Béton des EPR2 à Penly : fausses alertes sur la qualité des matériaux

Des accusations sur la qualité du béton des EPR2 à Penly ont été publiées par des journaux et largement repris dans les médias. Mais derrière les critiques se cache une incompréhension du projet d’EPR2 à Penly et du travail d’échange entre l’ASNR et EDF. Entre confusion sur les types de bétons utilisés et distorsion des normes de sûreté, démêlons le vrai du faux.
Deux journaux, Reporterre et Mediapart, ont publié une information qui indiquerait que l’ASNR a relevé des anomalies dans le béton des futurs EPR2 de Penly. Il s’agit là d’une incompréhension assez importante des données publiés par l’autorité de sûreté, ainsi qu’une mauvaise compréhension des étapes préliminaires du chantier de l’EPR de Penly. Pour décrypter ces articles et en vérifier les contenus, nous nous appuierons sur :
– le rapport du maitre d’ouvrage qui décrit l’extension de la digue du site de Penly ;
– la lettre de suivi du chantier de Penly du 27 février de l’ASNR ;
– le thread d’une experte du génie civile sur X Kako.
- Les travaux préparatoires et l’extension de la plateforme
Il est important de clarifier que l’on ne parle pas ici de la construction des réacteurs eux-mêmes, mais des travaux préparatoires pour étendre la plateforme en mer existante. Cette extension vise à créer davantage d’espace pour la construction des réacteurs, et notamment pour poser la digue qui sera recouverte de blocs cubiques rainurés (BCR) en béton. Environ 15 000 blocs BCR seront utilisés pour cette extension.
- La spécificité du béton utilisé pour les BCR
Le béton utilisé pour ces BCR n’est pas le même que celui qui sera utilisé pour la construction des bâtiments nucléaires des réacteurs. Le béton des BCR est destiné à la construction de la digue et doit répondre à des spécifications spécifiques liées à son environnement (contact avec la mer). Le béton des bâtiments réacteurs est soumis à des normes strictes, dictées par leur niveau de sûreté, et fait l’objet de qualifications exigentes.
- Une fabrication sous contrôle strict
Pour la fabrication des BCR, une formulation spécifique du béton est utilisée. Cela a nécessité des contrôles rigoureux de la qualité des matériaux, notamment des granulats, avant même le démarrage de la production des blocs. Ces contrôles ont été effectués sur site et validés par des laboratoires indépendants. Selon les informations disponibles, la qualité du béton a été jugée conforme aux exigences techniques pour la construction de la digue. Dans le document de l’ASNR, il est écrit : « Les inspecteurs ont bien pris note de la transmission du programme de surveillance relatif à la fabrication des BCR finalisé. Ils constatent que le contrôle technique de la fabrication des BCR fait l’objet d’un objectif de près de 1100 occurrences de contrôle ».
- Le béton des BCR et le fascicule FD P18-464
L’un des articles mentionne des inquiétudes concernant le respect des recommandations du fascicule FD P18-464, notamment à propos de la teneur en silex des granulats utilisés. Dans l’avis des inspecteurs de l’ASNR, on peut lire : « vous avez réalisé des analyses sur le contenu alcalin de vos bétons qui vous permettent de dédouaner le risque (…) le contrôle du contenu alcalin des bétons vous éloigne de la zone de risque d’alcali-réaction (…) ce qui constitue une ligne de défense supplémentaire. » Comprendre : la maîtrise du risque d’alcali-réaction est maîtrisé, selon l’autorité.
- La question de la sûreté et des contrôles
Il est important de souligner que, contrairement à ce qui a été insinué, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) n’a pas relevé de problème concernant la fabrication des BCR. Les BCR ne sont pas classés comme des éléments de sûreté et n’ont pas été soumis à une inspection spéciale par l’ASN. De plus, la fabrication de ces blocs a fait l’objet de multiples contrôles, assurant la qualité du béton dans le respect des normes en vigueur. L’Autorité de Sûreté fait des demandes à EDF dans le cadre d’un suivi exigeant des chantiers nucléaire, garantie de l’exigence des autorités et de la transparence des échanges. ■