant, tout n’est pas rose pour les électro-intensifs. « N’oublions pas que l’industrie, à partir du 1er janvier 2026, n’aura plus accès aux volumes d’Arenh à 42 €/MWh, qui ont représenté en moyenne 60 % de l’approvisionnement des membres de l’Uniden ces dernières années… La marche est haute », poursuit-il.
Partage du risque
L’une des difficultés des négociations repose sur la construction même des CAPN. Dans le détail, EDF alloue une quote-part de la puissance du parc nucléaire français en contrepartie d’un partage des coûts et des risques sur les volumes produits. Ces contrats limitent donc l’exposition des industriels à la volatilité des marchés de gros tout en assurant de la visibilité à EDF pour financer ses investissements.
« Pour autant, fondamentalement, la formule du CAPN « at cost /at risk » calée sur la production nucléaire réelle constatée ex post [a posteriori, ndlr] introduit une double incertitude quant au volume qui sera effectivement livré et quant au prix qui sera à payer in fine », souligne le président de l’Uniden. Pour lui, la formule post-Arenh doit encore évoluer, pour que l’industrie reste compétitive face à la concurrence internationale. « Peut-être faut-il également ouvrir de nouvelles perspectives notamment via l’hydroélectricité, sur laquelle un accord a été trouvé avec la Commission européenne, à condition que cela soit possible », met en avant Nicolas de Warren. ■