Belgique : l’État belge et Engie scellent l’avenir de Tihange 3 et Doel 4
Le 14 mars 2025, après des mois de négociations, la Belgique et Engie ont officiellement conclu l’accord qui permet la prolongation pour dix ans des réacteurs nucléaires Tihange 3 et Doel 4. En parallèle, l’État belge reprend à son compte la responsabilité des déchets nucléaires, mettant fin à une incertitude financière majeure pour le groupe énergétique français.
Alors que la Belgique s’était engagée en 2003 à sortir du nucléaire, la crise énergétique, la guerre en Ukraine et la flambée des prix ont changé la donne. Face à ces nouvelles réalités, le gouvernement a dû revoir sa stratégie et s’appuyer sur une source d’électricité stable et pilotable. Ce revirement, validé par la Commission Européenne le 21 février 2025, conduit donc à la prolongation pour dix ans des réacteurs nucléaires Tihange 3 et Doel 4. En outre, il a permis à Engie d’obtenir une contrepartie financière conséquente. Ainsi, une première tranche de 11,5 milliards d’euros a été versée pour solder les obligations liées aux déchets nucléaires et au combustible usé. Un second versement de 3,5 milliards d’euros suivra lorsque les réacteurs seront remis en service en novembre 2025.
Un partenariat sous haute surveillance
Désormais, Doel 4 et Tihange 3 seront exploités via une co-entreprise détenue à parts égales par Engie et l’État belge. Un mécanisme de Contrat pour Différence garantit un équilibre financier entre les deux parties, limitant l’exposition aux risques de fluctuation du marché de l’électricité.
Pour Engie, cet accord marque un tournant stratégique. L’entreprise, qui redoutait les coûts colossaux du démantèlement et du stockage des déchets nucléaires, transfère l’entière responsabilité de leur gestion à l’État belge. Celui-ci devra assurer leur traitement jusqu’en 2135, un défi logistique et financier de long terme.
Objectif : redémarrage fin 2025
Les travaux préparatoires ont déjà commencé pour assurer la remise en service des réacteurs. Dans les mois à venir, le combustible sera livré sur les sites de Doel et Tihange. L’Autorité fédérale de sûreté nucléaire devra donner son approbation définitive en juin 2025, condition indispensable avant le redémarrage. Entre-temps, les infrastructures des centrales seront modernisées, avec des arrêts techniques programmés d’avril à juillet pour Tihange 3 et de juillet à octobre pour Doel 4.
Une porte entrouverte pour l’avenir du nucléaire belge ?
Si Engie a longtemps affirmé qu’elle ne souhaitait pas prolonger d’autres réacteurs, le groupe se montre aujourd’hui plus nuancé. Il se dit prêt à dialoguer avec le gouvernement belge sur l’avenir de l’énergie nucléaire dans le pays.
Le ministre fédéral de l’Énergie, Mathieu Bihet, salue ce dénouement comme une avancée stratégique garantissant l’indépendance énergétique de la Belgique. Il laisse entendre que d’autres discussions pourraient suivre, notamment sur la prolongation d’autres unités ou le développement de nouvelles capacités nucléaires. Ce retournement de situation illustre un fait indéniable : en pleine crise énergétique, l’atome s’impose à nouveau comme un pilier incontournable du mix énergétique belge. ■