8/10 – NeoNuc : le renouveau des tubes soudés en France
Leader mondial de la fabrication de tubes roulés soudés de faible épaisseur pour la fabrication des échangeurs thermiques, Neotiss, 550 salariés dont une centaine en France, produit 40 000 kilomètres de tubes chaque année, pour un chiffre d’affaires de 80 millions de dollars. Le soutien financier apporté par France Relance au printemps 2021 permettra à l’usine française de se moderniser et de lancer son projet structurant NeoNuc.
Depuis sa création en 19761, le site industriel historique de Neotiss se trouve en Côte-d’Or à Venarey-Les Laumes. Mais l’entreprise française s’est très tôt développée à l’international avec l’implantation de trois autres usines, à Changzhou en Chine depuis 1996, à Morristown aux États-Unis depuis 1997 et à Hyderabad en Inde depuis 2006. Neotiss a su également étendre son activité au-delà du nucléaire sur l’ensemble des marchés industriels de l’échange de chaleur : le dessalement, l’aéronautique, l’automobile, la chimie, la pétrochimie, le chauffage et la climatisation. Le secteur du nucléaire reste néanmoins le domaine d’activité principal de la société qui est optimiste au regard des nombreux projets de construction de nouveaux réacteurs sur l’ensemble des continents, en Asie mais aussi en Europe.
À l’origine du projet NeoNuc
« Nous avons proposé notre candidature à l’Appel à projets (AAP) de France Relance dans le cadre d’un projet de modernisation de notre usine de Venarey-Les Laumes », explique Albert Bruneau, président de Neotiss France. Ce site est majoritairement dédié à l’activité nucléaire et héberge le savoir-faire d’excellence dans ce domaine. « Nous avons appelé ce projet NeoNuc : Neo pour nouveau et Nuc pour nucléaire. Les enjeux sont forts. L’objectif est de conserver notre expertise et notre avance technologique. Dans la perspective de la construction de nouveaux EPR en Europe, d’un premier SMR et d’un porte-avions en France, il s’agit pour nous d’être en capacité d’accompagner nos clients historiques EDF ou Naval Group avec une solution tubulaire performante locale. Notre objectif est aussi de préserver nos exportations vers les autres gros marchés du nucléaire comme la Chine, l’Inde ou la Russie qui représentent aujourd’hui 40 % de notre production ».
À l’instar de bon nombre d’industriels, Neotiss note la rareté de certains profils – expertise en soudage, contrôle technique, etc. C’est la raison pour laquelle l’entreprise a développé des partenariats avec les écoles alentours, telles que l’Esirem2 ou le lycée technique de Montbard pour former directement des jeunes avec à la clef des embauches en CDI. « L’enjeu, complète le président de Neotiss France, est de pérenniser notre site français qui est actuellement à un niveau critique bas avec 100 salariés et de pouvoir le plus vite possible être en mesure de créer de nouveaux emplois. Cette dynamique profitera également à nos nombreux sous-traitants locaux avec qui nous travaillons de façon privilégiée ».
Des tubes soudés y compris dans les échangeurs au sein de l’îlot nucléaire
Les tubes soudés fabriqués par Neotiss pour le marché nucléaire sont en titane, en duplex, en inox (304, 316) ou en acier ferritique. Il peut sembler surprenant de retrouver l’acier ferritique3, d’usage assez courant, pour une application aussi critique que le nucléaire, mais ce matériau ne manque pas d’atouts pour les chaudronniers. Il présente une bonne formabilité et soudabilité. Par ailleurs, il a une meilleure résistance à la corrosion sous contrainte, en particulier grâce à la présence de molybdène, et une meilleure conductivité thermique que les aciers austénitiques classiques. L’adaptation aux exigences du nucléaire s’opère au travers d’une spécification très sévérisée que seuls quelques aciéristes sont en mesure de respecter (en particulier sur le niveau d’inclusions souvent présentes dans les aciers de ce type). Tout aussi surprenant a priori, l’usage du titane dans des échangeurs de chaleur car ce matériau est peu conducteur thermiquement mais il offre l’avantage d’être extrêmement résistant à la corrosion, de type eau de mer. Pour pallier ce défaut de conductivité, Neotiss a mis au point de nombreux designs de tubes améliorés intégrant l’ailetage ou la corrugation.
Les vertus XXL du tube soudé roulé
Dans un EPR comme celui d’Hinkley Point, les 3 000 tubes soudés de Neotiss se retrouvent principalement dans les équipements du circuit secondaire autour de la turbine (condenseurs4, réchauffeurs basse et haute pression, séparateurs surchauffeurs [nommés aussi GSS]5), mais également au sein de l’îlot nucléaire, au niveau du système de refroidissement de sécurité6. L’introduction des tubes soudés dans l’îlot nucléaire est le résultat de nombreuses années de discussions techniques entre Neotiss et ses clients afin de les convaincre que les tubes soudés offrent bien le niveau de garantie requis.
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