La biodiversité autour des sites nucléaires - Sfen

La biodiversité autour des sites nucléaires

Publié le 23 novembre 2015 - Mis à jour le 28 septembre 2021

Il y a quelques années, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki Moon prévenait : « Le déclin global de la biodiversité s’accélère. La raison en est simple : les activités humaines ». Au cours de ces cinquante dernières années, les activités humaines ont causé des modifications des écosystèmes, entraînant une perte substantielle de la diversité biologique, qui serait souvent irréversible.

Situés le plus souvent en zone rurale, les sites nucléaires utilisent, comme toute activité industrielle, les ressources naturelles pour leur fonctionnement. Localement, des mesures sont prises en coordination avec les associations pour réduire les nuisances, et maintenir la variété des organismes vivants. A l’occasion de la journée technique « Nucléaire et environnement » (26 et 27 novembre), panorama d’exemples concrets.  

 

Des faucons pèlerins dans les tours aéroréfrigérantes

Les centrales sont des installations dans lesquelles certaines espèces, parfois protégées, peuvent trouver refuge. Des mesures sont prises en accord avec les experts pour protéger ces populations animales. A la centrale de Nogent sur Seine (Aube), un nid a été installé dans l’une des tours aéroréfrigérantes pour accueillir un couple de faucons pèlerins, une espèce protégée. En 2007, trois fauconneaux naissaient. Il s’agissait de la première reproduction de faucons pèlerins dans un bâtiment industriel. Par la suite, d’autres nids ont été installés sur d’autres centrales : Civaux (Vienne), et Bugey (Ain).  

Outre l’accueil des nids, les tours aéroréfrigérantes permettent de limiter les prélèvements d’eau pour le refroidissement des centrales, et induisent des rejets thermiques très faibles avec des échauffements inférieurs à quelques dizièmes de degrés en été ; tous ceci au bénéfice des milieux aquatique et de leur biodiversité : espèces piscicoles, végétation, macro-invertébrés. 

 

Des dispositifs de gestion de l’eau

Les poissons qui circulent à proximité des prises d’eau peuvent être aspirés dans les circuits des installations. Dès la conception, des mesures sont prises par les exploitants pour éviter ce phénomène et/ou réduire la mortalité des organismes piégés. Pour le projet de Hinkley Point C (Royaume-Uni), la prise d’eau sera localisée à plus de 3 km au large pour éviter en particulier la zone d’intertidale (zone de balancement des marées) riche en faune. Par ailleurs, les vitesses d’aspiration à l’entrée sont maintenues aux alentours de 0,3 m/s ce qui laisse la possibilité à la plupart des poissons dans cette zone de s’échapper. 

 

L’écosystème autour des sites de gestion de déchets

Dans le cadre du projet Cigéo, l’Andra a mis en place en 2007 un Observatoire pérenne de l’environnement (OPE). L’OPE permet de dresser l’état des lieux de la biodiversité sur un périmètre de 900 km² autour du Centre de Meuse/Haute-Marne et des futures installations de Cigéo. Pendant plus de 100 ans, période pendant laquelle le centre de stockage sera exploité, l’Andra étudiera l’évolution de l’ensemble des milieux de l’environnement (eau, air, sols, flore, faune). Toutes les données recueillies, y compris celles qui n’ont pas encore été analysées, seront conservées dans l’écothèque située à proximité du laboratoire souterrain, commune de Bure. Ce type d’infrastructure, unique dans l’Hexagone, permet à la communauté scientifique de disposer d’un suivi environnemental à long terme du site.

Plusieurs espèces animales protégées ont d’ores et déjà été identifiées comme la cigogne noire, le cuivré des marais, le chat forestier ou le petit rhinolophe, une espèce de chauve-souris. Le suivi de la flore a permis de mettre en évidence 14 espèces végétales remarquables ou protégées et de découvrir une nouvelle plante remarquable : l’orobranche du thym.

 

La réhabilitation des anciennes mines

En France, les activités d’extraction d’uranium se sont achevées en 2001. Le groupe AREVA assure aujourd’hui le réaménagement et le suivi environnemental d’une centaine de sites miniers dont celui du Puy de l’Age (Limousin), ancienne mine d’uranium à ciel ouvert exploitée de 1977 à 1993.

En 1993, la zone a été remblayée et mise en eau, avec l’objectif d’en faire une réserve de pêche. Trois zones spécifiques ont été aménagées pour la reproduction des poissons (dans des eaux de faible profondeur) et leur développement (dans des eaux plus profondes). Afin que l’écosystème soit autosuffisant, d’autres espèces ont aussi été introduites, ce qui a permis au plan d’eau d’atteindre un équilibre. Aujourd’hui, la nature a repris ses droits. 

Copyright photo – EDF

Publié par Boris Le Ngoc (SFEN)