Les « années folles » du radium
Après sa découverte à la fin du XIXe siècle, la radioactivité, pensée comme bienfaisante, crée l’engouement. Le radium, premier radioélément mis en évidence, est perçu comme ayant un pouvoir destructif à haute dose mais un effet bénéfique à faible dose.
L’engouement pour le radium se traduit par le développement d’une industrie associée, à la fois pour son extraction et pour son utilisation dans différents secteurs : cosmétique, avec le développement de pommades, de rouges à lèvres ; ou horloger, pour fabriquer de la peinture luminescente utilisée sur des aiguilles de montre ou de réveil. Le radium a aussi été utilisé pour la conception des premiers détecteurs de fumée et de paratonnerres. Les principales applications ont cependant été thérapeutiques, en particulier via l’utilisation d’aiguilles au radium pour la brachythérapie. De nombreux médecins prescrivaient aussi des pommades et des comprimés à base de radium.
L’engouement prend fin lorsque les dangers de la radioactivité sont reconnus, et l’utilisation du radium interdite. Le radium reste cependant utilisé jusqu’à la fin des années 1950 pour ses propriétés de photoluminescence. La mémoire d’une partie des sites industriels se perd alors progressivement.
Aujourd’hui, dans la continuité des démarches de dépollution déjà entreprises en France dans les années 1990 sur des sites ayant abrité pour la plupart des activités d’extraction de radium ou de recherche, les pouvoirs publics français poursuivent leur démarche d’identification et de réhabilitation de ces sites. Depuis 2006, l’Andra collecte annuellement auprès des particuliers une centaine d’objets radioactifs produits pendant cette période. Les autorités ont en effet identifié quelque 164 sites, logements privés ou locaux professionnels, pouvant avoir détenu ou utilisé du radium.
Quels dangers ?
Dans la plupart des cas, les conséquences sont faibles. En raison du coût très élevé de la matière, les doses présentes dans les objets restaient très limitées. Dans le doute, il est préférable de contacter un organisme spécialisé, à commencer par l’Andra, qui a mis à disposition un numéro spécial (01 46 11 83 27) pour faire enlever ses objets radioactifs.
Reconnaître un déchet au radium
Plusieurs indications permettent d’identifier un déchet radioactif au radium : présence d’un trèfle radioactif sur l’étiquette, l’objet ou son emballage ; une marque comprenant le mot radium, uranium ou ses dérivés ; un objet fabriqué avant les années 1960 brillant dans l’obscurité ; un conditionnement dans du béton ou du plomb.