L’édito de Bertrand de l’Epinois, président de la section technique 4 de la Sfen (sûreté et protection de l’environnement)

Les installations nucléaires face aux aléas naturels (RGN 2, 2021)
Le numéro 2 de la RGN expose la teneur des quatre webinaires que la Sfen a consacrés à la prise en compte des aléas naturels dans la sûreté nucléaire, en décembre et janvier derniers.
Les phénomènes traités ici sont l’inondation externe, les grands chauds, les grands froids, le vent et les tornades. Ils sont essentiellement d’origine climatique, les crues et inondations pouvant aussi être engendrées par des séismes ou des ruptures d’ouvrages.
Ces phénomènes sont caractérisés par une grande variabilité. De plus, même si les modèles de calcul ne sont pas catégoriques, le changement climatique est de nature à accroître la fréquence et l’intensité d’épisodes sévères. Ses effets locaux sont mesurés et anticipés par analyse des séries statistiques et par diverses méthodes avancées. Les tendances climatiques sont aussi modélisées au plan global par des travaux scientifiques de premier plan ; leur traduction dans les modèles régionaux s’amorce.
Si les principaux aléas naturels sont pris en compte depuis la conception des installations, leur place dans la sûreté s’est renforcée au fil du temps, comme suite au retour d’expérience d’événements, aux études probabilistes de sûreté et au progrès des connaissances. Ils peuvent affecter la source froide (température, étiage, inondation, obstruction par des colmatants, etc.) ou différents matériels des installations nucléaires (par excès de température, gel, inondation, projectiles emportés par le vent, etc.).
Leur analyse sur le plan de la sûreté doit intégrer deux dimensions particulières : les risques de mode commun (si l’agression affecte plusieurs voies de sûreté, plusieurs niveaux de la défense en profondeur ou même plusieurs réacteurs) et les incertitudes inhérentes aux sciences naturelles. Cela conduit à prendre des marges significatives, à réexaminer périodiquement les hypothèses de protection des installations, à mener une veille des événements climatiques inhabituels et à toujours poursuivre la R&D.
L’étude des risques engendrés par les aléas naturels forme donc une part spécifique de la sûreté nucléaire en ce qu’elle conjugue disciplines de l’ingénieur et sciences naturelles : une installation nucléaire s’inscrit dans son environnement naturel.
Bonne lecture !
Bertrand de l’Epinois, président de la section technique 4 de la Sfen (sûreté et protection de l’environnement) – RGN 2, mars-avril 2021