10/11 – Iter : dix ans de continuité numérique

Assurer la continuité numérique est essentiel afin de coordonner les sept agences à travers le monde qui ont pris part au projet hors norme de fusion nucléaire Iter, en construction dans le sud de la France. Après dix ans de chantier, quel bilan tirer de la continuité numérique mise en place ?
Le projet Iter, situé à Saint-Paul-lès-Durance dans les Bouches-du-Rhône, comprend une quarantaine de bâtiments construits entre 2010 et 2020 sur une plateforme de 42 hectares. Cette construction est allée de pair avec la réalisation de la maquette numérique de l’installation. En son cœur se trouve le complexe tokamak, un édifice de 400 000 tonnes constitué par les bâtiments dédiés au tokamak, aux diagnostics ou au tritium. Pour Iter : dix ans de continuité numérique 10 Par la rédaction, Sfen rappel, le tokamak est l’équivalent du réacteur nucléaire que nous connaissons aujourd’hui. Mais celui-ci doit accueillir une réaction de fusion nucléaire et non de fission.
Un projet international
Projet complexe, Iter nécessite d’assurer dans le temps la continuité de conception et de construction entre les différentes agences participantes (États-Unis, Chine, Russie, Japon, Corée du Sud, Inde et Union européenne). « Les données numériques sont coordonnées grâce à sept bases de données puis répliquées quasi quotidiennement entre les agences », explique Renaud Métée, manager technique et BIM1 manager pour la branche nucléaire du groupe Assystem. « L’objectif est de garantir une mise à disposition de la maquette pour un très grand nombre d’utilisateurs à travers le monde, parfois plus de 400 en simultané. » Comme détaillé dans l’infographie de ce dossier (pages 48-49), la continuité numérique est à la fois géographique et temporelle. La maquette numérique évolue au gré des phases du projet avec un niveau de détail de plus en plus élevé.
Les outils mis en place
« Nous utilisons aujourd’hui deux outils pour faire le design et la maquette numérique : Catia V5 de Dassault Systèmes, et E3D, anciennement PDMS d’Aveva », détaille Renaud Métée. « On a besoin de convertir ces données dans un format unique (3DXML) avant de l’envoyer dans l’outil de synthèse et de coordination technique, Catia. »
Lorsque Catia est utilisé comme outil de design, soit 80 % des cas sur le projet, il est alors possible via un seul écran de reconstruire un environnement complet et exhaustif, dans lequel il est possible de visionner des « clashs » (des éléments de construction anormalement en contact), de réaliser des corrections et voir l’impact des modifi- cations de design.
Lorsque c’est E3D qui est utilisé comme outil de design, soit 20 % des cas, notamment pour les circuits de refroidissement primaires, la détritiation, les utilités bâtiments, etc., la conversion des données reste applicable. Néanmoins l’utilisation de cet outil nécessite un affi chage sur deux écrans distincts : sur l’un, la partie design via E3D, sur l’autre la partie synthèse via Catia.
Enfin, pour maîtriser l’ingénierie concourante, un processus de collaboration (cycles) a été instauré avec les entreprises. Celles-ci vont s’ajouter à la base Iter, avec des échanges de données, fournies régulièrement par l’équipe de conversion.
Cet article est réservé aux adhérents de la SFEN. Pour lire la suite et avoir accès à l’ensemble de nos archives, abonnez-vous à la Revue Générale Nucléaire.
