AREVA reste un acteur mondial à long terme
Discours prononcé à la conférence GLOBAL 2015
Je vais vous présenter la refondation et la restructuration de l’industrie nucléaire française, et le fait que la transformation d’AREVA ne s’arrête pas à la restructuration de son actionnariat. Je vais aussi partager avec vous, très brièvement, la façon dont nous voyons les besoins de nos clients évoluer et comment, en ces temps de transformation, nous essayons d’y répondre. Je terminerai sur la confiance que nous avons, malgré nos difficultés et avec la maîtrise d’AREVA sur les réacteurs et le cycle du combustible, dans notre capacité à relever les défis qui attendent la filière nucléaire dans une perspective internationale.
Que se passe-t-il ?
En début d’année, j’ai dû annoncer qu’AREVA connaissait des pertes de l’ordre de 5 milliards d’euro et que l’entreprise devait se réinventer.
Brièvement, ces pertes étaient dues à un certain nombre de projets particulièrement difficiles, dont celui d’Olkiluoto en Finlande. Elles étaient dues aux investissements de ces 10 dernières années, ou tout au moins à leurs aspects financiers négatifs, même s’ils auront des côtés positifs dans l’avenir. En jeu également, des raisons liées aux conditions du marché nucléaire à court-terme.
Cela a impliqué la nécessité de réduire la dette, réduire les risques et de s’adapter aux conditions du marché.
Avec le soutien de l’Etat Français, après des débats stratégiques, des décisions ont été prises et nous préparons leur mise en œuvre.
La première de ces décisions, et la plus connue, est qu’EDF va prendre une position majoritaire sur le marché des réacteurs nucléaires en exploitation, dans les domaines des services, de la maintenance, de la fabrication du combustible et des équipements, et de la construction des îlots nucléaires. Cette participation majoritaire sera bénéfique aux clients dans le monde, car EDF mettra au service de son fournisseur sa longue expérience d’exploitant.
Nous restons une entreprise autonome pour de nombreuses raisons et notamment, pour être en soutien à nos clients.
Cette nouvelle organisation se mettra en place dès que toutes les procédures requises seront terminées et, même si nous sommes déjà prêts, cela ne se fera pas avant la 2è moitié de 2016.
Sous ce parapluie, une structure dédiée sera créée pour faire face aux nouveaux projets de construction de réacteurs, qui s’avèrent être de vrais défis, et nos équipes d’EDF et d’AREVA travaillent ensemble, sous le contrôle d’EDF.
C’est la principale transformation pour ce qui concerne les réacteurs. AREVA va désormais concentrer ses efforts sur un marché que vous avez connu il y a 15 ans comme étant celui de COGEMA. Les activités du nouvel AREVA seront l’extraction, la conversion, l’enrichissement, ainsi que l’ingénierie du cycle du combustible, le démantèlement, le recyclage et la logistique.
Nous avons créé 2 entreprises, autonomes comme je l’ai déjà dit, avec quelque chose que voulait l’actionnaire, un « pacte » d’actionnaires par lequel le nouvel AREVA va garder une minorité dans le nouvel AREVA NP qui devient une filiale d’EDF sur le marché des réacteurs.
Cette participation minoritaire va permettre de garder des liens entre les réacteurs et le cycle du combustible. Ce lien existait autrefois et nous allons le conserver. Ainsi, nous pourrons répondre aux besoins spécifiques, qu’il s’agisse d’offres globales, d’adaptation du cycle du combustible à de nouveaux réacteurs, de Génération IV, etc.
Une approche différente
On ne peut pas limiter la transformation d’AREVA à la structure de son actionnariat. Les conditions actuelles du marché nous imposent d’adopter une approche totalement différente en termes de coût, en termes de management, en termes de réduction des risques, en termes de simplification en général.
Nous avons annoncé que notre programme avait pour objectif une réduction de nos coûts à hauteur d’un milliard d’euros, sur plus de 8 milliards. Ces derniers jours, des manifestations de salariés ont donné plus de visibilité à la réduction des effectifs. Car nous devons en effet réduire nos effectifs de 6 000 personnes, sur plus de 40 000 employés dans le monde.
