9/11 – La gestion des déchets radioactifs à l’ère du numérique

Les différents acteurs du nucléaire intervenant dans la production ou la gestion des déchets radioactifs développent des outils pour assurer une continuité de l’information. Pour aller au-delà des initiatives des seuls sites ou entreprises, un collectif consacré aux déchets au sein de la Commission numérique du Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire (Gifen) a été créé.
Le collectif de la Commission numérique du Gifen s’est concentré sur la gestion des déchets et étudie plusieurs problématiques de continuité numérique. « Il y a trois volets à notre réflexion, explique Guy Langlois, chef de projet systèmes d’information de gestion des colis à la direction industrielle et Grand Est de L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). La planification des expéditions de colis de déchets, l’instruction des dossiers et enfin, la dématérialisation des documents de traçabilité. »
Concernant la planification des expéditions, la transmission des données passe actuellement par des fichiers Excel envoyés par messagerie électronique. Deux producteurs de déchets disposent d’une application, mais sans continuité numérique. La partie instruction, c’est-à-dire la transmission de dossiers techniques avant la prise en charge des déchets, se fait encore par e-mail ou courrier, et nécessite de ressaisir les informations transmises. Pour le troisième volet, « dématérialisation et traçabilité », « la réglementation impose une traçabilité documentaire via des bordereaux de suivi des déchets radioactifs, détaille Guy Langlois. Néanmoins, la mise en place d’un suivi dématérialisé pour les autres déchets dangereux a motivé l’étude de la numérisation du suivi des déchets radioactifs. L’objectif est de mettre en place une plateforme commune afin d’assurer une continuité numérique de la donnée ».
S’agissant de la planification partagée de la filière déchets, les applications de gestion des déchets radioactifs, OPAL pour EDF et DICO pour Orano, couvrent aujourd’hui leurs besoins respectifs, mais elles ne permettent pas d’assurer la continuité numérique pour tous les acteurs. Le collectif réalise un état des lieux auprès de tous les acteurs pour identifier ce qui pourrait être l’application de demain. Concernant l’instruction des dossiers, des axes d’améliorations sur le temps passé pour échanger des documents et des données et partager les indicateurs de suivi ont été identifiés. L’ambition vise le recours à une plateforme unique permettant à tous les acteurs d’accéder aux informations de manière sécurisée et ainsi gagner du temps collectivement. Enfin, le collectif est à la recherche d’une application dématérialisée afin de remplacer les bordereaux avec signature manuscrite pour une meilleure traçabilité des informations. « Nous nous sommes intéressés à un outil utilisé dans le domaine des déchets conventionnels : Trackdéchets. Nous souhaitons nous inspirer de cette start-up publique pour construire notre outil », explique Guy Langlois. Pour répondre à ces problématiques, le collectif va commencer par réaliser les spécifications des outils qui intégreront les besoins de l’ensemble des acteurs de la filière et des « maquettes (preuves de concept : POC) », notamment pour l’instruction de dossier et la traçabilité. Pour finir, le collectif élaborera un dictionnaire de données, permettant d’harmoniser et de faciliter les futurs échanges d’informations.
Vers la numérisation des process
D’une manière générale, la gestion des déchets radioactifs passe par de nombreuses étapes. « Bien en amont, l’instruction et l’ouverture des filières définissent les règles, explique Mickaël Adadji, coordinateur du réseau national des correspondants déchets chez Orano. Ensuite, les opérations de terrain permettent de constituer les colis de déchets radioactifs conformément aux règles des installations et des filières de déchets radioactifs. Enfin, nous avons une ligne plus logistique qui planifie les expéditions, déclare les déchets afin d’en assurer le stockage définitif. » D’ores et déjà, des solutions sont déployées sur les sites industriels pour garantir la continuité numérique tout au long des étapes de ces process. Des logiciels spécifiques ont été développés par et pour Orano.
Wasteflow : la continuité numérique au plus proche du terrain
Le développement de Wasteflow, avec Accenture, pour les besoins d’Orano DS (démantèlement et service) a été motivé par un constat : les outils aujourd’hui utilisés, Excel et Access, entraînent des risques de fiabilité et de pérennité de l’information dans le temps.
« Wasteflow est développé par les acteurs du terrain qui travaillent à la gestion et au conditionnement des déchets », détaille Maud Bardy, en charge du déploiement de Wasteflow chez Areva. « Sur certains sites, nous utilisons des fichiers Excel sur tablettes afin de collecter les informations relatives aux colis de déchets alors que sur d’autres la fiche papier reste de mise, c’est très hétérogène. Il y a encore beaucoup de données sur papier à numériser, dépeint Maud Bardy, ce qui peut entraîner des erreurs de ressaisie et une perte de temps. »
Wasteflow se compose d’une partie tablette pour les opérationnels et d’une partie web pour les bureaux. Ses fonctions principales sont le suivi du remplissage des colis, la gestion de l’entreposage, la préparation de la réception d’un lot de colis et leur expédition. Pour finir, le logiciel permet de produire rapidement des bilans et de faire remonter des indicateurs nécessaires pour l’Andra.
Le développement de Wasteflow a commencé en 2019 avec la collecte des besoins des différents sites et la rédaction d’un cahier des charges commun. Mais son démarrage effectif a pu être enclenché en avril 2020 selon la méthode Agile qui met le client au cœur du projet et détaille des objectifs à court terme. En 2021, l’application pilote a été déployée sur l’atelier Triade dans le Vaucluse.
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