4. Nucléaire français : mutation d’un écosystème

La filière nucléaire change de visage. Il y a seulement quelques années, seuls quelques grands acteurs en dessinaient le contour. Mais avec l’arrivée des start-up, l’écosystème nucléaire est prêt à s’adapter pour en être les partenaires¹.
Le succès des projets de réacteurs innovants requiert une bonne coopération avec les acteurs historiques qui disposent des savoir-faire et des outils industriels. Il nécessite également un cadre différent dans un système français historiquement marqué par un exploitant unique (EDF), un seul usage du nucléaire (la production électrique) et une seule technologie (les réacteurs à eau pressurisée).
Selon l’ASN, un véritable changement de paradigme
Philippe Dupuy, chef de la mission réacteur nucléaire innovant de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), n’y va pas par quatre chemins : « Nous avons pris la mesure du changement de paradigme apporté par les start-up du nucléaire et cherchons à nous y adapter ». L’émergence des nouveaux acteurs démultiplie les exploitants, les technologies, les usages. « On ne dialogue pas de la même manière avec un ou plusieurs interlocuteurs et on ne dialogue pas non plus de la même manière avec un acteur public historique ou avec des start-up dont l’enjeu principal est le temps », a-t-il encore assuré. Par ailleurs, la multiplication des technologies « interroge la mobilisation de nos ressources, les montées en compétences et en connaissances. Pour nous, c’est un véritable challenge ». Enfin, les nouveaux usages ouvrent de nouveaux marchés avec des sites d’implantation à proximité des clients. « Si vous voulez faire de la chaleur pour des zones industrielles périurbaines qui peuvent être densément peuplées, il faut prendre en compte cette proximité de la population : c’est encore plus vrai pour le chauffage urbain où les installations seront quasiment en ville ».
Le changement de paradigme concerne également le niveau de standardisation de ces réacteurs pour une construction en série efficace. Un besoin qui appelle à des discussions au niveau international. « Nous avons eu une réflexion à l’ASN sur ce besoin d’adaptation. Le niveau d’exigence sera toujours très haut, mais en revanche, sur les questions de réactivité, d’efficience, de modalités, il faut que nous changions de paradigme ». L’ASN a ainsi créé une nouvelle entité à travers la mission « Réacteurs innovants » pour se concentrer sur les nouveaux acteurs. « Cet esprit start-up que vous apportez, a insisté Philippe Dupuy, nous sommes prêts à y répondre. Nous ne souhaitons pas vous devancer, ce serait une erreur, nous allons vous laisser innover. En revanche, nous voulons rester en contact avec vous, dialoguer avec vous, pour être capables de nous adapter ».
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