Cette réduction d’effectifs ne pourra être réussie que si nous simplifions radicalement notre structure, pour nous adapter aux différents marchés, pour avoir moins de niveaux hiérarchiques, moins d’organisations matricielles… Nos équipes sont dans l’entreprise depuis assez longtemps maintenant, elles ont été embauchées il y a au moins 10 ans. Et nous n’avons plus besoin de processus lourds et complexes. Maintenant, nous devons aller vers plus de simplification.
Plus rentable, plus simple et bien centré en matière de marchés.
Parce que nous nous concentrons sur le cycle du combustible, nous allons vendre CANBERRA (notre filiale de mesures nucléaires). Le processus de vente est en cours. Nous allons aussi concentrer notre activité dans les énergies renouvelables uniquement sur notre co-entreprise à 50/50 avec GAMESA sur les éoliennes off-shore, qui n’est pas encore consolidée.
La transformation se fait dans tous les secteurs de l’entreprise.
Satisfaire des besoins en évolution
Mais nous ne nous transformons pas pour nous-mêmes. Nous nous transformons pour satisfaire nos clients et répondre à l’évolution des besoins. Une évolution dans laquelle nous sommes plutôt bien placés.
La première des évolutions est le transfert de notre industrie, des pays de l’OCDE vers les économies émergentes, notamment en Asie, qui portent les nouveaux projets.
Par le passé, AREVA a déjà su répondre à l’évolution des besoins de la clientèle. C’est clairement un des points forts de la transformation. Mais il n’y pas que l’Asie : la plus grande partie du parc nucléaire mondial n’est pas en Asie. Et a besoin de sécurité d’approvisionnement.
Nous avons de nombreux actifs dans les mines, de notre actionnariat au Canada à notre présence en Afrique, au Kazakhstan et aux explorations plutôt prometteuses en Mongolie. Tous les investissements que nous avons faits dans les mines, mais pas seulement, sont efficaces. GB2 (l’usine d’enrichissement de Tricastin) est maintenant en service. Une partie de nos usines de conversion, l’amont du cycle jusqu’à la production d’UF4 (à Malvesi), sont maintenant rénovés. Et les rénovations vont commencer pour les autres.
Nos investissements ont pesé lourd sur notre déficit. Mais ce sont des actifs industriels exceptionnels. Si vous n’avez pas encore eu l’opportunité de visiter nos installations de Tricastin ou nos mines, je suis sûr que nos équipes commerciales peuvent vous faire partager tout ce que nous avons fait pour l’industrie et pour produire les 50 prochaines années.
Les besoins évoluent aussi en matière de combustible usé. Les quantités de combustible usé accumulées depuis des années deviennent, pour les clients que je rencontre, sinon un problème immédiat, du moins une source croissante d’analyse et de développements. Bien sûr, cela a à voir avec le licensing, l’acceptation du public. Mais pas seulement. C’est aussi une question sur la vision à long terme de l’industrie nucléaire. C’est la question de sa pérennité.
Pour cela, nous développons des solutions de recyclage, des solutions spécifiquement conçues pour le démantèlement, et pour le stockage de combustible. Aux Etats-Unis, nous venons de recevoir l’autorisation de la NRC pour une évolution du système de stockage NUHOMS, qui permet à un REP d’entreposer 32 assemblages intacts et 16 assemblages endommagés.
Face à ces besoins en constante évolution, que ce soit en Asie, que ce soit en matière de sécurité d’approvisionnement, que ce soit en matière de démantèlement, de combustible usé… nous allons continuer à proposer des solutions innovantes. Avec une idée toujours à l’esprit : « qu’est-ce qui compte pour nos clients, en matière de sûreté et d’économie ? ».
L’innovation au service de la sûreté et de l’économie
Quelle que soit notre structure d’entreprise, mettre nos capacités à innover au service de la sûreté et de l’économie de nos clients reste notre objectif clé.
Quand on parle de sûreté, quand on parle d’économie, quelles solutions mettons-nous sur le marché ?
