L’accident de Saint-Laurent - Sfen

L’accident de Saint-Laurent

Publié le 30 avril 2015 - Mis à jour le 28 septembre 2021
saint-laurent

Début mai, Canal+ a diffusé un documentaire sur l’accident survenu en 1980 à la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher). L’événement, SANS conséquence sur les populations et l’environnement, s’est produit sur une technologie de réacteurs aujourd’hui abandonnée : la filière Uranium Naturel Graphite Gaz (UNGG). Que s’est-il passé ? Quelle est la situation aujourd’hui ? 

1980 : fusion du combustible

En mars 1980, le réacteur 2 de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux, près de Blois, a connu un accident, rétroactivement classé au niveau 4 de l’échelle internationale de sûreté INES, qui en compte 7.

Suite à un problème de corrosion, une plaque métallique du réacteur s’est décrochée et a obstrué les canaux à combustible. Elle a ensuite gêné le refroidissement du cœur, entraînant la fusion de deux éléments de combustible (environ 20 kg d’uranium naturel enrichi à 0,7 %). La chute des barres est intervenue 12 secondes après le début de dépassement des compteurs de la DRG (Détection Rupture de Gaine). Les éléments de combustible 1 et 2 du canal FO5 M19 C14 ont fondu et ont été retenus en grande partie par la culasse de rétention. La quantité d’uranium disséminée dans le réacteur a été estimée à 2,6 kg.

Les risques d’exposition à la radio-activité étaient accrus pour les travailleurs. Les équipes de la centrale, notamment les opérateurs, ont su gérer cette situation exceptionnelle. L’accident n’a eu aucune conséquence sur le personnel et l’environnement. Aucun rejet radioactif n’a été identifié à ce jour.

Trois ans et demi d’arrêt

Le réacteur a été arrêté trois ans et demi. Pendant deux ans, des travaux de décontamination ont été menés pour le réhabiliter : décontamination, nettoyage du canal, récupération des débris, puis des poussières dans le caisson… Après de nombreux contrôles et vérifications par l’Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN) et le ministère chargé de la sûreté nucléaire de l’époque, le réacteur a été autorisé à fonctionner de nouveau en octobre 1983. En 1992, EDF, exploitant de la centrale, a décidé d’en arrêter définitivement l’exploitation. L’entreprise s’était déjà tournée vers une autre technologie : les réacteurs à eau pressurisée. Ce réacteur est aujourd’hui en cours de démantèlement.

Aucune conséquence sur les populations et l’environnement

En 1993 et en 2003, les études radioécologiques menées sur plusieurs années par l’IPSN puis l’IRSN, ont montré que les quantités de plutonium trouvées dans les sédiments et les végétaux aquatiques de la Loire sont comparables à celles mesurées autour des autres centrales nucléaires françaises.

Dans une analyse publiée le 18 mai 2015, l’IRSN indique que les traces des rejets de 1980 ne sont plus perceptibles dans la Loire depuis 1994. Et précise que « les traces de plutonium mesurées dans les sols dans le cadre de la surveillance à proximité des sites nucléaires d’EDF sont issues des retombées des essais nucléaires, sans influence discernable des rejets des centrales nucléaires. »

Les enseignements

Les premiers réacteurs nucléaires, construits en France entre 1958 et 1966, appartenaient à la filière UNGG. Actuellement les six réacteurs UNGG (Chinon A1, A2, A3, Saint-Laurent A1, A2, Bugey 1) sont arrêtés et en cours de démantèlement. Au-delà de l’aspect technique spécifique à ces réacteurs, l’accident de 1980 a confirmé l’importance de maintenir en permanence le refroidissement du cœur.

Les réacteurs UNGG étaient tous différents, ce qui rendait difficile le retour d’expérience. 

Une enquête administrative est en cours

Selon le reportage diffusé par Canal+, des effluents de plutonium auraient été rejetés dans la Loire en 1980, au moment de l’accident. Une enquête administrative a donc été ouverte par la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal pour « faire toute la lumière sur les circonstances et sur l’information dont ont bénéficié, alors, les autorités de contrôle ».

Par la rédaction