6/11 – Framatome met le numérique au service de la standardisation

Pour répondre aux défis industriels liés à l’immense programme EPR 2 débutant par la construction de trois paires de réacteurs, Framatome déploie des outils numériques destinés à standardiser et à améliorer la qualité de ses produits. On parle de Product Lifecycle Management.
L’objectif de Framatome affiché par son président-directeur général Bernard Fontana, consiste à devenir un des leaders mondiaux dans le domaine des chaudières nucléaires et de faire de ses usines des références mondiales. « Pour y parvenir, détaille Pascal Lucas, directeur de la standardisation et des programmes, l’entreprise a engagé une profonde transformation de son organisation et de ses méthodes de travail au travers d’une stratégie de standardisation. Celle-ci s’inscrit naturellement dans la continuité du plan Excell, le plan d’excellence de la filière piloté par EDF. »
Framatome déploie en effet un Product Lifecycle Management (PLM) au service de la standardisation. Le PLM désigne un ensemble de méthodes et d’outils qui visent, dans le cas présent, à assurer la gestion de l’ensemble des données techniques d’un produit sur l’ensemble de son cycle de vie. Il en assure la traçabilité des exigences, des évolutions et la conformité. « Grâce au PLM, explique Pascal Lucas, nous allons revoir la Framatome met le numérique au service de la standardisation 6 © Framatome / Cyrille Dupont façon de gérer l’ensemble de nos données techniques, depuis la prise en compte des besoins de notre client, jusqu’à la remontée des preuves de conformité pour les équipements que nous fabriquons, en y intégrant notre supply chain, tout en garantissant la continuité numérique et la traçabilité de toutes ces données. » Dans un second temps, ce PLM pourra être élargi aux activités de services et de combustible de l’entreprise.
Roméo et Juliette au service de la standardisation
« Roméo » et « Juliette » sont les deux programmes transverses de Framatome. À Roméo la charge consistant à analyser de façon prospective la variabilité des besoins des futurs projets. Cela permet de définir des réponses via un design standard modulaire couvrant au mieux cette variabilité. Roméo travaille aussi à la standardisation des méthodes d’ingénierie en phase de conception, en relation avec l’intégrateur de l’îlot nucléaire. C’est une approche dite top-down.
Avec Juliette, c’est au contraire l’approche bottom-up qui est recherchée, depuis le terrain. Elle vise à définir un standard industriel en matière d’organisation, de procédés et de gammes de fabrication dans les usines Framatome. « Lorsque l’on s’engage dans une démarche de standardisation, on se tourne de préférence vers un produit qui est “dérisqué”, si possible que l’on a déjà fabriqué, détaille Pascal Lucas. En interne chez Framatome, l’ambition est de faire converger le design des solutions avec la capabilité des usines qui le fabriqueront. Vis-à-vis d’EDF, l’objectif de cette stratégie de standardisation est d’avoir un dialogue en amont pour regarder comment notre design standard s’applique aux spécificités de chacun des projets potentiels. »
Le PLM a pour rôle d’accompagner et de soutenir cette démarche de standardisation afin de soutenir les projets. Il s’agit in fine d’être capable, lorsqu’un nouveau projet démarre, de mettre à disposition des équipes toutes les données techniques disponibles et engrangées sur les projets passés. En d’autres termes, son rôle est d’assurer la disponibilité de ces données numériques afin d’en faciliter la réutilisation et d’en assurer la cohérence d’ensemble.
Le déploiement du PLM
C’est dans le cadre de la transformation numérique de la filière, notamment du programme Switch d’EDF qui vise à développer une ingénierie collaborative et numérique, que Framatome a développé son PLM. « Nos quatre enjeux sont la performance et la tenue de nos engagements, l’optimisation des interfaces avec toutes les parties prenantes, la pérennisation de notre compétence et notre compétitivité industrielle en tant que chaudiériste », détaille Éric Perottet, directeur du programme PLM. Le projet EPR 2 est la plateforme support pour le déploiement du PLM. Pour rappel, le programme EPR 2 comprend la construction, par paires, de six réacteurs de type EPR 2. Ce scénario est aujourd’hui en attente d’une décision gouvernementale, en particulier depuis l’annonce par Emmanuel Macron en novembre dernier de la relance du programme nucléaire français via la construction de nouveaux réacteurs en France. Deux grandes étapes sont à distinguer pour le développement du PLM : la traduction des besoins du client en exigences de conception et l’industrialisation en tant que telle. Dans ce contexte, le souhait de l’industriel français est de pouvoir travailler dans une logique « d’entreprise étendue », notamment avec EDF et sa filiale Edvance.
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