Je vais d’abord parler de sûreté. Après Fukushima, et sans augmenter significativement les coûts, nous avons développé le programme Alliance Sûreté pour apporter à nos clients, exploitants du monde entier, des solutions qui leur permettent d’améliorer la sûreté de leurs réacteurs : des systèmes de filtration, des recombineurs passifs, des réponses aux situations accidentelles, des formations… toute une gamme de solutions qui pouvaient être adaptées à chaque besoin spécifique de chaque opérateur, sans entraver sa performance économique.
Prenons la conception du combustible, sa fabrication. Nous mettons de nouveaux produits sur le marché : ATRIUMTM 11 pour le marché des réacteurs à eau bouillante, GAIA pour les REP. Avec des performances améliorées en terme de résistance, de thermo hydraulique et, au final, des performances économiques, toute en améliorant les performances de sûreté.
Mais il ne faut pas s’arrêter à GAIA ou ATRIUMTM 11. Nous avons un programme de coopération avec nos clients pour un combustible résistant aux accidents pour que dans le futur, l’industrie nucléaire continue en permanence à améliorer son niveau de sûreté. Et exploiter en toute sûreté est plus économique.
Le combustible est représentatif pour nous de l’innovation que nous apportons à la conception et à la fabrication, mais aussi, à la fin, au recyclage et aux solutions pour gérer du combustible endommagé dans les piscines.
Ces 2 exemples montrent que nous mettons déjà à ce jour l’innovation au service de la sûreté et de l’économie.
Et maintenant, comment allons-nous faire ?
AREVA est un groupe qui exploite des mines, des usines d’enrichissement, de conversion, de fabrication de combustible, qui a une force commerciale unique. Et tout cela va changer suite à la refondation de l’industrie nucléaire française. Quoiqu’il en soit, nous conservons une force commerciale unique pour les mines, la chimie et l’enrichissement. Nous discutons avec Bernard Fontana, l’homme qui nous a rejoint pour diriger l’activité Combustible d’AREVA NP (ex-FRAMATOME), pour savoir comment garder l’intérêt des clients pour une solution industrielle développée pour eux et que nous leur apportons. Nous allons continuer en ce sens.
En matière de processus, il s’agit aussi du processus qui nous permet de livrer au client la solution unique dont il a besoin. Et aussi de la mise sur le marché, en temps et en heure, parce que de plus en plus, il est indispensable de réagir vite face à un incident ou à une exigence réglementaire.
La sûreté est notre ADN et nous allons le conserver
Nous sommes confiants dans la capacité d’AREVA à livrer à ses clients, de toute l’industrie, les solutions dont ils ont besoin. Cette confiance est d’abord fondée sur le « brin sûreté » de l’ADN d’AREVA. Avec les turbulences que nous connaissons actuellement, je peux vous dire que notre première préoccupation est bien la sûreté. La sûreté est notre ADN et nous le conservons.
AREVA a des actifs, de l’extraction à la conversion, l’enrichissement, dans les composants pour le combustible des réacteurs. Comme ces actifs sont rénovés, et comme les installations de recyclage sont pratiquement comme neuves, leurs coûts de maintenance sont relativement bas, et les faibles dépenses d’investissement servent nos actifs de sûreté.
Mais ces actifs sont fondés sur des technologies. C’est une des premières raisons d’avoir confiance. Ils sont fondés sur des technologies parfois uniques au monde. Parfois, sur des technologies que nous partageons avec des partenaires de longue date. Et ces technologies nous permettent d’être non seulement dans les 3 meilleures entreprises mondiale en termes de parts de marché, mais aussi d’être dans les 3 premiers mondiaux sur l’ensemble des technologies du cycle.
Le marché émet des signes positifs avec le redémarrage du Japon, la propreté radiologique, et ce qui s’est passé ce week-end à Taishan (Chine), qui démontre que les réacteurs de 3ème génération avancent et arrivent sur le réseau.
Une autre raison d’être confiant est que le nucléaire est là. Et que le nucléaire se développe à nouveau.
Ce matin à GLOBAL 2015 est l’occasion de vous transmettre un message : AREVA est un partenaire à long-terme, un fournisseur à long-terme et vous pouvez compter encore longtemps sur AREVA.