“100 000 emplois d’ici 2020” Manuel Valls - Sfen

“100 000 emplois d’ici 2020” Manuel Valls

Publié le 27 octobre 2015 - Mis à jour le 28 septembre 2021

La semaine dernière, l’hémicycle du Palais Iéna accueillait la seconde Conférence sociale du quinquennat. A cette occasion, le Premier ministre Manuel Valls a réaffirmé devant les partenaires sociaux, syndicats et patronat, l’importance de la filière nucléaire pour l’économie française et l’emploi. Portée par le développement de nouvelles relations commerciales à l’international et en France, par la rénovation du parc nucléaire, la filière devrait créer 100 000 emplois supplémentaires d’ici 2020.

 

La troisième filière industrielle de France

Dans une France qui peine à créer des emplois et où les filières industrielles se comptent sur les doigts de la main, l’industrie nucléaire est un atout.

« Nous aurons encore besoin de l’énergie nucléaire, souligne Manuel Valls dans son allocution. La filière nucléaire a rendu d’incomparables services à notre pays, et continuera d’en rendre ». Elle nécessitera « 100 000 emplois supplémentaires d’ici à 2020 » conclu-t-il.

Ces chiffres font écho à ceux publiés en 2014 dans une étude du Conseil stratégique de la filière nucléaire (CSFN) : « la filière nucléaire devra renouveler la moitié de ses effectifs techniques et ainsi recruter de l’ordre de 110 000 personnes d’ici 2020 dans des emplois directs ou indirects ».

Le CSFN précise également que ce dynamisme en matière d’emploi aura « un effet d’entraînement significatif sur d’autres filières industrielles ». En effet, une partie significative de ces créations d’emploi concernera des métiers qui ne sont pas spécifiques à l’industrie nucléaire et qui pourront être utiles dans d’autres industries (aéronautique, automobile, etc.) : « Ces besoins de recrutement permettront non seulement de maintenir mais aussi de développer des compétences techniques dans nos bassins d’emploi, un vivier de savoir-faire dont pourront bénéficier d’autres entreprises industrielles pour se développer. »

 

Une filière qu’il faut soutenir

En dépit des circonstances actuelles, la filière nucléaire française reste la troisième filière industrielle du pays. Composée de plus de 2 500 entreprises (essentiellement des PME), elle emploie déjà près de 220 000 salariés, soit 4 % de l’emploi industriel, et pèse ainsi autant que l’industrie aéronautique dans le paysage industriel français.

Ce trésor industriel est le fruit de plusieurs décennies. Il faut le préserver. La loi sur la transition énergétique espère créer 100 000 emplois, dont un tiers dans le secteur des énergies renouvelables. Ces emplois de la croissance verte doivent s’ajouter à ceux de la filière nucléaire. Sans quoi, il ne s’agira que d’une cannibalisation des « emplois bas-carbone » par d’autres « emplois bas-carbone ». Autrement dit, le gain en matière d’emploi et de CO2 serait nul. 

 

Ces projets qui vont redynamiser la filière

Les semaines se suivent et ne se ressemblent pas ! Aux tristes annonces de ces dernières semaines a succédé le ballet des bonnes nouvelles : finalisation du contrat de Hinkley Point C en Grande-Bretagne, renforcement du partenariat industriel franco-chinois, annonce du renouvellement du parc nucléaire français par des EPR « nouveau modèle ». Tour d’horizon de ces projets créateurs d’emplois.

 

Hinkley Point C, un projet à 18 milliards de livres

Cette fois, le projet nucléaire d’EDF au Royaume-Uni est définitivement sur les rails. L’électricien français et le groupe chinois CGN sont parvenus à un accord pour la construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point. 

Sur les 18 milliards de livres (le plus gros investissement étranger jamais réalisé au Royaume-Uni) nécessaires à l’aboutissement du projet, 40 % des contrats bénéficieront à l’industrie française. « Les principales contributions proviendront d’Areva, d’Alstom, de Bouygues et leurs propres partenaires et fournisseurs » a précisé Jean-Bernard Lévy, PDG d’EDF.  

 

 

La Chine : cœur du marché

Le marché nucléaire est en pleine expansion en Chine, notamment grâce à la demande croissante en électricité de son industrie et de sa population, conjuguée à une sévère problématique de pollution. Dans le 13e Plan quinquennal, les autorités chinoises prévoient d’investir 500 milliards de yuans (70 Mds €) pour le développement de nouveaux réacteurs et de monter le rythme de construction de centrales nucléaires, de 4 à 5 par an aujourd’hui, à 6 à 8 entre 2016 et 2020.

La France est un partenaire historique de l’Empire du Milieu. Le partenariat d’Hinkley Point vient renforcer ces liens. 

 

EDF imagine une trentaine d’EPR « nouveau modèle » en France d’ici à 2050

En fin de semaine dernière, Jean-Bernard Lévy, PDG du Groupe EDF, a levé le voile sur le plan stratégique de l’énergéticien. Intitulé « Cap 2030 », le plan se penche sur la question du renouvellement du parc nucléaire français d’ici 20 à 30 ans. « A partir de 2028-2030, nous installerons en France des EPR Nouveau Modèle (NM) par paquet de deux », explique le PDG d’EDF. « En 2050-2055, nous n’aurons plus de réacteurs de la génération actuelle. Ils seront remplacés par 30 à 40 EPR-NM en activité ».

L’EPR-NM est une version optimisée de l’EPR actuel, dont la constructibilité doit être améliorée. Plusieurs options de sûreté sont discutées, comme le confinement du dôme du réacteur ou le nombre de « trains de sûreté » (les redondances pour assurer la sûreté du système).  Les équipes d’ingénierie d’AREVA et d’EDF travaillent ensemble depuis plus d’un an sur ce projet.

Construire sur le sol français un réacteur de troisième génération, comme l’EPR, a des retombées maximales sur l’emploi : la phase d’étude (2 ans) et de construction (5 ans) soutient jusqu’à 8 350 emplois pendant 7 ans. Ensuite, l’exploitation du réacteur soutient environ 1 650 emplois pendant 60 ans. Sans parler de la déconstruction… 

Copyright photo – EDF