9/9 – L’uranium : un approvisionnement assuré à long terme

« Ressources, production et demande en uranium », appelé communément Redbook, est un rapport rédigé par l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN) et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), et publié sous la responsabilité du secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Décryptage de l’édition 2020.
L’uranium, une ressource bien répartie à la surface du globe
Le Redbook, depuis 1965, est réactualisé tous les deux ans pour suivre au plus près les tendances et l’évolution des ressources, de la production et de la demande d’uranium dans le monde. Une analyse globale est suivie de rapports détaillés par pays, de l’Algérie à la Tanzanie en passant par la Chine. Le rapport développe son analyse des évolutions des ressources en uranium selon une classification ressources, objet d’estimations, sont à distinguer de la production d’uranium, issue de l’exploitation effective de sites miniers. Cette augmentation des ressources est modeste (+ 1 % depuis 2017) et due majoritairement à des découvertes sur le lieu de gisements déjà connus ainsi qu’à la réévaluation de ressources identifiées auparavant. Quelques nouveaux sites ont cependant été découverts récemment, notamment au Canada.
Une production stable pour une demande stable
Au 1er janvier 2019, 16 pays déclarent produire de l’uranium (figure 1.5). Le Kazakhstan, qui a une ambition forte en matière de ressources minières, est le premier producteur mondial (41 %) et totalise en 2018 davantage que la production cumulée du Canada, de l’Australie et de la Namibie, respectivement en deuxième, troisième et quatrième place. La production mondiale des mines d’uranium a globalement diminué de 2016 (62 997 tU) à 2018 (53 516 tU), puis augmenté très légèrement en 2019 (54 224 tU). Les principaux pays producteurs ont limité la production totale ces dernières années en réponse à un marché de l’uranium durablement déprimé et sur-approvisionné, un phénomène renforcé par la pandémie mondiale de Covid-19 à partir de 2020.
Nouveauté de cette édition du Redbook 2020 : la prise en compte dans son inventaire des ressources en uranium et de la capacité de production annuelle des mines inactives. Ces exploitations pourraient (re)démarrer leur production relativement rapidement selon les signaux du marché.
Prospection : une tendance à la baisse
Les principaux pays engagés dans des initiatives de prospection minière de l’uranium sont le Canada, la Chine, l’Inde, les États-Unis et le Kazakhstan, avec les dépenses canadiennes dépassant celles cumulées des quatre autres pays cités. Dans l’ensemble, on observe une tendance à la baisse des dé- penses mondiales de prospection et de développement minier. Les dépenses mondiales déclarées en 2018 représentent une baisse de 75 % par rapport à celles de 2012 et ont diminué dans de nombreux pays, principalement en raison de la dépression continue des prix de l’uranium, qui a ralenti plusieurs projets, après des hausses spectaculaires avant l’accident de Fukushima.
Le déploiement de l’électronucléaire comme moteur de la demande
La capacité installée en énergie nucléaire devrait augmenter dans les décennies à venir, dans le cadre de la transition énergétique mais aussi d’une augmentation de la demande en énergie. La demande en uranium qui en découle varie selon les régions et leur potentiel de construction de réacteurs ; la plus grosse demande devrait provenir de l’Asie de l’Est, notamment de Chine.
Ce rapport se base ainsi sur deux scénarios qui évaluent la capacité installée en énergie nucléaire en 2040 (figure 2.4) :
↦ scénario faible déploiement : 354 GW (baisse de 11 % par rapport à 2018) ;
↦ scénario fort déploiement : 626 GW (augmentation de 58 %).
En excluant le MOX, combustible issu d’un premier recyclage, la demande en uranium naturel liée à l’électronucléaire devrait atteindre entre 56 640 tU et 100 225 tU pour l’année 2040, selon le scénario.
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