1/11 – De la difficulté d’imaginer le monde de demain - Sfen

1/11 – De la difficulté d’imaginer le monde de demain

Publié le 29 février 2016 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Si un certain nombre de pays sortent du nucléaire, une grande majorité de « nouveaux entrants » souhaite se doter de l’atome pour se développer tout en respectant leurs engagements climatiques. Bon nombre d’États, qui disposent déjà d’une filière nucléaire, prévoient aussi de consolider leur capital énergétique bas carbone en construisant de nouveaux réacteurs. Entre constructions neuves, renouvellement des parcs existants, démantèlement et nouveaux modèles économiques, l’énergie nucléaire va bénéficier d’un contexte plus favorable dans les prochaines décennies.

En 2015, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dénombrait 435 réacteurs nucléaires dans le monde, dont plus de 60 % sont des réacteurs à eau sous pression (REP).panorama des réacteurs nucléaires dans le monde - SFEN - RGN

En 2050, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que le nucléaire participera à hauteur de 17 % du mix électrique mondial . Cette augmentation se jouera notamment dans les pays en développement. Ainsi, toujours en août 2015, l’AIEA annonçait 68 réacteurs en cours de construction dans 15 pays, dont 25 en Chine (dont 2 EPR). C’est la croissance la plus importante depuis 25 ans.

Pour ces nouveaux réacteurs, la technologie des REP est majoritairement retenue, avec 57 unités en construction. Viennent ensuite 4 réacteurs à eau lourde pressurisée (PHWR), 4 réacteurs à eau bouillante (BWR), 2 réacteurs à neutrons rapides (FBR) en Russie et en Inde et 1 réacteur à très haute température, refroidi au gaz (HTGR) en Chine.

Par ailleurs, 156 réacteurs dans 19 pays ont été arrêtés définitivement depuis 1963 : 46 REP, 37 réacteurs GCR (eau légère modéré au gaz) et 36 BWR. Certains sont des réacteurs expérimentaux, comme le surgénérateur Phénix (Marcoule, arrêté en 2010) ou des prototypes comme Superphénix, arrêté fin 1998. En 2015, pour des raisons principalement économiques, les États-Unis et le Royaume-Uni avaient arrêté définitivement le plus grand nombre de réacteurs (respectivement 33 et 29), devant l’Allemagne (28), le Japon (16) et la France (14).

Si en 2010, plus de 45 pays, à divers niveaux de développement économique, envisageaient de déployer un programme nucléaire, l’accident de Fukushima Daiichi et la situation économique ont refroidi les ardeurs de certains d’entre eux (Tableau 1). Selon l’AIEA, sept pays sont aujourd’hui très avancés dans leurs projets : les Émirats Arabes Unis, la Turquie, le Vietnam, le Belarus, la Lituanie, le Bengladesh et la Pologne.

À plus longue échéance, l’urbanisation des pays d’Asie permettra d’accroître considérablement la demande d’électricité, notamment d’origine nucléaire. Ailleurs dans le monde, les problématiques sont différentes. Ainsi, les pays de l’OCDE, essentiellement en Europe occidentale, se trouvent confrontés à des problématiques diverses de démantèlement (comme l’Allemagne) ou d’entretien et de renouvellement de leurs centrales (la France et le Royaume-Uni). Les États-Unis sont, quant à eux, en train de définir un nouveau modèle avec les start-up du nucléaire. A contrario, hormis l’Afrique du Sud, quelques pays d’Afrique de l’Ouest envisagent de recourir à l’atome.

Des aides techniques et organisationnelles au développement du nucléaire

Le développement de l’énergie nucléaire se fait à l’initiative des pays, dans le cadre d’une politique nationale. Mais plusieurs acteurs apportent leur soutien. L’AIEA a développé de nombreux programmes d’aide. Mais d’autres organisations interviennent.

L’association mondiale des exploitants nucléaires (WANO) propose aux nouveaux accédants au nucléaire des revues de pairs pour les opérations de pré-démarrage. Ces revues permettent d’évaluer le niveau de préparation de l’exploitation et d’intégrer les améliorations basées sur un retour d’expérience mondial.

Dans cet esprit, la France a créé l’Agence France nucléaire international (AFNI) pour accompagner les États qui le souhaitent à préparer l’environnement institutionnel, humain et technique nécessaire à la mise en place d’une filière nucléaire civile dans les meilleures conditions de sûreté, de sécurité, de non-prolifération et de respect de l’environnement. Plus largement, l’ensemble de la filière nucléaire française se réorganise et se met en ordre de marche. Les trois principaux exploitants viennent d’ailleurs de créer la Plateforme France-Nucléaire (PFN). Plus que jamais, l’export est une priorité pour le secteur. 

L’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) estime à une quinzaine d’années le temps nécessaire pour mettre en œuvre un programme nucléaire : au moins cinq ans pour mettre en place l’infrastructure juridique et réglementaire, de deux à dix ans pour la licence d’une nouvelle centrale, et environ cinq ans pour la construire.

La France, l’Amérique du Nord, le Japon, la Chine et la Russie sont les principaux acteurs du nucléaire dans le monde, talonnés par la Corée du Sud qui se positionne désormais comme un challenger ambitieux et par l’Inde. À court terme, c’est surtout dans ces pays où la technologie est déjà bien installée que le nucléaire va se développer, voire se réinventer. Comme le souligne l’Institut Montaigne, « 12 des 15 premières puissances économiques mondiales ont fait ou font le choix du nucléaire et des primo-accédants étudient sérieusement l’accès à l’énergie nucléaire ! ».

 

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Crédit : Rouge Vif – EDF


Les réacteurs français arrêtés sont 9 réacteurs de la filière uranium naturel graphite gaz (UNGG), à Marcoule, Chinon, Bugey et Saint-Laurent-des-Eaux, aujourd’hui déclassés ; le réacteur à eau lourde refroidi au gaz de Brennilis, en démantèlement ; 2 réacteurs rapides refroidis au sodium (RNR-Na) : Phénix à Marcoule et Superphénix à Creys-Malville, en cours de démantèlement ; un réacteur à eau pressurisée en démantèlement à Chooz et le réacteur de recherche OSIRIS, arrêté en décembre 2015.

Par la Rédaction