4/10 - Objectif : souder bon du premier coup - Sfen

4/10 – Objectif : souder bon du premier coup

Publié le 25 novembre 2021 - Mis à jour le 10 décembre 2021

Le 13 décembre 2019, EDF présentait le plan excell permettant à la filière nucléaire d’atteindre le plus haut niveau de rigueur, de qualité et d’excellence. Dans ce cadre de reconquête des compétences, appuyée par une volonté politique de réindustrialisation, les entreprises de la filière nucléaire investissent, notamment pour « souder bon du premier coup ». Illustration avec deux projets lauréats du plan France Relance.

« Recherche soudeur (très) qualifié désespérément », titrait un article du journal Le Monde le 5 octobre 20211, relatant le championnat de France de soudure des 1er, 2 et 3 octobre à Vierzon, dans le Cher. Initié par deux formateurs en soudage, Christophe Lagarde et Mehdy Addad2, l’événement vise à mettre en lumière « un métier qui permet de trouver facilement un emploi et de travailler  dans beaucoup de secteurs industriels ». Plusieurs entreprises de la filière nucléaire – EDF, Framatome, Ortec, etc. – étaient au rendez-vous pour recruter. Les soudeurs capables de réaliser des soudures au niveau des standards les plus exigeants sont en effet très recherchés, que ce soit dans le nucléaire, le transport gazier ou la défense. S’agissant du nucléaire, la demande de reprise, en juin 2019, des huit soudures des traversées de l’enceinte de confinement de l’EPR de Flamanville, en écart au référentiel dit d’exclusion de rupture3, a illustré le besoin de la filière nucléaire de retrouver ce niveau d’excellence en se dotant de ces savoir-faire techniques et précieux. Retrouver le plus haut niveau de rigueur, de qualité et d’excellence, tel est précisément l’objet du plan excell, lancé fin 2019. Un plan qui comprend plusieurs axes parmi lesquels le « plan soudage », avec l’objectif affiché de « souder bon du premier coup ».

Zoom sur deux projets industriels

L’un est mené par ONET Technologies et l’autre par la Compagnie internationale de maintenance et d’assistance technique (CIMAT). Le projet d’ONET Technologies est davantage spécialisé en soudage de tuyauteries sur site, CIMAT en opérations de soudage de gros équipements en atelier. Les deux projets illustrent bien la dynamique de la filière nucléaire de reconquête de l’ex cellence en soudage. La filière nucléaire se prépare aux défis de demain, que ce soit pour la maintenance du parc historique ou pour la construction de nouveaux réacteurs.

Le projet d’ONET Technologies

Société d’ingénierie et de services, ONET Technologies accompagne les acteurs majeurs de l’énergie nucléaire et plus généralement d’environnements industriels complexes depuis quarante ans, dans le développement de projets, l’exploitation, la maintenance ou encore le démantèlement des installations nucléaires. ONET Technologies emploie 3 000 collaborateurs dont 400 ingénieurs aux expertises multiples dans sept pays et, pour la France, trente implantations assurent une présence sur la quasi-totalité des installations nucléaires de l’Hexagone. Dans le cadre du plan excell et plus particulièrement de la reconquête des compétences en soudage de la filière nucléaire française, ONET Technologies a présenté un projet innovant, le « soudage orbital auto-adaptatif avec contrôle en temps réel de la qualité » (AAPSOUD-CIP). Photo ci-dessus : © ONET Technologies)

La Sfen s’est entretenue avec Lionel Gouin, chef de projet à la direction Ingénierie et services aux réacteurs – activité équipements classés, et Olivier Guizard, responsable de l’unité Technique réalisation au département technique.

Quel est l’objectif du projet pour lequel vous avez été retenu par France Relance ?

Lionel Gouin : Les dispositions engagées par le plan de soudage d’EDF tendent à aug menter de manière significative les attentes en matière de qualité des opérations de soudage : souder bon du premier coup, assurer la traçabilité des paramètres de soudage utilisés, démontrer les performances du procédé au préalable de l’opération de soudage dans des conditions représentatives des sites nucléaires, etc.

L’objectif est donc de développer un procédé de soudage automatisé et intelligent capable de contrôler et d’ajuster en temps réel les paramètres de soudage (vitesse, tension, intensité, oscillation, etc.), en vue de souder bon du premier coup et d’évaluer la qualité du joint soudé au préalable des contrôles finaux.

Ce projet s’inscrit dans la volonté de la filière nucléaire de réduire les surcoûts de non-qualité liés à la réparation de défauts dans la soudure, issus d’erreurs humaines, et à la fiabi lisation de la traçabilité de la soudure réalisée. Ce procédé sera principalement développé pour des applications de soudage de tuyauterie sur site et il pourra être adapté à d’autres usages.

En quoi ce projet est-il particulièrement intéressant pour la filière nucléaire dans les années à venir ?

Olivier Guizard : À ce jour, des solutions de soudage automatisées existent, mais elles laissent encore une part d’initiative importante à l’opérateur-soudeur4 et surtout, elles sont incapables de détecter de manière sys tématique une dérive lente de procédé, ni de détecter des conditions inappropriées de mise en œuvre et encore moins d’apporter des corrections en temps réel pour remédier à ces difficultés. L’opérateur-soudeur doit donc être très expérimenté, faire preuve d’une vigilance sans faille quelles que soient les conditions d’intervention.

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Par la rédaction, Sfen I Photo © Bruno County / EDF – Soudure à l’arc électrique